Dans une « Lettre ouverte » cinglante, les médias congolais dénoncent les méthodes de l’ONG Global Witness. Accusée de tenter d’imposer un « droit de réponse » sur des articles qui ne la mentionnaient même pas, l’organisation britannique est vivement critiquée pour ce qui est perçu comme une tentative de « colonisation mentale » et une attitude néocoloniale. Les signataires s’insurgent contre cette pression qu’ils jugent inacceptable et appellent toute la presse africaine à se mobiliser pour barrer la route à cette imposture. Décryptage.
La tension est à son comble entre l’ONG internationale Global Witness et la presse congolaise. Dans une « Lettre ouverte » au ton très ferme, les grands noms des médias de la République Démocratique du Congo dénoncent une tentative d’imposition et de colonisation mentale orchestrée par l’organisation britannique, suite à une démarche jugée cavalière et diffamatoire.
La crise a éclaté après une tentative pour le moins inattendue de Global Witness. Le 20 octobre dernier, des médias congolais, fiers de leur indépendance, ont été sollicités par Mme Natacha Ion, présentée comme l’émissaire de l’ONG, afin de publier un supposé « droit de réponse ». L’étonnement est total : les articles visés par cette injonction ne mentionnaient même pas l’organisation.
Les signataires de la Lettre Ouverte estiment que cette démarche cache une intention bien plus sinistre : celle de monter de toutes pièces un récit diffamatoire accusant la presse congolaise de participer à une campagne de « blanchiment » en faveur de l’homme d’affaires Dan Gertler, et ce, sans la moindre preuve.
Pour les journalistes congolais, il s’agit d’un « mépris » néocolonial, où l’Occident tente d’imposer le silence à l’Afrique.
Des méthodes qui interrogent
La crédibilité même de l’émissaire de Global Witness est remise en question. Les auteurs de la déclaration commune soulignent que Mme Ion, qui se dit « journaliste d’investigation », se permet de contester le sérieux de médias congolais bien établis et disposant d’une audience bien plus large qu’elle.
« Son parcours professionnel et son sérieux suscitent de légitimes interrogations, tandis qu’elle travaille pour le compte d’une organisation, Global Witness, souvent critiquée pour ses méthodes opaques, ses financements douteux et ses accusations infondées », peut-on lire dans la déclaration. Le fait qu’une ONG tente de soumettre un droit de réponse sur une affaire qui ne la concerne pas directement fait, selon eux, légitimement « tiquer ».
Une entité de « néocolonialisme moral »
Pour les signataires, Global Witness « ne représente pas un combat désintéressé pour la justice, mais apparaît plutôt comme une entité de manipulation, de diffamation et de néocolonialisme moral ». Ils expriment leur « plus vive indignation » face à cette tentative de diffamation visant aussi bien les médias que les opérateurs économiques congolais.
L’appel est clair : les signataires mettent en garde Global Witness et Natacha Ion contre toute « volonté criminelle d’accuser sans fondements quiconque de pratiques financières douteuses afin de les discréditer ».
En conclusion, la presse congolaise appelle l’ensemble des médias du continent à s’unir « contre cette nouvelle forme de pression néocoloniale ». Le message de révolte est lancé : « Global Witness, sachez-le : l’Afrique n’est pas votre terrain de jeu. La presse congolaise n’est pas votre cible ».
Econews





