Coup de théâtre dans l’opposition congolaise. Moïse Katumbi Chapwe, leader d’Ensemble pour la République, a formellement pris ses distances avec la récente initiative de l’ancien président Joseph Kabila, baptisée «Sauvons la RDC ». Contre toute attente après le conclave de Nairobi, un proche de Katumbi, Christian Mwando Nsimba Kabulo, a affirmé sans équivoque que « Ensemble pour la République n’accepte plus qu’un leadership naisse quelque part à son insu », refusant ainsi d’être un « simple wagon » derrière l’ancien chef d’État. Ce rejet franc positionne Katumbi aux côtés de Martin Fayulu, qui avait également décliné l’invitation de Kabila, les deux figures de l’opposition convergeant sur la conviction qu’un dialogue politique national et inclusif est la seule issue viable à la crise que traverse la République Démocratique du Congo.
La tentative de rassemblement de l’opposition congolaise autour de l’initiative «Sauvons la RDC », lancée par l’ancien président Joseph Kabila, a subi un nouveau revers majeur. Moïse Katumbi, leader d’Ensemble pour la République, a officiellement et fermement désavoué la dynamique née du récent conclave de Nairobi, au Kenya.
La position de Katumbi a été relayée sans ambiguïté par l’un de ses proches, Christian Mwando Nsimba Kabulo, interrogé par la presse locale. Ce dernier a balayé l’idée d’une convocation de son leader par Joseph Kabila, soulignant un changement fondamental dans les rapports de forces au sein de l’opposition.
«Il n’est nullement question pour Joseph Kabila de convoquer Moïse Katumbi », a-t-il déclaré, avant de lever toute équivoque sur la vision du parti. Et de préciser : «Ensemble pour la République n’accepte plus qu’un leadership naisse quelque part à son insu, qu’il y ait une locomotive et qu’Ensemble devienne un simple wagon. Non. Kabila n’est plus président de la République, c’est un citoyen congolais, président honoraire qui a son mouvement politique, comme Katumbi a le sien. »
Ce rejet catégorique place Katumbi dans le sillage de Martin Fayulu, un autre poids lourd de l’opposition, qui avait déjà tourné le dos aux discussions de Nairobi. Comme son homologue, l’ancien gouverneur du Katanga reste convaincu que la solution à la crise que traverse la République Démocratique du Congo ne peut passer que par un « dialogue politique national et inclusif », sous-entendant une initiative qui ne serait pas pilotée par un camp en particulier.
Une opposition plus divisée que jamais
Ce double refus de Fayulu et désormais de Katumbi représente un échec cuisant pour la stratégie de Joseph Kabila, qui cherchait à se repositionner comme une figure centrale capable de fédérer les voix contestataires face au pouvoir en place. Le projet «Sauvons la RDC », présenté comme une plateforme unitaire, se retrouve ainsi privé de deux de ses potentiels leaders les plus influents, affaiblissant considérablement sa crédibilité et sa portée.
La fracture au sein de l’opposition congolaise apparaît plus profonde que jamais. D’un côté, une mouvance tentée de se structurer autour de l’ancien chef de l’État; de l’autre, des figures comme Katumbi et Fayulu qui revendiquent une légitimité propre et refusent toute allégeance. Cette division stratégique sur la méthode pour affronter le pouvoir risque de handicaper sérieusement la capacité de l’opposition à présenter un front commun à l’approche des prochains scrutins, laissant le champ libre au parti présidentiel.
L’annonce de Katumbi sonne comme un rappel à l’ordre : l’ère où Kabila pouvait incarner à lui seul l’alternative est révolue. La bataille pour le leadership de l’opposition est désormais ouverte, et elle s’annonce des plus âpres.
Francis N.

