L’organisation du Festival de Cannes à Kinshasa marque bien plus qu’un simple événement culturel : elle symbolise une volonté affirmée de repositionner le cinéma congolais sur la carte mondiale du septième art. Dans un contexte où les créateurs congolais peinent souvent à accéder aux grands circuits de diffusion, cette initiative incarne une ouverture stratégique vers la professionnalisation, la visibilité internationale et la valorisation des talents locaux. En réunissant étudiants, cinéastes et responsables du prestigieux festival, Kinshasa devient, le temps de deux jours, le carrefour d’un dialogue inédit entre le cinéma mondial et les ambitions créatives africaines.
Le cinéma congolais vient de vivre un moment historique. Pendant deux jours, la capitale de la République démocratique du Congo a vibré au rythme du Festival de Cannes, exceptionnellement délocalisé à Kinshasa.
Organisé par Okapi Films sous le haut patronage de la ministre de la Culture et des Arts, cet événement inédit visait à booster la visibilité du cinéma congolais sur la scène internationale.
La cérémonie de clôture, présidée par Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes, s’est tenue dans l’amphithéâtre de l’Institut National des Arts (INA), au cœur de la commune de Kasa-Vubu. Elle a réuni étudiants, réalisateurs, producteurs, et passionnés du septième art dans une ambiance à la fois studieuse et inspirante.
Un pont entre Kinshasa et Cannes
Durant ces deux journées, le public a pu assister à des projections de films congolais et internationaux, avant de participer à une master class d’envergure animée par Cécilia Zoppelletto, professeure à l’INA et membre de l’Appro7, et Thierry Frémaux, figure emblématique du cinéma mondial.
«Je suis ici à Kinshasa pour rencontrer les cinéphiles, les professionnels, les artistes. Nous voyons des films congolais prometteurs, et notre objectif est de renforcer et structurer le cinéma congolais ici et ailleurs », a confié Thierry Frémaux, soulignant la richesse créative de la RDC et le potentiel de son industrie cinématographique.
Sa présence, rarissime sur le continent africain, traduit la volonté du Festival de Cannes d’encourager les talents émergents et de créer des passerelles entre le cinéma mondial et les productions locales.
Une opportunité unique pour les étudiants et professionnels
Pour les étudiants de l’Institut National des Arts, cette rencontre a été une véritable leçon de cinéma. La master class leur a permis de comprendre les rouages du septième art, depuis la conception d’un film jusqu’à sa présentation sur la scène internationale.
«C’est un privilège de voir le film gagnant de la Palme d’Or ici à Kinshasa. Cela prouve que nous faisons partie de la grande famille du cinéma mondial », a déclaré Cécilia Zoppelletto, saluant le travail de Dieudo Amadi et de Okapi Films pour avoir rendu cet événement possible.
Pour sa part, Tshoper Kabambi, réalisateur, producteur et chef de mention cinéma à l’INA, a souligné l’importance de cette initiative : «Le Festival de Cannes est le rêve de tout cinéaste. Sa présence ici donne un coup de pouce énorme à notre programme et motive nos étudiants à viser plus haut ».
Le cinéma congolais sous les projecteurs
L’événement a aussi suscité un grand enthousiasme chez les professionnels du secteur. Le Roi Basafwa, réalisateur artistique, n’a pas caché son émotion :
«C’est une première en Afrique de recevoir le délégué général du Festival de Cannes. Cela donne une lumière nouvelle à notre industrie et motive toute une génération à persévérer dans le cinéma ».
Au-delà de l’émotion, cette rencontre augure des perspectives prometteuses : collaborations futures, échanges de savoir-faire, et ouverture sur les circuits internationaux de distribution.
Un nouveau chapitre pour le septième art congolais
Le Festival de Cannes, considéré comme la plus prestigieuse vitrine du cinéma mondial, distingue chaque année les meilleurs films à travers la mythique Palme d’Or. Son passage à Kinshasa marque une reconnaissance symbolique du potentiel artistique de la RDC.
Cette première édition locale, riche en échanges et en apprentissage, aura permis de tisser un lien durable entre Cannes et Kinshasa, entre le rêve et la réalité.
Les participants sont repartis avec le sentiment d’avoir vécu un moment fondateur, porteur d’espoir pour l’avenir du cinéma congolais.
Un rendez-vous à pérenniser
En clôturant cette édition, Thierry Frémaux a exprimé le souhait de voir cette initiative se renouveler : «Le cinéma doit être partout, et en particulier ici au Congo ».
Un message fort qui résonne comme un appel à la construction d’une industrie cinématographique congolaise forte, unie et ouverte sur le monde.
Tighana MASIALA

