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Croissance et investissement dans la CEEAC : les opérateurs économiques ont fait le premier pas, place aux acteurs politiques

L’impulsion pour une intégration économique accrue en Afrique Centrale vient désormais du secteur privé. Réunis les 3 et 4 novembre 2025 au Centre international de conférence de Kintélé (Brazzaville), les hommes d’affaires de la Communauté économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC) ont lancé le premier Forum économique sur la croissance et le développement en Afrique Centrale (FECIAC). Ces assises ont permis de jeter les bases d’une communion des affaires régionale et de récompenser des entreprises « championnes » de l’intégration, telles que le Groupe Ledya (RDC) et BGFI Bank (Gabon). Après cette première étape réussie des opérateurs, le message est clair : la balle est désormais dans le camp des acteurs politiques de la CEEAC pour traduire cette vision en réformes concrètes et accompagner l’élan d’investissement et de croissance, a lancé Eric Monga, Président du Haut Conseil des affaires de la CEEAC.

Une onde d’optimisme a parcouru le Centre international de conférences de Kintélé les 3 et 4 novembre derniers. À l’initiative de la Communauté économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC), le tout premier Forum économique sur la croissance et le développement en Afrique Centrale (FECIAC) a officiellement planté le décor d’une nouvelle ère pour la coopération régionale. Loin des habituelles déclarations politiques, cet événement historique a été marqué par la mobilisation sans précédent des opérateurs économiques, qui ont jeté les bases d’une action commune pour une intégration économique concrète, par et pour les affaires.

Le secteur privé, architecte d’une nouvelle dynamique régionale

Le FECIAC s’est imposé d’emblée comme la plateforme tant attendue par les forces vives de la région. Conçu comme un espace de collaboration dédié, son objectif était clair : permettre au monde des affaires de la CEEAC de dépasser les logiques nationales pour s’associer et pousser la sous-région résolument sur la voie du progrès. Pendant deux jours, chefs d’entreprise, investisseurs et promoteurs ont engagé un dialogue fructueux, tissé des liens et esquissé les contours d’une vision commune fondée sur la « communion des affaires ».

« Le secteur privé a démontré qu’il n’était pas seulement un spectateur, mais le principal acteur de son propre destin », a souligné un participant. Les ateliers et sessions de networking ont fait émerger des propositions concrètes pour adresser les goulots d’étranglement qui entravent le commerce intra-régional, harmoniser les cadres réglementaires et créer un écosystème favorable à l’émergence de champions industriels et de services à l’échelle continentale.

Les « Champions » de l’Intégration : Gpe Ledya, porte étendard de la RDC

Un des temps forts de ce forum a été la cérémonie de reconnaissance des entreprises, dites « championnes », de la sous-région. Ces distinctions visaient à mettre en lumière et à récompenser les sociétés qui, par leur stratégie et leurs investissements, incarnent déjà l’idéal d’intégration au quotidien. Ces pionniers démontrent par l’exemple qu’il est possible de construire des succès panafricains en dépassant les frontières héritées de la colonisation.

Parmi les lauréats, deux noms ont particulièrement retenu l’attention : Le Groupe Ledya (RDC) : Conglomérat diversifié, Ledya s’est imposé comme un acteur majeur bien au-delà de la République Démocratique du Congo, avec des investissements significatifs dans plusieurs pays de la CEEAC, contribuant ainsi au transfert de compétences et au développement d’écosystèmes productifs locaux ; La BGFI Bank (Gabon) : Présente dans une dizaine de pays, la BGFI Bank est devenue le symbole même d’une finance intégratrice. Son réseau et ses produits bancaires adaptés facilitent les transactions transfrontalières et soutiennent le développement des entreprises locales, agissant comme une artère vitale pour l’économie régionale.

Leur récompense envoie un signal fort : la voie de l’intégration passe par des initiatives privées audacieuses et une volonté de s’implanter durablement dans le tissu économique de la sous-région.

La balle est désormais dans le camp des politiques

L’élan est créé, la volonté des affaires est manifeste. Mais le message ultime du FECIAC 2025 est sans équivoque : le premier pas, décisif, a été fait par les opérateurs économiques. La balle est maintenant dans le camp des acteurs politiques. Les attentes du secteur privé envers les gouvernements des États membres de la CEEAC sont précises et pressantes.

« Nous avons montré que nous étions prêts. Nous avons une vision. Maintenant, nous avons besoin que les décideurs politiques transforment cet élan en réalité par des actions concrètes », a plaidé Eric Monga, Président du Haut Conseil des affaires de la CEEAC, initiateur du forum de Brazzaville.

Parmi les réformes jugées prioritaires figurent en tête : l’élimination des barrières non-tarifaires qui étouffent le commerce intra-africain ; l’harmonisation effective des législations commerciales, fiscales et d’investissement ; l’accélération de la mise en œuvre de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf) au niveau régional ; des investissements massifs et coordonnés dans les infrastructures de transport, d’énergie et de télécommunications ; la simplification administrative pour fluidifier la circulation des personnes, des biens et des capitaux.

Un tournant décisif pour l’Afrique Centrale

Le FECIAC 2025 restera dans les annales comme le moment où le secteur privé d’Afrique Centrale a pris son destin en main. En passant de la parole aux actes, les opérateurs économiques ont non seulement initié une dynamique puissante, mais ils ont aussi fixé un agenda clair pour les politiques. Le défi est maintenant de transformer cette synergie naissante en une feuille de route contraignante et opérationnelle.

Le succès de cette initiative pionnière se mesurera à l’aune de la capacité des dirigeants politiques à écouter cet appel, à accompagner cette vision et à construire, main dans la main avec le secteur privé, les ponts qui manquent encore. L’avenir économique de l’Afrique Centrale se joue aujourd’hui dans sa capacité à concrétiser cette alliance inédite entre les affaires et la politique. La voie est tracée, il n’y a plus qu’à avancer.

Faustin Kuedias (De retour de Brazzaville)