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Guillaume Ngefa en séjour à Kisangani pour démonter l’énigme des fonds Frivao

Le nouveau Ministre d’État en charge de la Justice et Garde des Sceaux, Guillaume Ngefa, a choisi le terrain pour son premier grand dossier sensible. Depuis jeudi, il séjourne à Kisangani, épicentre d’une des plus grandes énigmes financières et judiciaires de la République Démocratique du Congo : le scandale des fonds Frivao. Cette affaire, qui a coûté son poste à son prédécesseur Constant Mutamba, symbolise les dysfonctionnements d’un système que le nouveau ministre est déterminé à réformer.

Au cœur de cette visite officielle de cinq jours se trouve le dossier brûlant de l’indemnisation des victimes de la guerre dite des « Six jours ». Ce conflit, qui avait opposé les armées rwandaise et ougandaise dans les rues de Kisangani au début des années 2000 pour le contrôle des sites miniers, avait laissé des centaines de victimes civiles dans son sillage.

Des fonds, connus sous l’acronyme Frivao, avaient été destinés à dédommager ces personnes. Pourtant, leur gestion opaque a déclenché un scandale retentissant, conduisant finalement à la chute de l’ex-Garde des Sceaux Constant Mutamba. Aujourd’hui, les conséquences se font sentir au niveau international : l’Ouganda a suspendu tout paiement du montant de réparation qui lui a été imposé, exigeant que Kinshasa mette de l’ordre dans sa gestion avant de reprendre les versements.

C’est dans ce contexte de défiance que Guillaume Ngefa a décidé d’agir. Sa présence à Kisangani vise à «élucider cette énigme » et à démontrer la volonté du gouvernement de tourner la page des pratiques opaques. En se rendant sur place, le ministre entend non seulement auditer la gestion passée des fonds, mais aussi rencontrer les acteurs locaux et les représentants des victimes, dont les blessures, tant physiques que morales, restent vivaces.

«Cette mission est cruciale pour rétablir la crédibilité de notre institution judiciaire », a déclaré un collaborateur du ministre. «Il s’agit de faire la lumière sur ce qui s’est passé et de mettre en place des mécanismes transparents pour que l’indemnisation des victimes soit enfin une réalité ».

Au-delà d’une mission, une inspection globale du système judiciaire

La mission du Garde des Sceaux ne se limite pas au seul dossier Frivao. Son agenda chargé témoigne d’une approche globale pour renforcer l’État de droit dans la province de la Tshopo. Au cours de son séjour, Guillaume Ngefa a prévu, entre autres, de : passer en revue le fonctionnement des Cours et Tribunaux de la Tshopo, pour identifier les blocages et améliorer l’efficacité de la justice locale; inspecter les conditions de détention dans les établissements pénitentiaires, un sujet récurrent de préoccupation pour les défenseurs des droits de l’homme; poursuivre la lutte contre le réseau Folio, une organisation notoire spécialisée dans la spoliation des biens immobiliers, qui sévit dans la région.

Cette visite s’inscrit dans une démarche résolue du gouvernement visant à renforcer l’État de droit et à restaurer la confiance des citoyens envers une institution judiciaire souvent perçue comme corrompue ou inefficace. En s’attaquant de front à des dossiers sensibles comme les fonds Frivao, Guillaume Ngefa envoie un signal fort : la justice doit être un pilier fondamental de la paix et de la réconciliation nationale, et non une source de défiance.

Les prochains jours à Kisangani seront décisifs. La capacité du ministre à « démonter l’énigme des fonds Frivao » sera scrutée à la fois par la population locale, les partenaires internationaux et la classe politique kinoise. Le succès de cette mission pourrait marquer un tournant dans la laborieuse reconstruction d’une justice crédible en RDC.

Hugo Tamusa