Le président ivoirien Alassane Ouattara a affirmé vendredi que son pays allait devenir un producteur « important » de pétrole à partir de 2023, après la découverte en septembre d’hydrocarbures qui seront exploités par la société italienne Eni.
«L’exploitation va commencer dans les mois qui viennent. A partir de 2023-2024, la Côte d’Ivoire sera un producteur de pétrole à un niveau important», a déclaré le chef de l’Etat à l’occasion de la signature d’accords avec le géant pétrolier italien.
Saluant la rapidité avec laquelle le gouvernement ivoirien a donné son feu vert, le PDG d’ENI, Claudio Descalzi, a confirmé que « la première production de ce champ » aura lieu en 2023.
Le potentiel de ce gisement baptisé « Baleine » est élevé : de 1,5 à 2 milliards de barils de pétrole brut et de 1 800 à 2 400 milliards de pieds cubes de gaz associé.
Leader mondial du cacao avec 40 % des parts de marché, la Côte d’Ivoire est pour l’heure un modeste producteur de pétrole avec 36 000 barils/jour en 2019, exploité par plusieurs compagnies étrangères. Aujour-d’hui, la question est de savoir quelle sera la part qui reviendra à la Côte d’Ivoire dans l’exploitation du pétrole.
Interrogé sur le sujet, le patron du géant italien des hydrocarbures n’a pas donné de chiffres, indiquant simplement qu’il s’agissait d’un contrat de partage de production comme la société ENI en conclut «en Afrique et dans le monde».
Lors de la phase d’exploration, ENI contrôlait 90 % du bloc CI-101 contre 10 % pour Petroci Holding, qui représente les intérêts du gouvernement. Reste à savoir quelle sera la part qui reviendra à la Côte d’Ivoire dans l’exploitation du pétrole.
Le président Alassane Ouattara a, de son côté, salué les accords signés par ENI pour s’engager sur la formation d’ingénieurs et de cadres. « Bien sûr, il y a un aspect financier, mais aussi un aspect formation c’est très important » pour « l’emploi des jeunes », a-t-il déclaré.
Outre ENI, plusieurs sociétés internationales, comme Total ou Tullow Oil, ont annoncé ces dernières années des découvertes importantes dans le pays qui dispose de 51 champs identifiés dont 4 en production, 26 en exploration et 21 encore libres ou en négociation.
Éviter la malédiction de l’or noir
Et pourtant, comme de nombreux pays en développement, la Côte d’Ivoire a du mal à faire de ses matières premières une source de croissance qui bénéficie à ses populations. Fin octobre, des jeunes ont encore manifesté leur colère et bloqué des travaux de pose de pipelines pour réclamer la réalisation d’infrastructures dans leur région pétrolière et gazière de Jacqueville, à l’ouest d’Abidjan.
En 2018, la production de pétrole brut a rapporté plus de 500 milliards de francs CFA (762 millions d’euros), selon l’ONG Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE). Le Conseil pétrole-gaz, une structure réunissant élus locaux et habitants créée en 2008 pour faire l’interface entre les pétroliers et les populations et redistribuer la manne de l’or noir, est la cible des critiques des habitants, qui lui reprochent son inaction. Certains analystes pointent également la faiblesse de la part de l’État dans le partage du gâteau pétrolier avec les compagnies étrangères.
Econews avec AFP