On n’en sait pas grand’chose de ce qui se passe, depuis le samedi 5 février 2022, à la suite de l’interpellation par l’Agence nationale de renseignements (ANR) de François Beya, conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité et patron du Conseil national de sécurité. A défaut d’un communiqué officiel, c’est Georges Kapiamba, président de l’ONG ACAJ (Association congolaise pour l’accès à la Justice), réputé proche du pouvoir, qui se cherche de distiller des bribes d’infos par son compte twitter. Ce qui alimente de plus belle les rumeurs, ouvrant la voie à toute forme de spéculation. Après la chute de Jean-Marc Kabund, Econews avait déjà prédit de grandes manœuvres dans le cœur de la majorité au pouvoir, l’Union sacrée de la nation. La succession des faits semble corroborer cette thèse. Dans la cour présidentielle, on procède déjà à une véritable purge. Kabund en a été la première victime. François Beya serait-il dans le viseur ? Difficile à dire.
Autour du Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, les clans ne se font plus de cadeaux. Après la déchéance de Jean-Marc Kabund-a-Kabund par le camp des bannis, aujourd’hui, c’est au tour du «sécurocrate en chef», François Beya, influent, efficace, mais très discret conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité.
Après avoir résisté, il est emporté par le vent venu du clan opposé représenté par le puissant chef de l’Agence nationale de renseignements (ANR), Mbelu Biosha. Le vent favorable pour ce collaborateur de Tshisekedi est venu dès qu’il a été élevé comme chef de l’ANR en décembre dernier.
Le signal était fort que la confiance quittait le clan adverse pour le sien. Cet homme des services, bien rôdé, a capitalisé cette confiance. Il a travaillé durement jusqu’à faire accepter son leadership. C’est ainsi que des prérogatives qui relevaient de son chef direct, le Conseiller spécial en matière de sécurité, lui ont été attribuées. C’est le cas des autorisations de survol des jets privés. Pas très rôdé en cette matière, il lui est arrivé de prendre du retard dans certains cas.
Si, jusqu’à ce jour de l’interrogatoire et de la détention du conseiller spécial, François Beya, il tient le bâton, c’est justement parce qu’il sait ce qu’il faut faire en pareilles circonstances. On ne détient pas un chevronné de la sécurité aussi facilement si en amont, il n’y a pas eu un travail de fond.
Le chef de l’ANR a indiqué à George Kapiamba, président de l’ONG ACAJ (Association congolaise pour l’accès à la justice), que François Beya était interrogé sur des questions liées à la «sécurité intérieure» de l’Etat congolais. Aussi curieux que cela puisse paraître, l’interpellation a en lieu à l’absence du Chef de l’État qui séjournait à Addis-Abeba en Ethiopie.
Les clans se déchirent
Autour du président Tshisekedi gravite des clans antagonistes. La célérité avec laquelle le dossier Kabund a été dénoué le prouve à suffisance. D’ailleurs autour des chefs d’Etat, il y a toujours des clans. Tshisekedi ne pouvait faire exception.
Jean-Marc Kabund, qui représentait un clan politique, a été dégagé de la manière qu’on connaît. Il avait tellement multiplié des impairs que son départ est plutôt salué. Le clan formé autour de Paul Tshilumbu, Wankenda, Peter Kazadi a donc pris le dessus.
Sur le plan sécurito-politique, François Beya représentait, d’une certaine manière, le dernier fusible à faire sauter pour rééquilibrer les rapports des forces dans la cour présidentielle. Sa chute se préparait en douceur. François Beya neutralisé, c’est tout naturellement Mbelu Biosha qui devait monter en flèche. D’autres clans, notamment du cercle familial, ne bougent pas, parce que non concerné dans ce jeu de ping-pong qui se passe dans la cour.
Après l’épisode François Beya, tout sera refait autour du Président de la République, avec de nouveaux acteurs, de nouvelles méthodes pour de nouveaux objectifs.
Econews