Le mal est fait. Et les excuses du vice-président kenyan, William Ruto, tout comme le pardon de l’ambassade du Kenya à Kinshasa ne sauront panser la plaie ouverte de la République Démocratique du Congo et de son peuple, à la suite des propos désobligeants du dirigeant kenyan. En traînant la République Démocratique du Congo dans la boue, dans une déclaration faite depuis le Kenya, William Ruto a eu droit à une valse de critiques qui ont éveillé le sentiment patriotique en RDC. Parmi les réactions à chaud, il y a celle de l’ancien Premier ministre, le sénateur Matata Ponyo Mapon, qui trouve dans ces déclarations dégradantes l’occasion d’«un sursaut d’honneur pour éviter que cela ne se répète plus ». La RDC doit récupérer sa grandeur dans la sous-région en particulier, et en Afrique, en général. Selon Matata Ponyo, le passage obligé passe par la promotion d’un leadership fort, couplé à la bonne gouvernance.
Les propos dégradants du vice-président kenyan, William Ruto, ont suscité une vague d’indignation aussi bien à travers le territoire congolais que dans sa diaspora.
Alors qu’il recevait les hommes d’affaires de son pays, le 12 février 2022 à Nairobi, William Ruto s’était livré à un sévère réquisitoire contre la RDC dont il a critiqué la gestion économique sur un ton railleur, encourageant l’industrie kenyane du lait à envahir le marché congolais où la population serait, selon lui, plus intéressée par le loisir, particulièrement la musique, que par le travail.
«Nous avons un marché qui part de la RDC. Ces gens sont environ 90 millions d’habitants, mais n’ont pas de vaches pour produire leur propre lait. Cette RDC, des gens qui ne savent que chanter, comme Kanda Bongo Man, un musicien congolais très célèbre en Afrique de l’Est (dans les années 1990) et portant des pantalons enfilés au-dessus du nombril. Allons-y leur vendre du lait. (…) Jusqu’à présent, ils continuent d’importer le lait de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et je ne sais encore d’où », avait déclaré le vice-président d’un ton à la fois injurieux et dégradant.
Dans sa diversité, des critiques n’ont pas tardé à fuser partout en RDC. Sur son compte twitter, Matata Ponyo s’en est servi pour lancer un appel à une prise de conscience collective.
«De plus en plus, des responsables d’autres pays se moquent ouvertement de notre pays et de son peuple. Il nous faut un sursaut d’honneur pour éviter que cela ne se répète plus. L’honneur d’un peuple n’a pas de prix », a écrit le sénateur Matata. Le sursaut d’honneur, c’est, entre autres, rebâtir un pays sur le principe d’un leadership fort et de la bonne gouvernance. C’est la recette que propose, depuis toujours, le sénateur Matata pour que la RDC retrouve sa grandeur et se fasse respecter autant dans la sous-région des Grands Lacs qu’en Afrique.
Cet honneur perdu, qui fait aujourd’hui de la RDC, la risée de tout un continent, qui devait donc être rétabli. Après le Kenya, à qui le prochain tour ?
Pour Matata, la colère face aux déclarations du vice-président kenyan ne suffit pas. Bien au contraire, ces injures doivent servir de déclic pour un nouveau départ. Et l’avenir de la RDC ne peut se bâtir qu’en s’appuyant sur le leadership et la bonne gouvernance, la clé de tout progrès.
Quant aux déclarations de William Ruto, des excuses ont certes été officiellement présentées par l’ambassadeur kenyan en poste en RDC, il faut cependant reconnaître que le mal est fait. Ses excuses ne changeront pas l’affront qu’ont subi la RDC et son peuple.
Des excuses qui ne changent rien
Mercredi au ministère des Affaires étrangères, l’ambassadeur du Kenya en RDC, Georges Masafu, a transmis au secrétaire général a.i de ce ministère, Kabongo Ngoy Josca, les excuses, par voie diplomatique, de son pays.
Bottant en touche, le diplomate kenyan a fait observer que les propos de William Ruto sont à mettre sur le compte d’«un point de vue personnel qui n’engage nullement le gouvernement de la République du Kenya ».
Après les échanges au ministère des Affaires étrangères, l’ambassade du Kenya en RDC a, dans un communiqué de presse, rassuré le gouvernement et le peuple de la RDC que le Kenya «continuera à encourager les citoyens de deux pays dans les partenariats solides, surtout que la RDC est à deux doigts de diriger la Communauté économique de l’Afrique de l’Est (CEAE)».
Par ailleurs, face au tollé général suscité par sa déclaration, William Ruto a fait, depuis Nairobi, son mea culpa. «Je regrette tout malentendu qui peut avoir surgi à cause de mon discours, et saisis cette occasion pour assurer au gouvernement et le peuple de la RDC de ma profonde admiration et haute estime», a repris, en anglais, sur son copte twitter, le vice-président kenyan.
Francis M.