Ituri : la Codeco pose des conditions pour la libération de Thomas Lubanga et sa délégation

L’ancien seigneur de guerre, Thomas Lubanga, accompagné de la délégation de la Task Force, dépêché dans la province de l’Ituri pour sensibiliser les groupes armés qui endeuillent cette partie de la République, a été kidnappé, le mercredi 16 février 2022, dans la région de Bambu, en territoire de Djugu (province de l’Ituri).

Depuis l’Ituri, on apprend que les miliciens de la Codeco (Coopérative pour le développement du Congo) ont conditionné, mercredi soir, la libération de la délégation de Thomas Lubanga à la démission du gouverneur militaire de l’Ituri, Luboya Nkashama.

Ancien seigneur de guerre de l’Ituri, blanchi par la Cour pénale internationale (CPI), Thomas Lubanga avait reçu de Kinshasa la mission de participer à l’effort de sensibilisation des groupes armés pour rejoindre le train de la paix et tenter d’obtenir la reddition des miliciens du groupe armé Codeco. C’est à ce titre que cette délégation s’est retrouvée mercredi en mission de la paix dans une partie de la province de l’Ituri, avant d’être prise en otage par des miliciens de la Codeco.

Selon un communiqué daté du 17 février et rédigé depuis Bambu, en Ituri, la Task force informe la communauté tant nationale qu’internationale que «dans le cadre de la mission lui confiée par le chef de l’État, quelques membres de sa délégation séjournent depuis le mardi 15 février 2022 à Bambu-Mines en collectivité des Walendu-Djatsi, groupement Yalala en territoire de Djugu. À l’occasion, elle a mené plusieurs activités. Tout d’abord, elle s’est rendue à Kobu, un centre commercial connu pour palper du doigt la réalité y prévalant dans la perspective d’un retour programmé par le gouvernement provincial des populations dans leurs villages respectifs dans les prochains jours ».

Selon le communiqué, «à son retour à Bambu, elle a tenu à réconforter la population meurtrie par la guerre, puis s’est entretenue avec les chefs de secteur, de groupements et la notabilité locale », soulignant que « dans la matinée du mercredi, une partie de cette délégation s’est rendue à camp Yalala, à ±2 Km de Bambu-Centre pour s’entretenir avec les éléments de Codeco de Petsi pour les sensibiliser à adhérer au programme du chef de l’État. Il s’agit du coordonnateur Thomas Lubanga et de son adjoint, du porte-parole, du général Germain Katanga, de deux colonels, de l’honorable Detchuvi, du président de l’UNADI, de deux journalistes et d’un chauffeur». Et d’ajouter : «Selon les miliciens, c’est à la suite d’un bombardement que les membres de la Task force, à l’exception du porte-parole et de deux journalistes, ont été extraits pour être mis à l’abri; de sorte qu’ils n’ont pas été en mesure de rentrer hier (Ndlr : le mercredi 16 février) ».

Le communiqué précise que «toutes les informations reçues de ces derniers rassurent que les membres de Task force sont bel et bien vivants et bien portants». A cet effet, «la Task force appelle la population congolaise en général, et de l’Ituri, en particulier, au calme, car les démarches pour leur retour évoluent bien».

Rappel des faits

Thomas Lubanga et sa suite étaient en pleine mission de sensibilisation à Bambu, dans le territoire de Djugu, où elle a même tenu un meeting populaire.

Alors qu’une rencontre était organisée en vue d’échanger sur les conditions de leur reddition, les miliciens du groupe armé Codeco ont été surpris par des bombardements des forces loyalistes, lancés contre leur position.

«Cette délégation a sollicité une rencontre de négociation et nous avons accepté à la dernière minute. Mais en pleine réunion, le gouverneur militaire de l’Ituri, Luboya, que nous soupçonnons, a ordonné qu’on tire farouchement sur nous, y compris leur délégation, avec leurs hélicoptères des combats. Ce n’est pas la première mission de cette délégation, mais on n’a jamais enregistré de tel piège. Nous comprenons que Luboya Nkashama n’a pas besoin de la paix en Ituri. On ne devrait pas perdre des vies humaines pour ça. C’est pourquoi, nous avons décidé de prendre en otage cette délégation qui est la source du problème. Pour la libération de ces otages, nous avons deux recommandations très capitales. Primo, nous exigeons le départ du gouverneur militaire Luboya et que le Président de la République réponde positivement à notre cahier des charges qu’on suppose être sur sa table depuis 2019 », a rapporté à Bunia-info24, citant un correspondant de Codeco sous couvert de l’anonymat.

Tighana Masiala