Quand la démocratie va à la dérive, il y a une bonne raison de sonner le tocsin pour ne pas permettre à l’arbitraire de s’enraciner dans les mœurs politiques. L’ex-candidate à la présidentielle de 2018, Marie-Josée Ifoku, n’a pas réussi à organiser sa manifestation politique, programmée le week-end dernier au quartier Kingabwa, dans la commune de Limete, à Kinshasa. Pour cause : les partisans du député provincial de Kinshasa, Gerard Kongolo wa Kongolo, dit Gecoco Mulumba, disent avoir des droits inaliénables sur cet espace de la ville au point qu’aucun autre leader politique ne peut y tenir une manifestation politique. Avant elle, c’est Delly Sessanga, leader d’ENVOL, qui a connu le même problème au Camp Luka, un quartier populaire de la commune de Ngaliema, présenté comme le fief de Christophe Mboso N’Kodia, président de l’Assemblée nationale.
«Nous avons été bousculés, brutalisés, empêchés et humiliés par la police juste parce que nous voulons exposer notre idéologie. Le Président de la République doit nettoyer sa cour, il doit tenir son balai. Nous voulons un changement et son entourage ne l’aide pas», a déploré Marie-Josée Ifoku. L’ancienne candidate à la présidentielle de décembre 2018 a voulu tenir un meeting à Kingabwa, un quartier difficile de Kinshasa.
Malgré la lettre d’information adressée dix jours avant au gouverneur de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila, c’est la police qui les attendait avec des lacrymogènes et des coups de matraque pour les disperser.
Face à la presse, M-J Ifoku a condamné le comportement de ces policiers d’autant plus que son parti avait saisi l’autorité urbaine conformément à la Constitution. «Le peuple et les autorités doivent comprendre qu’aujourd’hui, il y a un souci. Nous avons écrit à l’Hôtel de ville pour informer que nous avons prévu un meeting politique ce samedi pour exposer notre idéologie politique. Malheureusement, les gens ont été bousculés, pourchassés et battus par des policiers dépêchés sur le lieu. Ils ont détruit les tentes alors qu’il n’y a eu aucune violence de la part de la population ni de nous-mêmes. Nous avons été humiliés devant tout le monde. L’autorité urbaine était informée au préalable. Elle a reçu notre correspondance avant dix jours pour l’informer de la tenue de notre meeting populaire. Gérer, c’est administrer. C’était à l’Hôtel de ville de pouvoir nous répondre et nous dire la raison pour laquelle nous ne pouvons pas organiser notre meeting. L’Hôtel de ville n’a pas répondu et nous avons pris ce silence pour acquis conformément à la loi», a-t-elle déploré.
Il est temps, pense-t-elle, de rompre avec de telles pratiques qui ternissent le mandat du Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi. «Kingabwa était prêt à nous recevoir. Ce sont les autorités qui sont à la base de cette situation. Je me pose tant de questions parce qu’on ne peut pas continuer avec le même système. Nous avons tous combattu un système et ce système ne peut pas se perpétuer. C’est la raison pour laquelle nous avons fait tenir au Président de la République un balai. Il doit nettoyer sa cour. Nous en avons marre. Nous voulons un changement, mais son entourage ne l’aide pas. Il doit nettoyer sa cour», a-t-elle lancé.
En quoi Marie-Josée Ifoku serait-elle un danger pour le régime Tshisekedi ? Absolument en rien ! D’ailleurs pour exister, elle se réclame, depuis toujours, de l’Union sacrée de la nation. Mais, elle serait, rapporte-t-on, un danger pour l’ayatollah du coin, Gecoco Mulumba, qui a toujours considéré ce quartier comme sa chasse gardée où ne peuvent venir que ses invités.
Nul n’a le droit de mettre son pied dans ce quartier sans l’autorisation expresse de Gecoco Mulumba, le futur vice-gouverneur de Kinshasa, selon la volonté souveraine de Jean-Marc Kabund-a-Kabund, président a.i. de l’UDPS.
Le plus étonnant est que la police a répondu aux ordres de ce député provincial. Il a fallu qu’il donne un ordre pour que la chasse à l’homme soit stoppée contre les partisans de Marie-Josée Ifoku candidate malheureuse à la présidentielle de décembre 2018. Une candidate qui n’avait aucune chance de gagner étant donné son envergure dans le pays. Sans ancrage, il lui était impossible de gagner. Elle le savait pertinemment bien.
Le fait d’instrumentaliser les forces de sécurité pour servir des intérêts d’un individu est condamnable. Le gouverneur Gentiny Ngobila et les responsables de l’UDPS sont invités à prendre leur responsabilité et condamner ces pratiques d’un autre âge. Des îlots de non droit, en pleine ville de Kinshasa, est une forme de démission inacceptable. Ce député provincial n’est pas dans son premier dérapage. Il faut le stopper définitivement. Pour éviter un embrasement à grande échelle dans la ville de Kinshasa.
Hugo Tamusa