Miutamba

A la Cour de cassation, Constant Mutamba refuse de couler seul

L’audience de Constant Mutamba à la Cour de cassation prend une tournure politique inédite. Poursuivi pour détournement présumé de 19 millions USD destinés à la construction de la prison de Kisangani, l’ancien ministre de la Justice refuse de couler seul et exige la comparution de hautes personnalités dont la Première ministre Judith Suminwa et plusieurs membres du Gouvernement. Dans une stratégie de défense explosive, Mutamba dénonce un « acharnement politique » et révèle une nouvelle affaire sensible : la disparition de 17 millions USD des réparations ougandaises pour les victimes de la guerre de six jours. Une affaire judiciaire qui pourrait bien se transformer en bombe politique.

L’audience de Constant Mutamba à la Cour de cassation a pris une tournure inattendue ce mercredi. L’ancien ministre d’État en charge de la Justice, poursuivi pour détournement présumé de fonds destinés à la construction d’une prison à Kisangani, a refusé de porter seul le poids des accusations. Dans une stratégie de défense agressive, il a exigé la comparution de plusieurs personnalités politiques de premier plan, dont la Première ministre Judith Suminwa, ainsi que d’anciens et actuels responsables de l’Inspection générale des finances (IGF).

Une liste de témoins qui fait sensation

Lors de cette audience, les avocats de Mutamba ont vu leurs exceptions rejetées par la Cour. Mais l’ancien ministre a immédiatement riposté en demandant la convocation, pour la prochaine audience du 4 août, de plusieurs hauts responsables : Judith Suminwa, Première ministre ; Jules Alingete, ancien patron de l’IGF ; Christophe Bitasimwa, actuel chef de l’IGF ; Alexis Gisaro, ministre des Infrastructures ; Didier Budimbu, ministre des Sports ; Rose Mutombo, ex-ministre de la Justice ; Adler Kisula, secrétaire exécutif de la CENAREF ; le responsable du Guichet unique d’entreprise ; le dirigeant de Zion Construction, l’entreprise chargée du chantier de la prison de Kisangani

Cette requête, si elle est acceptée, pourrait donner une dimension politique explosive au procès, alors que Mutamba clame être victime d’un « acharnement judiciaire ».

L’ancien ministre est accusé d’avoir détourné 19 millions de dollars alloués à la construction d’une prison à Kisangani. Lors de l’audience du 23 juillet, il avait catégoriquement nié les faits : « Le ministre de la Justice, Constant Mutamba, n’a jamais pris un seul dollar », avait-il déclaré. Selon lui, les fonds en question sont toujours logés dans un compte séquestre à la Rawbank, et il n’y aurait jamais eu de détournement.

Les 17 millions USD évaporés des réparations ougandaises

En plus de sa défense, Mutamba a surpris l’audience en évoquant une autre affaire sensible : la disparition inexpliquée de 17 millions USD issus des réparations versées par l’Ouganda pour les victimes de la guerre de six jours. Il affirme que ces fonds ont disparu avant sa prise de fonction, sans laisser de traces. Une déclaration qui pourrait relancer le débat sur la gestion des finances publiques sous les précédents gouvernements.

La Cour a fixé la prochaine audience au 4 août 2025. Si les témoins cités par Mutamba comparaissent, le procès pourrait basculer d’une simple affaire de corruption vers une crise politique plus large, mettant en cause plusieurs figures du régime.

Pour l’ancien ministre, cette audience sera cruciale : soit il parvient à démontrer que les accusations reposent sur des motivations politiques, soit il risque une condamnation lourde dans un dossier qui passionne déjà l’opinion publique congolaise.

Econews