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A l’Assemblée nationale, la session budgétaire tourne au pugilat politique

L’Assemblée nationale est secouée par une crise politique majeure qui éclipse le débat sur le projet de budget de l’État pour 2026. Des motions de défiance ont été déposées contre cinq membres du bureau, dont le président, Vital Kamerhe. Cette situation met en suspens l’agenda législatif et concentre l’attention des députés sur les querelles internes. Alors qu’une commission spéciale doit rendre son rapport ce samedi 20 septembre, les spéculations vont bon train quant à l’issue d’un vote à bulletin secret. Seuls les vice-présidents Jean-Claude Tshilumbayi et Christophe Mboso semblent pour l’instant épargnés, mais la tension reste palpable au Palais du Peuple.

Le Palais du peuple, symbole de la démocratie congolaise, est en proie à une tempête politique d’une rare intensité. La session parlementaire cruciale dédiée à l’examen du budget de l’État pour 2026, pourtant déposé dans les temps par la Première ministre Judith Suminwa, a été purement et simplement reléguée aux oubliettes. L’Hémicycle, théâtre d’une guerre de pouvoir fratricide, ne vibre plus au rythme des articles de loi, mais à celui des calculs, des alliances secrètes et des motions de censure.

Le cœur des débats bat désormais autour d’une offensive sans précédent : des motions de défiance visant cinq des sept membres du bureau de l’Assemblée nationale, dont son président, Vital Kamerhe, son questeur-adjoint et son rapporteur. Seuls semblent, pour l’instant, épargnés par cette « guillotine » politique le 1er vice-président Jean-Claude Tshilu-mbayi (UDPS) et le 2ème vice-président, le doyen Christophe Mboso N’kodia. Mais dans les couloirs feutrés de l’institution, personne n’ose prédire combien de temps durera ce répit.

«Le projet de budget attendra, on doit d’abord mettre de l’ordre dans la maison avant de penser à quoi que ce soit », a lancé, sous couvert d’anonymat, un élu pétitionnaire à notre rédaction. Une phrase qui résume à elle seule la priorité des députés : la conquête du perchoir et le contrôle de l’institution législative primaient sur les urgences économiques et sociales de la nation.

Une machine infernale enclenchée

Depuis mercredi, une commission spéciale a été mise sur pied pour examiner la légitimité des griefs contre les membres du bureau mis en cause. Son rapport, attendu ce samedi 20 septembre en séance plénière, marquera le début de l’acte final : un vote à bulletin secret, conformément au Règlement intérieur de l’Assemblée.

C’est précisément ce mode de scrutin qui alimente tous les espoirs et toutes les craintes. Les partisans de Vital Kamerhe, loin de baisser les bras, affichent une sérénité de façade. Ils misent sur l’anonymat de l’isoloir pour provoquer un spectaculaire retournement de situation, persuadés que les apparences trompeuses et que le vrai rapport de force se révélera une fois le papier glissé dans l’urne.

L’épée de Damoclès au-dessus de Tshilumbayi et Mboso

Si les deux vice-présidents sont pour l’instant épargnés, leur situation n’en est pas moins précaire. Analysées à la loupe, les forces politiques en présence suggèrent que leur immunité pourrait n’être que temporaire. Ils sont les rescapés d’un premier tsunami, mais une nouvelle vague, plus forte, pourrait les emporter à leur tour dans les prochains jours, remodelant intégralement la gouvernance de l’Assemblée nationale.

Cette paralysie institutionnelle, au moment où le pays a besoin de stabilité pour finaliser son plan financier pour l’année à venir, inquiète au-delà du cercle politique. Elle expose au grand jour les divisions qui minent la majorité présidentielle et pose une question cruciale : qui, in fine, contrôle réellement le Palais du peuple ?

Alors que la commission s’apprête à rendre sa copie, l’Assemblée nationale retient son souffle. Le budget de la République peut attendre; c’est l’avenir du leadership politique du pays qui se joue dans l’Hémicycle.

Hugo Tamusa

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