Alors que la RDC risque un isolement financier international, Adler Kisula, secrétaire exécutif de la Cenaref, a tiré la sonnette d’alarme ce mardi à Kinshasa, se fixant le défi de sortir la RDC de la « liste grise » du GAFI. A deux mois de la réunion d’évaluation de septembre prochain au Mozambique, la RDC intensifie sa lutte contre les flux financiers illicites, une bataille qui engage toutes les institutions nationales.
« L’heure est grave ! » Le message d’Adler Kisula, secrétaire exécutif de la Cenaref (Cellule nationale de renseignements financiers), résonne comme un avertissement solennel. Lors d’un briefing avec la presse, mardi au Pullman Grand Hôtel Kinshasa, Adler Kisula, également coordonnateur de la task force nationale de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme a dressé un état des lieux alarmant mais résolument combatif.
Depuis 2022, la RDC figure sur la « liste grise » du Groupe d’action financière (GAFI), ce qui la place sous surveillance renforcée de la communauté financière internationale. « Le risque de basculer en liste noire, synonyme d’isolement économique, est réel », a martelé Kisula devant un parterre de journalistes.
Une course contre la montre
Face à cette menace, le gouvernement a enclenché un plan d’action ambitieux avec une échéance clé : octobre 2025. « Sur les 23 actions exigées par le GAFI, 13 sont largement traitées, 8 partiellement et 2 restent en suspens », a détaillé le responsable. Des progrès notables, mais insuffisants au regard du délai imparti.
La prochaine réunion d’évaluation, prévue en septembre au Mozambique, constituera un test décisif. « Nous devons accélérer la cadence », a insisté Kisula, appelant à une mobilisation générale bien au-delà des structures spécialisées comme la Cenaref, la COLUB ou le FOLUCCO, etc.

Un défi national et international
« Le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme polluent notre économie », a souligné le secrétaire exécutif. Ces fléaux minent particulièrement un pays comme la RDC, riche en ressources naturelles mais vulnérable aux détournements.
La coopération internationale apparaît comme un levier essentiel. « Nous bénéficions du soutien total des autorités, notamment du Président de la République, et travaillons en synergie avec nos partenaires étrangers », a assuré Kisula, tout en rappelant que « la solution passe d’abord par une prise de conscience collective nationale ».
Être maintenu sur la liste grise du GAFI n’est pas anodin. Il suppose, entre autres, une surveillance accrue des transactions financières, les difficultés accrues pour les échanges commerciaux, le coût plus élevé des opérations bancaires internationales, sans compter l’image économique dégradée du pays.
Pire, a prévenu Adler Kisula, un passage en « liste noire » équivaudrait à une mise en quarantaine du système financier congolais, avec des conséquences potentiellement désastreuses pour l’économie nationale.
Au regard parcouru – avec succès d’ailleurs – Adler Kisula reste confiant. « Nous sommes sur la bonne voie, mais la route reste longue », a conclu Adler Kisula, appelant tous les secteurs – public, privé, Société civile – à s’impliquer activement dans ce combat pour la transparence financière et la stabilité économique du pays.
Alors que le compte à rebours est enclenché, la RDC joue une partie cruciale pour son avenir économique. Les prochains mois diront si la mobilisation générale aura permis d’éviter le pire scénario.
Faustin K.

