Agression de la RDC par le Rwanda : l’Église s’en mêle

De gauche à droite, Mgr Marcel Utembi (CENCO), Rév. Dr André-Gédéon Bokundoa (ECC) et Mgr Donatien Nshole (SG de la CENCO). Photo d’archives

En visite en République Démocratique du Congo, une première de son pontificat, le pape François va retrouver un pays exsangue dans sa partie Est, en proie, une fois de plus, à une rébellion, visiblement entretenue par Kigali. En RDC, les condamnations sont unanimes. Les cris de détresse et de désapprobation sont telles que les Églises ont rompu le silence en condamnant un acte d’agression qui devait interpeller au plus haut point la communauté internationale.
A Kinshasa, le Gouvernement a, preuves à l’appui, dénoncé la main noire du Rwanda qui se sert des rebelles du M23 pour déstabiliser la partie Est de la RDC. Un drame qui dure depuis une vingtaine d’années. Trop, c’est trop, tonne l’
Église, particulièrement la CENCO (Conférence épiscopale nationale du Congo) et l’Église du Christ au Congo (ECC). Il est temps, disent les princes de l’
Église, de pacifier la partie Est de la RDC pour s’engager résolument dans le chemin du développement. « Le cauchemar de la guerre a trop duré », clame particulièrement la CENCO qui demande « à la population congolaise d’encourager nos vaillants soldats des FARDC qui sont au front et de dénoncer toute personne identifiée comme ennemi de la paix ».
Le ton est tout aussi ferme à l’ECC qui « condamne fermement le comportement hypocrite de certains pays voisins qui continuent à alimenter la guerre dans l’Est du pays ». L’ECC apporte, en même temps, «  son soutien indéfectible aux FARDC dans les rudes combats pour la sauvegarde de notre Patrie », félicitant, par ailleurs, « l’ensemble des populations congolaises pour l’éveil de conscience collective face à notre ennemi commun ».
Econews

Déclaration de la CENCO sur la situation sécuritaire dans les territoires de Rutshuru et de Nyiragongo

  1. La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) suit avec beaucoup d’inquiétude la dégradation de la situation sécuritaire dans la province du Nord-Kivu, particulièrement dans les territoires de Rutshuru et Nyiragongo suite à l’intensification des combats entre les FARDC et les rebelles du M23 qui causent tant de pertes en vies humaines de part et d’autre.
  2. Elle s’étonne que ces affrontements surviennent juste quelques semaines après les assises de Nairobi où les Chefs d’Etat de la sous-région des Grands Lacs et les groupes armés ont pris l’engagement de conjuguer les efforts pour instaurer la paix dans l’Est de la République Démocratique du Congo.
  3. Tout en saluant les bonnes intentions exprimées par les participants à cette rencontre de Nairobi, la CENCO les invite à être sincères et véridiques dans cet engagement en conformant leur comportement à ce qui a été décidé et proclamé. Le peuple de la région des Grands Lacs aspire à une paix durable grâce à une meilleure coopération qui puisse bénéficier aux générations actuelles et à venir.
  4. Le peuple congolais, qui a trop souffert et dont les larmes ne cessent de couler à cause des conflits pour des intérêts partisans, se mobilise pour accueillir en juillet prochain le Saint-Père, le Pape François, qui vient en artisan de paix et en tant qu’apôtre de la réconciliation. Ce n’est ni juste ni honorable de tenter d’empêcher à ce Peuple cet instant de bonheur qui sera une source de bénédiction pour notre pays la RD Congo.
  5. Le cauchemar de la guerre a trop duré. La CENCO demande aux belligérants de revenir à la raison. Qu’ils mettent fin dans l’immédiat à cet énième combat qui ne fait qu’enfoncer le peuple congolais dans la misère. Les armes n’ont jamais été une solution efficace aux revendications fussent-elles politiques.
  6. En effet, l’usage de la violence donne un semblant de paix à ceux qui l’utilisent. Il constitue en même temps une plantation des jalons pour les violences à venir. L’histoire de notre sous-région nous le rappelle bien.
  7. Nous demandons en même temps aux autorités compétentes et à la Communauté internationale, notamment la MONUSCO, d’user de tous les moyens à leur disposition pour que cette partie du pays recouvre la paix le plus tôt possible sans primer les responsables de ces atrocités.
  8. Enfin, la CENCO demande à la population congolaise d’encourager nos vaillants soldats des FARDC qui sont au front et de dénoncer toute personne identifiée comme ennemi de la paix. Que le peuple de Dieu qui est à Goma ne cède pas à la panique, qu’il continue à se mobiliser pour réserver au Saint-Père un accueil digne de lui.
  9. Par l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie, Consolatrice des affligés, que Dieu accorde la grâce de la paix à notre pays, la RDC.
    Kinshasa, le 27 mai 2022
    Marcel Utembi Tapa
    Archevêque de Kisangani
    Président de la CENCO

Communiqué de l’ECC concernant la situation sécuritaire qui sévit actuellement dans l’Est de la RDC
Préambule
1. L’Église du christ au Congo, ECC en sigle, suit avec beaucoup d’intérêt, la situation qui prévaut dans l’Est de la RD Congo avec la reprise des combats entre l’armée congolaise et les rebelles du M23, et ce, sur plusieurs fronts dans la province du Nord-Kivu.

Constant

  1. L’ECC constate gue plus de 10.000 déplacés sont arrivés près de Goma, fuyant les affrontements de Kibumba depuis mardi 24 mai 2022. Ainsi, l’ECC redoute que la situation humanitaire de ces réfugiés se dégrade davantage;
  2. L’ECC constate enfin que les autorités congolaises ne se font plus aucun doute sur l’identité du vrai ennemi de notre pays, la République Démocratique du Congo.

Position de l’ECC

  1. L’ECC condamne fermement le comportement hypocrite de certains pays voisins qui continuent à alimenter la guerre dans l’Est du pays;
  2. L’ECC apporte son soutien indéfectible aux FARDC dans les rudes combats pour la sauvegarde de notre Patrie;
  3. L’ECC félicite l’ensemble des populations congolaises pour l’éveil de conscience collective face à notre ennemi commun;
  4. L’ECC recommande au Gouvernement congolais de poursuivre avec détermination toutes les initiatives en cours vis-à-vis du Rwanda, clairement identifié dans sa responsabilité sur les graves violations de droits de l’homme et crimes contre l’humanité. Dans le cas d’espèce, une rupture de relations diplomatiques devrait être envisagée;
  5. L’ECC rappelle la nécessité d’ouvrir des procès publics à l’endroit des militaires rwandais qui ont été arrêtés au front dans les rangs des terroristes et présentés à la presse. Ce, en vue d’établir les responsabilités pénales des pays auteurs intellectuels et matériels des crimes contre l’humanité et crimes de guerres commis en RDC;
  6. L’ECC encourage les initiatives citoyennes annoncées à partir du lundi prochain et appelle tous les fils et filles du pays à se joindre à elles pour mettre fin définitivement à ce vaste complot qui endeuille notre nation depuis plus de 20 ans;
  7. L’ECC décrète une collecte de fonds avec un montant de $1 ou plus par tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté pour soutenir les compatriotes qui souffrent et qui sont obligés de se déplacer suite à cette guerre contre notre pays;
  8. L’ECC rappelle à tous et à chacun ces passages des Ecritures qui nous incitent aux bonnes œuvres : «Partage ton pain avec celui qui a faim, Et fais entrer dans ta maison les malheureux sans asile; si tu vois un homme nu, couvre le, et ne te détourne pas de ton semblable » (Es. 58 : 7). Aussi, « L’âme bienfaisante sera rassasiée, et celui qui arrose sera lui-même arrosé » (Pr 11 : 25);
  9. L’ECC rappelle aux institutions de la République l’exigence d’actionner les mécanismes de Justice transitionnelle en RDC en vue de maximiser les possibilités de mettre défensivement fin à la répétition de l’impunité et du complot ourdi contre notre pays;
  10. L’ECC appelle tous ses pasteurs sur l’étendue nationale à décréter une prière en faveur de notre armée et de nos populations meurtries.
    Puisse l’Eternel Bon berger garder la République Démocratique du Congo.
    Fait à Kinshasa, le 27 mai 2022
    Rév. Dr André-Gédéon Bokundoa-Bo-Likabe
    Président National