Le chef de la diplomatie américaine est à Rabat. Au menu des discussions, la guerre en Ukraine, la normalisation des relations avec Israël et la sécurité régionale. A Rabat, M. Blinken s’entretiendra à nouveau avec son homologue marocain Nasser Bourita, présent lundi à la réunion inédite dans le désert israélien du Néguev avec trois autres ministres arabes, ainsi qu’avec le Premier ministre Aziz Akhannouch. Il rencontrera aussi au Maroc le prince héritier d’Abou Dhabi et dirigeant de facto des Emirats arabes unis, Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, dont les relations avec son traditionnel allié américain sont traversées de certaines tensions. Le secrétaire d’Etat achèvera sa tournée régionale mercredi par une étape en Algérie, rivale du Maroc en Afrique du Nord et alliée de la Russie.
Le secrétaire d’Etat américain, Anthony Blinken, a entamé, lundi jusqu’au 30 mars courant, une visite officielle au Maroc placée sous le signe de «l’engagement en faveur de la sécurité et de la prospérité», indique-t-on à Washington en mettant en avant une relation «profonde et durable».
La veille de cette visite d’importance, les États-Unis ont réitéré leur position constante sur la question du Sahara, notant que l’initiative d’autonomie proposée par le Maroc est « sérieuse, crédible et réaliste », et perçue comme une approche pour répondre aux aspirations des populations de la région, indique un communiqué du département d’État américain.
Dans ce communiqué, Wa-shington a assuré l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, Staffan de Mistura, de son appui pour relancer le «processus politique» sous l’égide des Nations unies.
Washington réaffirme son soutien à l’autonomie
Les Etats-Unis ont réitéré lundi leur position constante sur la question du Sahara marocain, notant que l’initiative d’autonomie proposée par le Maroc est «sérieuse, crédible et réaliste ».
«Les États-Unis continuent de considérer le plan d’autonomie présenté par le Maroc comme sérieux, crédible et réaliste », et comme une approche pour répondre aux aspirations des populations de la région, indique un communiqué du département d’Etat américain.
Dans ce communiqué publié à l’occasion de la visite au Maroc du chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, Washington a fait part également de son soutien à l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, Staffan de Mistura, dans la conduite du processus politique sur la question du Sahara, sous les auspices des Nations Unies.
Le département d’État a par ailleurs vanté un « partenariat stratégique enraciné dans des intérêts communs en faveur de la paix, la sécurité et la prospérité » de la région. La visite du secrétaire d’État américain coïncide, en effet, avec la dernière année du contrat quinquennal de 460 millions de dollars injecté par le programme américain Millenium Challenge Corporation, qui vise à développer l’éducation et les opportunités d’emploi pour les jeunes.
Guerre en Ukraine et Iran au menu des discussions
Lors de ses déplacements, les entretiens d’Antony Blinken porteront également sur la sécurité bilatérale et régionale, la lutte antiterroriste au Sahel, les droits humains mais aussi l’impact économique du conflit en Ukraine, comme le risque de pénurie de blé, selon des responsables américains. Mais surtout, concernant la guerre en Ukraine, cette visite intervient alors que le Maroc n’a pas participé aux deux votes de l’Assemblée générale de l’ONU condamnant l’invasion russe, se gardant ainsi de prendre position dans le conflit. Cette neutralité revendiquée illustre la volonté de Rabat de ne pas se mettre à dos la Russie, membre du Conseil de sécurité de l’ONU, sur la question du Sahara occidental, selon des analystes.
À l’instar d’Israël, les Émirats et le Maroc font front commun contre l’Iran tandis que les États-Unis cherchent à relancer l’accord nucléaire de 2015 avec Téhéran, censé l’empêcher de se doter de la bombe atomique en échange de la levée des sanctions internationales. Antony Blinken aura l’occasion de discuter de sécurité régionale avec le prince Mohammed ben Zayed al-Nahyane, dit « MBZ », l’homme fort des Émirats arabes unis, qui a une résidence au Maroc. En outre, les Émirats font partie d’une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite qui vient en aide depuis 2015 au gouvernement du Yémen, en guerre contre les houthis, proches de l’Iran.
Cap sur l’Algérie
Le secrétaire d’État achèvera sa tournée régionale mercredi par une étape en Algérie, rivale du Maroc en Afrique du Nord et alliée de la Russie. Les discussions devraient se poursuivre sur la coopération sécuritaire – en particulier au Sahel – et la crise ukrainienne. Le diplomate américain pourrait ainsi évoquer la réouverture du gazoduc Maghreb-Europe, qui permettrait de réduire la dépendance des pays de l’Union européenne au gaz russe.
Ce pipeline desservant l’Espagne et transitant par le Maroc a été fermé en octobre par l’Algérie à la suite de la rupture de ses relations diplomatiques avec Rabat, en août 2021. Alger avait alors excipé d’«actes hostiles » de son voisin pour justifier sa décision. Outre le Sahara occidental, la normalisation accélérée entre le Maroc et Israël figure parmi les contentieux entre les deux frères ennemis du Maghreb.
Econews avec Le Point Afrique