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Après 65 ans d’indépendance, la RD Congo a urgemment besoin d’un « Pacte social » pour arrêter de naviguer à vue (Par Dr. John M. Ulimwengu)

À l’occasion du 65e anniversaire de son indépendance, la RD Congo est appelée à une refondation profonde de son modèle de gouvernance. Malgré ses immenses ressources naturelles, humaines et géopolitiques, le pays demeure piégé dans une dynamique d’improvisation politique, d’instabilité chronique et de méfiance entre l’État et ses citoyens. Cette situation résulte de l’absence d’un véritable pacte social, capable de fonder une cohésion nationale et d’organiser les responsabilités mutuelles dans la quête du bien commun. Dans cet article, nous plaidons pour un contrat social structuré autour de cinq piliers : la stabilité institutionnelle, l’inclusion sociale, la prospérité partagée, la résilience nationale, et une vision stratégique à long terme (CAP 2060). Nous proposons des réformes concrètes : justice accessible, lutte contre la corruption, décentralisation effective, éducation universelle et diversification économique. Ce renouveau ne pourra aboutir qu’avec un leadership transformationnel, porté par une jeunesse engagée et une société civile dynamique. L’avenir du pays dépend d’un engagement collectif pour bâtir une gouvernance éthique, équitable et tournée vers les générations futures. Le 30 juin 2025 ne doit pas être un simple anniversaire, mais le point de départ d’un Congo refondé sur des valeurs partagées.

Le 30 juin 2025, la République Démocratique du Congo célèbrera les 65 ans de son indépendance. Cet anniversaire historique offre bien plus qu’un simple moment de commémoration : il impose un devoir de lucidité, de bilan et surtout de projection. En six décennies et demie, la RDC a traversé une succession de convulsions politiques, sociales et économiques. Le rêve d’un Congo libre et prospère, porté par les figures de l’indépendance en 1960, semble avoir été englouti dans un océan de conflits, de gouvernance défaillante et de promesses non tenues. Malgré une richesse naturelle colossale, une population jeune et dynamique et une position géographique stratégique au cœur du continent africain, la RDC demeure empêtrée dans des logiques de précarité institutionnelle, d’inégalités structurelles et d’un développement toujours repoussé à demain.

Comment expliquer qu’un pays si riche continue de stagner alors que tant de pays aux ressources moindres ont su bâtir des trajectoires stables et prospères ? Pourquoi, à chaque alternance ou réforme annoncée, l’élan de renouveau finit-il par se dissoudre dans les sables mouvants de la fragmentation politique, de l’impunité ou de la désillusion collective ? La réponse ne peut se limiter à la dénonciation des mauvaises pratiques ou à la seule évocation de l’héritage colonial. Le cœur du problème congolais réside dans une absence fondamentale : celle d’un pacte social effectif entre l’État et les citoyens. Ce contrat, qui devrait définir les attentes mutuelles, les responsabilités partagées et les normes de justice et de solidarité, fait cruellement défaut dans la gouvernance congolaise contemporaine.

Depuis l’indépendance, la RDC semble naviguer à vue, sans boussole stratégique ni vision collective intégratrice. Les réformes, souvent imposées de l’extérieur ou dictées par des urgences conjoncturelles, manquent d’ancrage dans une philosophie cohérente de société. Dans ce contexte, réfléchir à un nouveau pacte social n’est pas un luxe académique, mais une urgence existentielle. En effet, seule une refondation consciente du lien entre l’État et les citoyens permettra de rompre avec les cycles d’échec. Les 65 ans d’indépendance doivent donc marquer un tournant : celui d’une nation qui, au lieu de subir son histoire, décide enfin de l’écrire collectivement, avec justice, inclusion et résilience pour principes directeurs.

  1. Les fondements d’un pacte social adapté à la RDC

Le contrat social, tel que pensé par les philosophes classiques comme Rousseau, Hobbes ou Locke, désigne un accord – explicite ou implicite – entre les gouvernants et les gouvernés, définissant les droits, les devoirs et les responsabilités réciproques pour garantir l’ordre, la justice et le bien commun. Ce cadre théorique a longtemps servi de socle aux institutions modernes en Occident, mais il trouve une résonance toute particulière dans les sociétés postcoloniales en quête de stabilité et de cohésion, comme la République Démocratique du Congo.

Dans le cas congolais, la question du contrat social revêt une urgence spécifique. La diversité culturelle, linguistique et ethnique du pays, loin d’être un obstacle, devrait être une richesse. Pourtant, en l’absence d’un pacte inclusif, elle est devenue un terrain fertile pour les divisions, les conflits et l’exclusion. L’histoire récente de la RDC est jalonnée de guerres, de régimes autoritaires, d’inégalités criantes et d’un effondrement de la confiance entre l’État et les citoyens. Les institutions, souvent perçues comme lointaines, inefficaces ou corrompues, peinent à incarner l’intérêt général.

C’est dans cette perspective que nous proposons de repenser le contrat social congolais autour de quatre piliers fondamentaux. D’abord, la stabilité, qui implique un environnement sécuritaire propice à la paix civile et à la prévisibilité des institutions. Ensuite, l’inclusion, qui garantit que chaque citoyen, sans distinction de genre, d’origine ou de classe, participe au processus décisionnel et bénéficie équitablement des ressources. Troisièmement, la prospérité, qui appelle à une gestion équitable des richesses nationales et à une diversification économique génératrice d’emplois. Enfin, la résilience, qui permet à la société congolaise de surmonter les chocs – qu’ils soient politiques, économiques ou écologiques – sans sombrer dans le chaos.

Un pacte social adapté à la RDC ne peut donc être une simple déclaration de principes ; il doit être un projet collectif enraciné dans les réalités du pays, mais tourné vers une vision durable, inclusive et émancipatrice.

  1. Le contexte historique et les blocages institutionnels

L’histoire de la République Démocratique du Congo est marquée par une trajectoire institutionnelle contrariée, où les promesses d’indépendance ont trop souvent cédé la place à des cycles de crises et de régressions. Pour comprendre la nécessité d’un nouveau pacte social aujourd’hui, il faut d’abord revenir sur les racines historiques et les blocages institutionnels qui ont empêché la construction d’un État citoyen.

L’héritage colonial constitue le premier socle problématique. Sous le régime de l’État indépendant du Congo, puis sous administration belge, le pays a été gouverné comme un domaine d’exploitation économique plutôt qu’une entité politique au service de sa population. Le système colonial a systématiquement nié aux Congolais toute participation effective à la gestion publique, concentrant les décisions entre les mains d’une administration étrangère et autoritaire. Cette gestion a laissé derrière elle une structure institutionnelle vide de légitimité sociale, dépourvue de culture démocratique et entièrement tournée vers l’extraction au profit de l’extérieur.

L’accession à l’indépendance en 1960 n’a pas permis de rompre avec ce legs. Très vite, la RDC a basculé dans des crises aiguës. L’assassinat de Patrice Lumumba, les sécessions régionales, la montée en puissance de Mobutu et sa dictature ont consolidé un pouvoir hypercentralisé, fondé sur la personnalisation du pouvoir et le néo-patrimonialisme. Durant les trente-deux ans de règne de Mobutu, l’État est devenu l’instrument d’une élite prédatrice, maintenant une façade institutionnelle tout en fonctionnant par des pratiques informelles : clientélisme, corruption, cooptation des élites locales. Ces dynamiques ont affaibli durablement la capacité administrative, vidé les institutions de leur substance, et nourri une culture politique de la rente.

Les guerres civiles de la fin des années 1990 et du début des années 2000 ont ensuite achevé de déstabiliser l’État, provoquant un effondrement de l’ordre public et un morcellement du territoire au profit de groupes armés et de puissances extérieures. La transition politique ayant mené à la Constitution de 2006 semblait ouvrir une ère nouvelle. Ce texte, largement salué pour son ambition démocratique et son orientation vers la décentralisation, posait les jalons d’un État de droit fondé sur la séparation des pouvoirs, la justice sociale et la participation citoyenne. Pourtant, près de deux décennies plus tard, les résultats restent décevants.

Le principal échec tient à l’inadéquation entre les principes affichés et leur application effective. La décentralisation, par exemple, est restée largement théorique : les provinces manquent de moyens financiers, d’autonomie réelle et de capacités institutionnelles. L’État central, loin de transférer les pouvoirs, a conservé les leviers économiques et politiques essentiels. De même, les mécanismes de redevabilité sont neutralisés par une justice politisée et une impunité généralisée. L’article 5 de la Constitution proclame que la souveraineté appartient au peuple, mais dans la pratique, celui-ci reste marginalisé dans les processus décisionnels.

Ainsi, le Congo évolue dans un paradoxe institutionnel : un cadre légal formellement progressiste, mais contourné ou vidé de son sens par des pratiques politiques ancrées dans la méfiance, la captation des ressources et l’absence de culture civique. Ce décalage constant entre le droit et la réalité compromet toute possibilité de refondation véritable. Il explique pourquoi les réformes entreprises depuis l’indépendance n’ont jamais permis de construire un État au service de ses citoyens. C’est contre ce mur d’inertie qu’un nouveau pacte social devra se construire.

Drapeau RDC

III. Pourquoi un nouveau pacte social est si urgent ?

La République Démocratique du Congo traverse depuis des décennies une crise de gouvernance profondément enracinée, dont les symptômes les plus visibles sont l’erratisme des décisions publiques, l’effondrement du lien de confiance entre l’État et les citoyens, et la fragmentation persistante du tissu social. Ces dérèglements, loin d’être purement techniques ou conjoncturels, traduisent une réalité plus structurelle : l’absence d’un pacte social clair et partagé qui définirait les attentes, les droits et les obligations mutuels entre les gouvernants et les gouvernés. En l’absence d’un tel socle, la gouvernance en RDC se résume souvent à une succession de décisions réactives, dictées par l’urgence ou les intérêts de court terme, sans ancrage dans une vision stratégique globale.

Cette gouvernance à vue engendre des politiques publiques incohérentes, mal coordonnées et inefficaces. Les grandes orientations du pays – qu’il s’agisse de développement, de sécurité ou de justice – semblent guidées davantage par des rapports de force que par des mécanismes institutionnels stables. Il en résulte une absence de cap collectif capable d’unifier les efforts et de donner confiance aux citoyens dans l’avenir. La population, confrontée quotidiennement à l’inefficacité des services publics, au clientélisme et à l’impunité, développe une méfiance croissante envers les institutions.

Cette méfiance mine la légitimité même de l’État, qui est souvent perçu non comme un arbitre impartial ou un protecteur des droits, mais comme une machine au service de quelques-uns. Ce déficit de légitimité favorise la résurgence des tensions identitaires, ethniques et régionales, dans un pays où les clivages socioculturels restent profonds. En l’absence d’un cadre normatif accepté de tous, les différends se règlent moins par les institutions que par des rapports de force locaux, parfois violents. Le tissu national s’en trouve fragmenté, et la cohésion sociale constamment menacée.

À cela s’ajoute une inefficacité chronique des politiques publiques. Faute d’un pacte structuré définissant les priorités, les objectifs et les critères de reddition de comptes, les programmes publics sont souvent inconsistants, mal ciblés, ou détournés de leur finalité initiale. La population, dans sa grande majorité, se retrouve ainsi exclue des bénéfices du développement, renforçant un cycle de frustration et de désengagement citoyen.

Dans ce contexte, l’urgence d’un nouveau pacte social ne fait aucun doute. Il s’agit de dépasser le bricolage institutionnel pour poser les fondations d’un État orienté vers le bien commun, capable de fédérer, de planifier et de transformer la promesse républicaine en réalité vécue pour chaque Congolais.

  1. Propositions concrètes pour un nouveau pacte social

La construction d’un nouveau pacte social pour la République Démocratique du Congo ne peut se limiter à une déclaration de principes. Elle doit s’incarner dans un programme d’actions concrètes, cohérentes et ambitieuses, fondé sur une refondation profonde des institutions, une réorganisation des priorités de développement et une réappropriation collective du projet national. A cet effet, nous proposons un ensemble structuré de mesures, organisées autour de cinq axes essentiels, destinés à jeter les bases d’une gouvernance légitime, d’une société inclusive et d’un développement durable.

Le premier axe porte sur les réformes institutionnelles. Le rétablissement de la confiance passe par la transparence dans la gestion publique, une lutte acharnée contre la corruption et une justice réellement accessible. Il s’agit notamment de renforcer l’indépendance du pouvoir judiciaire, de numériser les processus budgétaires pour réduire les manipulations, et de créer des mécanismes de redevabilité citoyenne, y compris au niveau local. Des institutions de contrôle, comme la Cour des comptes, doivent être dotées de ressources suffisantes et d’une autonomie effective. La création ou le renforcement d’une agence indépendante anticorruption est également envisagé, pour sanctionner les abus tout en préservant l’équité.

Le deuxième pilier concerne la décentralisation effective. Inscrite dans la Constitution de 2006, elle reste inachevée, faute de transferts réels de compétences et de moyens financiers. Le pacte social proposé recommande la mise en œuvre pleine et entière de la décentralisation, accompagnée de mécanismes effectifs de péréquation pour corriger les inégalités régionales. Les provinces doivent devenir des pôles de gouvernance de proximité, capables de planifier, d’exécuter et de rendre compte de leurs politiques publiques, en tenant compte des spécificités locales.

Le troisième axe vise l’inclusion sociale, indispensable à la cohésion nationale. Il repose sur un engagement en faveur de l’éducation universelle et de qualité, la promotion de la santé pour tous, et l’égalité de genre. La mise en œuvre de politiques publiques favorables aux femmes et aux jeunes, ainsi que la reconnaissance des droits des populations marginalisées, doit devenir une priorité. Cela passe aussi par un soutien renforcé à la protection sociale, aux services de base et à la participation citoyenne.

Le quatrième axe est celui de la prospérité partagée. Pour rompre avec le modèle extractiviste, il est impératif de diversifier l’économie. L’agriculture durable, les industries de transformation, l’économie numérique et les énergies renouvelables doivent devenir des secteurs stratégiques. Nous insistons sur la nécessité de gérer les ressources naturelles de façon transparente et équitable, afin de financer les infrastructures, créer des emplois de qualité – notamment pour la jeunesse – et stimuler une croissance inclusive.

Enfin, le cinquième pilier consiste à établir une vision stratégique de long terme, incarnée par le programme CAP 2060 que propose Congo-NDE. Ce cadre appelle à une rupture profonde avec les logiques de gestion court-termiste. Il propose une planification axée sur l’innovation institutionnelle, la transformation digitale, la résilience écologique et la stabilité macroéconomique. À travers cette vision, la RDC est invitée à se penser comme un État capable d’anticiper les défis mondiaux et de mobiliser ses ressources humaines et naturelles pour bâtir une société résiliente et équitable.

  1. Quel leadership pour porter ce pacte ?

Un pacte social, aussi bien conçu soit-il, demeure lettre morte s’il n’est pas porté par un leadership visionnaire, éthique et profondément enraciné dans la volonté de servir. Dans un contexte comme celui de la République Démocratique du Congo, où les élites ont trop souvent confondu pouvoir et prédation, repenser le leadership devient un impératif stratégique. L’enjeu n’est pas seulement de changer les hommes, mais de transformer la nature même de l’autorité, en la fondant sur des valeurs de responsabilité, d’écoute et de cohérence morale. C’est à cette exigence que répond le modèle de leadership transformationnel.

Le leadership transformationnel repose sur une double capacité : mobiliser la société autour d’une vision ambitieuse et incarner dans son comportement les valeurs qu’il prône. Il ne s’agit plus d’imposer ou de séduire, mais de convaincre par l’exemple, de créer les conditions de la confiance et de déléguer le pouvoir d’agir à ceux qui vivent les réalités de terrain. Ce type de leadership exige une rupture nette avec les logiques clientélistes et autoritaires qui ont dominé l’histoire politique du pays. Il requiert une éthique du service public, une vision claire de l’intérêt général, et surtout le courage d’assumer des décisions impopulaires au nom d’une transformation profonde.

Dans cette dynamique, la jeunesse et la société civile apparaissent comme les acteurs les plus légitimes pour impulser le changement. Trop longtemps cantonnée à la marge, la jeunesse congolaise – majoritaire dans la démographie nationale – détient un potentiel d’innovation, de mobilisation et de créativité sans égal. Qu’il s’agisse des mouvements citoyens, des réseaux associatifs, des entrepreneurs sociaux ou des activistes numériques, une nouvelle génération d’acteurs émerge, exigeante, formée, connectée, et prête à assumer ses responsabilités. Elle doit être le vecteur naturel d’un renouveau politique basé sur l’engagement, l’exigence de redevabilité et l’aspiration à une gouvernance participative.

La société civile, dans sa diversité, constitue un contre-pouvoir nécessaire et un incubateur d’alternatives. Par ses actions sur le terrain, elle pallie l’inefficacité de l’État, défend les droits fondamentaux et propose des solutions concrètes aux besoins des communautés. Mais pour qu’elle devienne un levier de refondation, elle doit être soutenue, protégée et reconnue comme un acteur central du pacte social. Il ne peut y avoir de transformation sans dialogue structuré entre institutions publiques, citoyens organisés et porteurs d’initiatives locales.

À ce triptyque – leadership transformationnel, jeunesse active, société civile engagée – s’ajoute une valeur transversale essentielle : le bon sens. Trop souvent négligée dans les discours politiques, cette disposition pragmatique et éthique consiste à remettre la réalité au centre des décisions, à choisir ce qui est juste et efficace plutôt que ce qui est politiquement rentable. Le bon sens, tel que nous le comprenons, ne relève pas de la technique, mais d’une posture morale : écouter, s’entourer de compétences, reconnaître ses limites, corriger ses erreurs. C’est aussi la capacité de prendre en compte la parole des citoyens, de relier les ambitions nationales aux besoins concrets des territoires, de trancher avec sagesse.

En définitive, porter un nouveau pacte social pour la RDC implique un renouvellement des élites, non seulement par la génération, mais par les valeurs. Il faudra des leaders capables d’incarner la justice, de catalyser l’engagement collectif et de réconcilier l’État avec sa mission première : être au service de tous. Sans cette mutation du leadership, aucune réforme, aussi bien pensée soit-elle, ne résistera aux forces de l’inertie.

Conclusion

Après soixante-cinq ans d’indépendance, le temps des improvisations doit définitivement prendre fin en République Démocratique du Congo. Le pays ne peut plus se permettre de naviguer à vue, porté au gré des conjonctures, des intérêts partisans ou des impulsions de circonstances. L’absence de vision claire, de cadre normatif partagé et de cap collectif a trop longtemps condamné la RDC à une instabilité chronique, à une gouvernance erratique et à une frustration sociale croissante. Aujourd’hui, plus qu’une option théorique ou un vœu pieux, la refondation d’un pacte social constitue une urgence historique.

Ce pacte ne saurait se réduire à une réforme institutionnelle ou à un simple discours politique. Il doit incarner une renaissance du lien entre l’État et ses citoyens, fondé sur des principes clairs : la transparence dans l’action publique, l’égalité des chances, la justice accessible, la responsabilité collective et la participation active de toutes les composantes de la nation. Il s’agit de construire une cohésion nationale réelle, non pas par la répression ou la rhétorique, mais par la reconnaissance des droits fondamentaux et l’exercice conscient des devoirs citoyens. Ce contrat ne sera viable que s’il s’inscrit dans les réalités du pays, tout en projetant une ambition partagée pour l’avenir.

La RDC ne manque ni de ressources, ni de talents, ni de leviers pour transformer son destin. Ce qui lui a fait défaut, c’est une vision collective suffisamment forte pour transcender les intérêts particuliers et fonder une gouvernance durable. En ce sens, le pacte social à venir ne doit pas être pensé uniquement pour réparer le passé, mais pour préparer l’avenir. Il doit être le socle d’un « contrat social pour la prochaine génération », c’est-à-dire un engagement profond à transmettre un pays plus juste, plus stable, plus inclusif et plus prospère que celui hérité des décennies précédentes.

Mais cette ambition ne pourra se concrétiser sans une mobilisation collective. Elle suppose un leadership éthique, une jeunesse engagée, une société civile audacieuse, et surtout un peuple convaincu que le changement est possible et souhaitable. À l’heure des bilans, c’est une nouvelle promesse qu’il faut faire à la nation : celle d’un avenir enfin pensé ensemble, dans la vérité, la responsabilité et l’espérance. Le 30 juin 2025 pourrait alors ne pas être une commémoration de plus, mais le point de départ d’une reconstruction profonde – celle d’un pays réconcilié avec lui-même, par et pour ses citoyens.

Dr. John M. Ulimwengu

Chercheur principal au sein de l’Unité des stratégies de développement et de la gouvernance (IFPRI – USA) et travaille actuellement sur la cartographie des systèmes alimentaires dans certains pays africains.

 

 

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