La grande réconciliation politique se précise en République Démocratique du Congo (RDC). Après Martin Fayulu, c’est au tour d’Adolphe Muzito de rallier officiellement le camp du Président Félix Tshisekedi, scellant ainsi la recomposition du paysage politique congolais. Sept ans après l’échec du consensus de Genève, qui avait réuni l’opposition contre le régime Kabila, presque tous ses protagonistes ont désormais rejoint l’Union sacrée de la nation. Seul Moïse Katumbi résiste encore à cette dynamique d’union nationale, dans un contexte de crise sécuritaire dans l’Est et d’appel à la mobilisation générale pour « sauver la patrie». Une recomposition qui redessine les équilibres du pouvoir à l’approche du futur gouvernement d’ouverture.
La scène politique congolaise connaît une recomposition majeure. Sept ans après l’échec du «consensus de Genève », qui visait à unifier l’opposition face à Joseph Kabila, la plupart des figures de cette alliance ont finalement rejoint le camp du président Félix Tshisekedi. Le dernier en date : Adolphe Muzito, ancien Premier ministre et leader du parti politique Nouvel Élan, qui a rencontré mercredi le chef de l’État à la Cité de l’Union africaine.
DE GENEVE A L’UNION SACREE : UN LONG CHEMIN DE RECONCILIATIONS
En 2018, après des élections contestées, la réunion de Genève (Suisse) avait rassemblé les principaux opposants – dont Fayulu, Muzito, Bemba et Katumbi – dans une tentative de front commun. Mais cette alliance avait vite volé en éclats, laissant Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe en position de force.
Avec la rupture de la coalition FCC-CACH en 2021 et la formation de l’Union sacrée de la nation (USN), les lignes ont commencé à bouger. Jean-Pierre Bemba a été le premier à rallier Tshisekedi, suivi temporairement par Moïse Katumbi, avant que ce dernier ne prenne à nouveau ses distances. Seuls Fayulu et Muzito étaient restés inflexibles, incarnant l’opposition radicale sous la bannière « Lamuka ».
L’urgence nationale change la donne
La récente escalade des conflits dans l’Est de la RDC, avec la chute symbolique de Goma et Bukavu, a accéléré le rapprochement des forces politiques. Martin Fayulu, longtemps critique, a ouvert la voie en appelant à un «dialogue national» et en multipliant les gestes d’apaisement envers le pouvoir.
Adolphe Muzito lui emboîte désormais le pas. Lors de son entretien avec Tshisekedi, l’ancien Premier ministre a affirmé son «adhésion totale» à la vision du chef de l’État et sa volonté de participer au futur gouvernement d’ouverture. «Face aux défis sécuritaires et économiques, l’unité est indispensable», a-t-il déclaré à la presse.
KATUMBI, DERNIER ABSENT NOTABLE
Aujourd’hui, le puzzle politique se reconstitue autour de Tshisekedi. Presque tous les acteurs clés de 2018 ont rejoint l’USN, à l’exception notable de Moïse Katumbi. L’ancien gouverneur de la province du Katanga, bien que discret ces derniers mois, reste une figure incontournable. Son éventuel ralliement au camp du président Félix Tshisekedi scellerait une unité inédite depuis des années.
Pour certains observateurs, cette mue progressive de l’opposition traduit moins un renoncement qu’une adaptation aux réalités du pouvoir. «Tshisekedi capitalise sur l’urgence patriotique, mais aussi sur les divisions de ses adversaires», analyse un politologue. Reste à savoir si cette unité affichée résistera aux tensions futures, notamment dans la perspective des élections de 2027.
A tout prendre, le paysage politique congolais n’a plus grand-chose à voir avec celui de Genève. Et Tshisekedi, en rassemblant ses anciens rivaux, écrit un nouveau chapitre de son règne.
Hugo T.

