L’«affaire Atou Matubuana», gouverneur déchu de la province du Kongo central, est une autre épreuve à laquelle est de nouveau soumise la justice congolaise. En effet, c’est depuis le 10 novembre dernier que l’intéressé était attendu à la Cour de cassation pour se justifier sur les faits de détournement de deniers publics que lui impute l’Inspection générale des finances (IGF). Pour des raisons qui lui sont propres, il a pratiquement tourné le dos à la justice. Se sentant narguée, cette dernière a recouru à son arrestation immédiate.
A l’annonce, samedi 18 décembre 2021, de l’arrestation d’Atou Matubuana, gouverneur déchu de la province du Kongo central, Mbanza-Ngungu, son fief électoral, était en ébullition. Ses partisans ont pris d’assaut la route nationale brûlant des pneus pour exprimer leur mécontentement sur le traitement jugé indigne infligé à leur leader.
En effet, quels que soient les faits qui lui sont reprochés, Atou Matubuana ne devait pas être traité comme une vulgaire personne par les agents de l’ordre. Cet acte condamnable est à l’encontre des principes de l’Etat de droit que prône le chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Une enquête devra être diligentée pour sanctionner, s’il le faut, les commanditaires de cet acte ignoble.
La part de responsabilité
En analysant froidement la situation qui a quelque peu, défrayé la chronique le week-end dernier, il y a lieu de reconnaître que la part de responsabilité incombe à Atou Matubuana lui-même. Au lieu de chercher à opposer les instances judiciaires dans l’objectif de récupérer son poste, il aurait dû d’abord se présenter devant la justice pour se dédouaner de tout soupçon de détournement des deniers public. Mais, en préférant vivre dans la clandestinité pour réapparaître au cours d’une cérémonie officielle, la justice s’est seulement vue narguée.
Pourquoi Atou Matu-buana ne pouvait-il pas s’inspirer de l’exemple du sénateur Matata Ponyo qui, poursuivi par la justice, n’a pas hésité un seul instant, de répondre à l’invitation lui adressée ? Pour s’en être sorti indemne, il est aujourd’hui en voie de retrouver son fauteuil au Sénat.
Présumé innocent, Atou Matubuana peut encore espérer reprendre son poste de gouverneur de la province du Kongo central. A condition qu’il convainque la justice sur les faits qui lui sont reprochés. C’est cela l’Etat de droit auquel aspire la RDC.
Halte aux réactions épidermiques
L’interpellation d’Atou Matubuana a suscité des réactions en sens divers.
Tout en condamnant la manière avec laquelle l’ex-gouverneur de la province du Kongo central a été cueilli par les agents de l’ordre, le député national Papy Mantezolua a prodigué des sages conseils à l’intéressé en lui demandant de se présenter devant la justice d’autant plus qu’il jouit de la présomption d’innocence. «S’il parvenait à s’en sortir, rien ne pourra l’empêcher de récupérer son fauteuil », a-t-il indiqué.
Quant à la réaction du président de l’Assemblée provinciale du Kongo central, Jean- Claude Vuemba, elle n’est pas celle d’un homme d’Etat. Elle frise du tribalisme, car, il n’est pas question d’engager le peuple mukongo dans un problème individuel, encore moins le prophète Simon Kimbangu dont le comportement était irréprochable, selon l’histoire.
Comme quoi, un homme d’Etat doit être posé avant de faire une quelconque déclaration.
Véron Kongo