A l’Assemblée nationale, c’est un verdict sans appel qui scelle le premier acte d’un feuilleton politique aux conséquences imprévisibles. La Commission spéciale a livré ce dimanche Vital Kamerhe et quatre autres membres du Bureau à la sagesse de la plénière, après avoir rejeté leurs arguments et estimé le bien-fondé des pétitions réclamant leur destitution. Par 16 voix pour et seulement 5 contre, la Commission a estimé que les accusations portées par l’étonnant chef de file des pétitionnaires, le député UDPS Crispin Mbindule – hier encore allié de Kamerhe – méritaient d’être soumises à l’ensemble des députés nationaux. Un camouflet cinglant pour le camp Kamerhe, qui espérait encore il y a peu un miracle et en appelait à la « sagesse » de la Commission. Le sort du président de l’Assemblée nationale, ainsi que celui du rapporteur, de son adjoint, du questeur et de son adjoint, se jouera donc désormais dans l’arène politique de la plénière, où rien ne semble acquis pour celui qui occupe pourtant la troisième place dans l’ordre protocolaire de l’État.
L’épée de Damoclès qui planait sur Vital Kamerhe et quatre autres membres du Bureau de l’Assemblée nationale vient de tomber. La Commission spéciale mandatée pour examiner les pétitions les visant a clos ses travaux, dimanche 21 octobre au Palais du peuple, en décidant de les « livrer » à la séance plénière de la chambre basse pour le verdict final, sonnant comme un grave revers pour le camp du président de l’Assemblée nationale.
Après avoir examiné les requêtes et auditionné les principaux concernés, la Commission n’a visiblement pas été convaincue par leurs arguments. Le rapport conclusif, adopté à une large majorité (16 voix pour, 5 contre et une abstention sur 22 votants), scelle la première étape de cette procédure parlementaire hautement sensible. Elle recommande que le sort de M. Kamerhe, ainsi que celui du rapporteur, de son adjoint, du questeur et de son adjoint, soit désormais entre les mains de l’ensemble des députés.
La Commission, selon nos informations, n’aurait pas découvert «d’éventuelles irrégularités » dans l’action entamée par les pétitionnaires. Une conclusion qui donne du poids à la démarche initiée, de manière inattendue, par l’ancien député de l’UNC, Crispin Mbindule, autrefois proche de M. Kamerhe, passé depuis lors à l’UDPS, le parti au pouvoir.
Jusqu’au dernier moment, le camp de Vital Kamerhe avait affiché un optimisme prudent, en appelant à «la sagesse» des membres de la Commission. Le secrétaire général de l’UNC, Billy Kambale, affichait encore récemment sa confiance: «Nous irons jusqu’au bout et nous faisons confiance aux élus légitimes du peuple », déclarait-il, espérant un miracle pour sauver son mentor.
Le sort se jouera en plénière
Mais ce miracle n’a pas eu lieu. La Commission spéciale a joué son rôle de filtre et a estimé que les accusations méritaient d’être soumises à l’hémicycle. Désormais, l’affaire entre dans sa phase décisive et politiquement la plus périlleuse. La plénière de l’Assemblée nationale devra se prononcer sur d’éventuelles sanctions, qui pourraient aller jusqu’à la levée de l’immunité parlementaire ou la destitution de leurs fonctions au sein du Bureau.
Pour Vital Kamerhe, personnage central de la majorité présidentielle, l’enjeu est colossal. Perdre le perchoir serait un séisme politique personnel et une onde de choc pour les équilibres au sein de la coalition au pouvoir.
Le suspense reste donc entier, mais l’issue semble périlleuse pour les cinq membres du bureau de l’Assemblée nationale mis en cause. Comme le suggère un observateur parlementaire, « Alea jacta est !» – Les dés sont jetés. La suite dépendra des rapports de force et des négociations qui animeront l’hémicycle dans les prochains jours. La République Démocratique du Congo retient son souffle, attentive au sort de la troisième personnalité de l’État.
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