Cénco et pouvoir : la paix des braves

Trois chefs des institutions (président de l’Assemblée nationale, et celui du Sénat ainsi que le Premier ministre), accompagnés du conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité, sont allés mercredi à la rencontre du Cardinal Fridolin Ambongo, dans sa résidence de Lindonge, en plein quartier populaire de Kinshasa. Le fait n’est pas anodin. Entre l’Eglise catholique au Congo et le pouvoir en place, l’heure est à la désescalade. De part et d’autre, beaucoup d’eaux ont coulé sous le pont. Après un long moment de friction, les deux parties ont décidé de tourner la page, en repartant sur des « bases nouvelles ». Pourvu que ça dure !

Entre l’épiscopat congolais et le régime Tshisekedi, la paix des braves a été conclue après des attaques ad hominem sans précédents. La brigade numérique s’est copieusement occupée de l’archevêque métropolitain de Kinshasa, le Cardinal Fridolin Ambongo. Le prélat a été bouffé dans toutes les sauces. Stoïque, il est resté dans son coin, bénéficiant de la solidarité de tous ses frères évêques.

D’ailleurs, Fridolin Ambo-ngo n’est qu’une cible pour identifier la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cénco). Avec lui l’abbé Nshole, secrétaire général de la Cénco, en a vu aussi de toutes les couleurs.

La veille de la convocation du président de la Commission des laïcs catholiques (CALCC), un fait inattendu s’est produit : une visite des chefs des corps de la République chez le Cardinal. La symbolique est très forte, au régard de la stature de ces hôtes de marque : les présidents des chambres, le Premier ministre et le Conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité. Ce dernier revenait directement d’un voyage à l’étranger. Sa présence impliquait directement le Chef de l’Etat dans ces discussions.

Que les chefs des institutions se soient déplacés veut dire que le degré atteint par la crise n’est pas négligeable. Le pouvoir s’est senti interpellé, au point de solliciter des entretiens directs avec le plus galonné de l’Eglise catholique en République Démocratique du Congo. Ça signifie aussi qu’en haut lieu, on a pris toute la mesure de la situation. La solution rapide devenait une urgence. 

Ce geste de haute facture politique est un désaveu cinglant à une démarche judiciaire de durcissement ainsi qu’une clameur publique des extrémistes de l’Union sacrée de la nation qui pensaient livrer à la vindicte populaire l’Eglise catholique au Congo. Les rapports des forces ont fini par ramener les uns et les autres à la raison.

Le temps de l’apaisement

Il y a eu crise ! Le nier peut énerver les Congolais et discréditer totalement celui qui a tenu ce discours, le président Mboso N’Kodia Pwanga. S’il n’y avait pas crise, le Cardinal n’aurait jamais déclaré qu’il se sentait en insécurité à Kinshasa.

Le plus important est l’issue qui se dessine. La paix des braves acquises, il est maintenant question de se lancer dans les réparations. Les manifestations contre Denis Kadima doivent cesser et les attaques contre l’Eglise ne devaient rester qu’un lointain souvenir. La présence du Premier ministre signifie que des engagements ont été pris dans le sens d’assister l’Eglise.

Mgr Muteba : «Nous devons rester vigilants dans la foi»

«Depuis deux dimanches, nous lisons des textes à caractère apocalyptique», a fait remarquer Mgr Fulgence Muteba, archevêque métropolitain de Lubumbashi, lors de la célébration eucharistique du jeudi 25 novembre 2021 au centre Caritas Congo, à Kinshasa, marquant le troisième et dernier jour du Comité permanent extraordinaire.

L’homélie de l’évêque s’est basée sur la lecture du livre de Daniel 6, 12-28 et celle de l’évangile selon saint Luc 21, 20-28.

Sur le livre de Daniel, l’évêque a souligné que c’est une histoire intéressante. Daniel, qui a été déporté et malgré les instructions du roi, il a continué à prier son Dieu trois fois par jour. Il a été surpris et jeté à la fosse aux lions. L’évêque a fait remarquer que les lois, surtout politiques, ont toujours tendance à minimiser les autres.

On a accusé Daniel auprès du roi, celui-ci était contrarié parce qu’il savait que Daniel était dans ses droits de prier. Il a ordonné qu’il soit jeté à la fosse aux lions. Mais le roi a fait sortir Daniel intact de la fosse aux lions car Dieu avait fermé la gueule des lions. C’est la fin qui est intéressante. «Le roi Darius s’est finalement converti au Dieu de Daniel. Le Dieu de Daniel était devenu le Dieu de son royaume», a tenu à souligner l’archevêque de Lubumbashi.

Parlant de l’évangile, le célébrant a dit que saint Luc montre un tableau apocalyptique de ce qui doit arriver.

Pour l’évêque, quand ces événements vont commencer, nous devons être avertis, restés vigilants dans la foi. Que nous n’ayons pas peur, que Dieu nous donne la grâce de rencontrer le Seigneur dans la sainte eucharistie.

C’est dire que l’Eglise se dit dotée d’une mission, celle de protéger les plus faibles. Elle est porteuse d’une mission qu’elle entend assumer sans une peur quelconque.

Heureusement, le pouvoir en place à Kinshasa a vite perçu le message.

En allant à la rencontre du Cardinal Ambongo, les animateurs des institutions, avec le Président de la République en tête, ont publiquement remis les pendules à l’heure. C’est le retour à la case départ, sur des «bases nouvelles».

Econews