Cercle vicieux

Les mêmes causes produisent les mêmes effets, dit-on. Les rencontres de Nairobi, de Luanda et, tout récemment, de Bujumbura ont produit les mêmes résultats. On pensait que les lignes pouvaient bouger au terme de toutes ces réunions. Pas du tout. Bien au contraire, les «terroristes» du M23 ont profité de ces manœuvres diplomatiques pour gagner du terrain et étendre leur zone d’influence.
A quoi servent dès lors des rencontres qui ne rapportent rien sur le terrain. A Kinshasa, les réticences commencent à se faire sentir en haut lieu du pouvoir. C’est comme si la diplomatie entrainait subtilement la République Démocratique…
du Congo dans un cercle vicieux. On cherche à l’affaiblir en multipliant des réunions sous-régionales qui se terminent généralement en queue de poisson.
A chaque cycle de pourparlers aussi bien à Nairobi, à Luanda qu’à Bujumbura, c’est le retour à la case départ.
Lors de la quatre-vingt-sixième réunion du Conseil des ministres, le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, a profité de la restitution de sa participation au 20ème sommet extraordinaire de la Communauté d’Afrique de l’Est, tenue le 4 février2023 à Bujumbura, pour étaler son agacement.
Voilà 83 jours que la Feuille de route de Luanda, a-t-il indiqué, patauge. Pire, on est déjà dans l’enlisement d’une série de résolutions qui n’ont rien apporté de concret sur le front de l’Est de la RDC.
Depuis lors, le M23 et son mentor, le Rwanda, font la sourde oreille. Qu’est-ce à dire ?
Après tout ce temps, presque perdu, dans un soi-disant « processus de paix » qui peine à prendre de l’envol, il est temps pour la RDC de lever une autre option. Agressée, c’est à elle de se défendre et non attendre un hypothétique sauvetage des partenaires sous-régionaux avec qui elle ne partage pas forcément le même agenda.
En évoquant des «pesanteurs fonctionnelles» qui plombent l’efficacité de la force régionale de l’EAC, le Président de la République s’est certainement rendu compte de la nécessité de changer d’approche dans la résolution de l’équation sécuritaire de l’Est de la RDC.
Si seulement la vie n’était qu’une répétition générale et qu’on avait le temps de recommencer, on pourrait s’entraîner encore et encore jusqu’à ce que tout soit parfait. Malheureusement, chaque jour de notre vie est une représentation unique. Il semble que même quand on a la chance de répéter, de se préparer et de s’entraîner, on n’obtient jamais les mêmes résultats. Raison de plus d’explorer d’autres pistes pour sortir du cycle infernal des rencontres et sommets qui finissent par nous endormir. La RDC doit se doter de moyens de sa défense. C’est sa seule voie de survie pour imposer sa souveraineté sur son territoire national.
En prenant l’habitude de caresser tout problème, il deviendra vicieux. L’attitude de Kinshasa, celle de s’accrocher à la voie diplomatique, a l’effet d’un somnifère. Pas la peine de rester dans la même logique.

Econews