À l’issue du 9ème Sommet de la CIRGL tenu à Kinshasa, les États membres ont adopté une position historique : pour la première fois, la région reconnaît clairement «le pays agresseur» de la République Démocratique du Congo. Une rupture diplomatique majeure portée par la nouvelle présidence congolaise de l’organisation.
La RDC a assumé la présidence de la CIRGL lors du sommet de Kinshasa, un mandat de deux ans qui place le Président Félix Tshisekedi à la tête de l’institution et confère à Floribert Anzuluni Isiloketshi, Ministre de l’Intégration Régionale, un rôle stratégique au sein des instances intergouvernementales.
Face à une opinion lassée par dix-neuf ans de conflits persistants dans l’Est, lors d’un briefing presse, lundi 17 novembre, le Ministre de l’Intégration régionale a recentré le débat : « Le problème ne réside pas dans la CIRGL, mais dans la violation, par un État en particulier, des engagements du Pacte. »
Pour le ministre, il ne s’agit pas de transformer la présidence en instrument de représailles, mais de rétablir un cadre de responsabilité et de dialogue sincère entre les États membres.
Une Déclaration finale sans équivoque
Le point le plus marquant du sommet est contenu dans la Déclaration finale adoptée par les Chefs d’État. Le texte exige « le retrait sans délai du territoire congolais des troupes du pays agresseur ». Une formulation inhabituelle, qui tranche avec les prudences diplomatiques souvent observées dans la région.
Le Ministre Anzuluni l’a confirmé sans détour : « Ce pays, le Rwanda pour être clair, est officiellement et explicitement reconnu comme agresseur de la RDC. »
Cette reconnaissance, alignée sur la Résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU, entérine au niveau régional ce que Kinshasa dénonçait depuis des années : le soutien rwandais au M23 et l’occupation de portions du territoire congolais.
Un tournant aux implications régionales
Cette avancée diplomatique ouvre une nouvelle séquence pour la sécurité et la coopération dans les Grands Lacs. Pour la RDC, ce consensus constitue à la fois un levier de pression politique sur Kigali, un outil de revitalisation des mécanismes du Pacte de sécurité et de stabilité et une base plus solide pour relancer les initiatives de paix et d’intégration économique.
Kinshasa veut faire de ce moment non pas une simple victoire diplomatique, mais le point de départ d’un cadre plus clair, plus exigeant et véritablement orienté vers la paix.
Tighana M.

