Kinshasa et les Nations Unies se sont mis d’accord sur le retrait de la Monusco (Mission des Nations Unies pour la stabilisation en RD Congo) qui prend effet à partir du mois d’avril prochain à partir des positions des troupes onusiennes dans la province du Sud-Kivu.
Si l’ONU n’a pas fixé de date limite pour le retrait complet de la Monusco, le chef de la diplomatie congolaise, Christophe Lutundula, espère que le processus sera achevé d’ici la fin de l’année 2024.
Lors d’une conférence de presse conjointe samedi à Kinshasa, le chef de la diplomatie congolaise et la cheffe de la Monusco, Bintou Keita, ont affirmé leur volonté d’œuvrer pour un retrait «exemplaire» de la force onusienne.
La marche est en marche
Malgré ses inquiétudes sur les violences persistantes dans l’Est de la RDC, le Conseil de sécurité des Nations unies a lancé en décembre le retrait anticipé et progressif de la Monusco, comme réclamé par Kinshasa.
Depuis des mois, le gouvernement congolais demandait le retrait «accéléré » des Casques bleus présents dans le pays depuis 1999, les jugeant inefficaces pour protéger les civils face aux groupes armés.
Première phase : fin avril
La Monusco, qui compte actuellement quelque 13.500 militaires et 2.000 policiers, est encore présente dans les trois provinces les plus troublées de l’Est congolais, le Sud-Kivu et le Nord-Kivu ainsi que l’Ituri.
Son retrait doit s’opérer en trois phases et faire l’objet d’une évaluation régulière dont dépendra la poursuite de sa mise en œuvre. La première phase planifie le retrait complet des Casques bleus du Sud-Kivu d’ici fin avril.
Le processus n’en est pas encore à «voir des militaires monter dans des avions», mais «le retrait a commencé dans le sens où nous sommes à pied d’œuvre », a déclaré le ministre des Affaires étrangères congolais, Christophe Lutundula.
Selon Bintou Keita, la première des 14 bases de la Monusco dans le Sud-Kivu sera fermée le 15 février au plus tard et remise aux forces de sécurité congolaises. Il s’agit de celle de Kamanyola, à la frontière burundaise.
«Normalement le 31 décembre (Ndlr : 2024) nous serons à la fin du processus de retrait », a en revanche indiqué Christophe Lutundula. «Nous nous battons pour que tout soit fait à la fin de cette année », a-t-il insisté.
Pour sa part, l’ONU s’est montrée évasive sur la durée exacte de ce processus de retrait.
Dossier acté en Conseil des ministres
Toujours est-il que, vendredi en Conseil des ministres, le vice-Premier ministre (VPM) Christophe Lutundula a présenté les grandes lignes de la mise en œuvre du Plan de désengagement de la Monusco. Ce faisant, il a indiqué que le Gouvernement doit maintenant « se focaliser sur les actions prioritaires à réaliser au regard des défis à relever en vue du transfert des tâches de la Monusco aux institutions nationales, d’une part, et pour une mise en œuvre réussie du plan de retrait de la Monusco de République Démocratique du Congo, en commençant par la province du Sud-Kivu qui constitue la phase 1 de ce processus (de janvier au 30 avril 2024), d’autre part ».
Selon le VPM Lutundula, il s’agit, notamment «du renforcement des effectifs des FARDC et de la Police nationale congolaise, de la prise en charge du mécanisme de la protection des civils et de la gestion des conflits communautaires ainsi que la poursuite des processus politiques auxquels la République Démocratique du Congo a souscrit ».
Par ailleurs, le VPM Lutundula a souligné qu’il est prévu d’organiser une communication conjointe Gouvernement – Monusco à toutes les étapes du processus du retrait accéléré, progressif et responsable de la Monusco.
7 millions de déplacés
Le retrait de la Monusco ne signifie pas «la fin de la guerre », a-t-il souligné, en évoquant en particulier «l’agression» dont Kinshasa accuse le Rwanda, qui soutient la rébellion du M23 active depuis deux ans dans le Nord-Kivu. «Le secret, c’est le renforcement de la puissance de notre armée», a estimé le ministre.
La cheffe de la Monusco a, de son côté, rappelé qu’il y avait en RDC «près de 7 millions de déplacés, dont 5,5 millions dans l’Est » qui ont besoin de protection. C’est un chiffre «faramineux», selon Bintou Keita, qui a appelé «tous les groupes armés à déposer les armes» pour que «ces personnes puissent rentrer chez elles ».
Tighana MASIALA