Sollicité par Reuters, le groupe suisse Glencore, spécialisé dans la production et la commercialisation des matières premières, a démenti avoir l’intention de céder «tout ou partie» de ses activités en République Démocratique du Congo (RDC). Selon un porte-parole de l’entreprise, cité par l’agence de presse britannique, réputée pour sa proximité avec les marchés financiers internationaux, notamment la Bourse de Londres, aucune banque d’investissement ou société de conseil n’a été mandatée pour une telle opération.
Glencore a ainsi démenti les informations publiées plus tôt dans la journée du 14 février 2025, par le Financial Times, quotidien économique et financier britannique de référence. Toutefois, le groupe anglo-suisse a reconnu avoir reçu en 2024 une offre non sollicitée d’un potentiel investisseur du Moyen-Orient, tout en précisant qu’il l’avait rejetée.
Au moins un pays du Moyen-Orient cherche à établir des chaînes d’approvisionnement durables en minerais de la transition énergétique avec la RDC. En janvier 2024, l’Arabie saoudite a signé un protocole d’accord avec Kinshasa, visant à améliorer la recherche, l’exploitation et la transformation des minéraux au niveau local, afin de soutenir la transition énergétique.
DES ACTIFS ENTACHES DE SOUPÇONS
Les autorités congolaises n’ont pas encore réagi publiquement à cette actualité, laissant en suspens l’impact potentiel de ces révélations sur leurs relations avec Glencore. L’enjeu du renouvellement des licences de Kamoto Copper Company (KCC), la filiale la plus importante du groupe suisse en RDC, ne se pose plus. Les permis de KCC, détenu désormais à 70 % par Glencore (Gécamines a obtenu une participation supplémentaire de 5%), ont été renouvelés en 2024 pour une période de 15 ans. De même, les licences du site de Mutanda (détenu à 95 % par Glencore) restent valides pour la même durée.
Dans la communauté des investisseurs, la perspective d’un éventuel départ de Glencore de la RDC semble rassurer certains acteurs. Après l’annonce du Financial Times, l’action du groupe a bondi de 4,8 % avant de clôturer sur une hausse de 3%, bien que l’information ait été démentie. Les accusations de corruption et les conflits avec l’administration fiscale autour de taxes et redevances non payées entretiennent un climat d’incertitude pour certains actionnaires, qui voient un retrait du pays comme une opportunité.
Il faut rappeler qu’en 2024, Glencore a accepté de payer 152 millions de dollars US pour des actes de corruption en RDC. La même année, l’administration fiscale congolaise lui a exigé le paiement de 895 millions de dollars US, correspondant au total des retenues à la source sur les sommes que le groupe aurait versées à Dan Gertler. Cet homme d’affaires israélien, associé à plusieurs scandales de corruption en RDC, est présenté comme un «partenaire commercial» de Glencore.
BAISSE DE LA PRODUCTION
À l’inverse, les opérations de Glencore en RDC pourraient ne plus être stratégiques à l’horizon 2039. Malgré un solide quatrième trimestre (68.800 tonnes), la production de cuivre à Kamoto et Mutanda a reculé de 7 % en 2024 (224.500 tonnes), après une baisse de 5 % en 2023. Il s’agit de la troisième année consécutive de déclin, selon des données consultées par Bankable. La production de cobalt a également enregistré un recul de 10 % en 2024, atteignant 35 100 tonnes, soit sa plus forte baisse depuis 2022.
Les mines congolaises de Glencore arrivent progressivement en fin de cycle. Kamoto ne dispose plus que de quinze ans de durée de vie, soit exactement la période couverte par les permis récemment renouvelés jusqu’en 2039. À Mutanda, le permis expire en 2037, et une exploitation prolongée jusqu’en 2040 ne serait envisageable qu’à condition d’obtenir l’autorisation d’investissements complexes.
Toutefois, même si ces éléments peuvent inciter les actionnaires de Glencore à faire pression pour une cession des actifs congolais, la décision mérite réflexion. Les dernières évaluations du potentiel en ressources indiquent que les permis de Mutanda abriteraient encore 3,8 millions de tonnes de cuivre et 1,2 million de tonnes de cobalt, des réserves quasiment prouvées.
Avec bankable.africa