Dimanche, lors de sa messe solennelle marquant le début de son pontificat, le pape Léon XIV – premier souverain pontife américain de l’Histoire – a fustigé « une économie qui marginalise les pauvres ». Des dizaines de milliers de fidèles et plus de 150 délégations étrangères ont assisté à cette cérémonie riche en symboles, placée sous haute sécurité. Après s’être recueilli sur la tombe de Saint-Pierre, le nouveau pape, Robert Francis Prevost, 69 ans, a parcouru la place Saint-Pierre en papamobile, avant d’appeler à une société plus juste.
La messe d’inauguration du pontificat de Léon XIV, devenu le 8 mai le premier pape américain de l’Histoire, a débuté dimanche peu après 10 heures sur la place Saint-Pierre au Vatican, en présence de dizaines de milliers de fidèles et de plus de 150 délégations étrangères.
Après s’être recueilli sur la tombe de Saint Pierre, Robert Francis Prevost, 69 ans, est entré en procession avec les patriarches orientaux sur le parvis de la gigantesque place, devant un parterre de dirigeants étrangers. À 9 heures, il a pris son premier bain de foule en papamobile place Saint-Pierre.
La messe solennelle, riche en rites et symboles, est encadrée par un lourd dispositif de sécurité et marque le début officiel du pontificat.
REMISE DU PALLIUM ET DE L’ANNEAU DU PECHEUR
Léon XIV est officiellement le successeur de l’apôtre. Une succession directe, verticale, symbolisée par la remise du pallium et de l’anneau du pêcheur. Le pallium, constitué de laine d’agneau, concrétise le rôle pastoral du pape. Les cinq croix qui y figurent représentent les cinq plaies, les cinq stigmates de la Passion du Christ.
Trois épingles d’or, pour évoquer les clous plantés dans la chair du Christ, ont été ensuite incrustées dans la chasuble du pape.
Le nouveau souverain pontife a ensuite reçu l’anneau du pêcheur. Un anneau à l’effigie de l’apôtre Pierre que seul le pape peut porter à l’annulaire droit. Il sera rayé ou brisé à la mort de Léon XIV, pour éviter toute usurpation d’identité.
Le pallium est un vêtement liturgique en laine d’agneau. Il évoque le Bon Pasteur, qui prend la brebis perdue sur ses épaules, et la triple réponse de Pierre à la demande de Jésus ressuscité de paître ses agneaux et ses brebis. Comme l’écrit Siméon de Thessalonique dans De sacris ordinationibus, ce vêtement «symbolise le Sauveur qui, nous rencontrant comme la brebis perdue, l’a portée sur ses épaules, et prenant notre nature humaine dans l’Incarnation, l’a déifiée, par sa mort sur la croix nous a offerts au Père, et par sa résurrection nous a exaltés». Il s’agit d’une ceinture étroite qui repose sur les épaules, au-dessus de la chasuble. Elle est ornée de six croix de soie noire -une sur la poitrine, une autre sur le dos et quatre sur l’anneau qui repose sur les épaules- et est garnie, à l’avant et à l’arrière, de trois épingles (acicula) représentant les trois clous de la croix du Christ.
L’anneau du pêcheur a la valeur spécifique de l’épingle qui authentifie la foi, tâche confiée à Pierre pour confirmer ses frères. Il est appelé «anneau du pêcheur» parce que Pierre est l’apôtre qui, ayant eu foi en la parole de Jésus, a tiré de la barque les filets de la pêche miraculeuse jusqu’au rivage.
PAIX ET JUSTICE SOCIALE
Le pape Léon XIV, sensible à la justice sociale, a dénoncé dans son homélie une économie «qui exploite les ressources de la Terre et marginalise les plus pauvres». «Nous voyons encore trop de discorde, trop de blessures causées par la haine, la violence, les préjugés, la peur de l’autre, par un paradigme économique qui exploite les ressources de la Terre et marginalise les plus pauvres», a déclaré en italien le pape de 69 ans.
Cette messe devrait donner le ton de son pontificat, au terme d’une première semaine chargée lors de laquelle il a appelé à la paix, au dialogue et à davantage de justice sociale.
JD VANCE ET MARCO RUBIO
Le vice-président américain JD Vance – dernier dirigeant à rencontrer le pape François, le 20 avril à la veille de sa mort – est présent aux côtés du secrétaire d’État Marco Rubio, ces deux responsables étant d’ailleurs de fervents catholiques.
L’élection de Léon XIV, natif de Chicago, a suscité un vif enthousiasme aux États-Unis même s’il s’était opposé à la politique antimigratoire de l’administration Trump, notamment sur son compte X, supprimé depuis.
Etaient également présents les présidents ukrainien Volodymyr Zelensky, israélien Isaac Herzog et nigérian Bola Ahmed Tinubu, ainsi que leur homologue péruvienne Dina Boluarte. Le chancelier allemand Friedrich Merz, le premier ministre français François Bayrou, la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni étaient aussi présents place Saint-Pierre.
CEREMONIAL MILLIMETRE
Du côté des têtes couronnées, le roi et la reine Philippe et Mathilde de Belgique, Felipe VI et Letizia d’Espagne, le prince Edouard d’Edimbourg avaient, entre autres, marqué leur présence.
Bien qu’aucun pape n’ait été couronné lors d’une messe d’investiture depuis Paul VI en 1963, l’événement demeure grandiose et empreint de traditions. À l’issue de la cérémonie, le pape saluera une par une les délégations des chefs d’État à l’intérieur de la plus grande église du monde.
5.000 membres des forces de l’ordre
Comme pour les funérailles de François le 26 avril, les autorités italiennes ont annoncé des mesures de sécurité drastiques avec 5.000 membres des forces de l’ordre et 2.000 volontaires de la protection civile déployés dans la capitale italienne. Des tireurs d’élite, des plongeurs, une couverture aérienne de l’armée de l’air et des opérations anti-drones sont également mis en place.
Les fidèles et visiteurs ont suivi la cérémonie sur des écrans géants installés sur la Via dalle Conciliation, la grande avenue menant au Vatican.
ENGAGEMENT SOCIAL
Au cours de sa première semaine en tant que pape, Léon XIV a profité de ses audiences pour lancer ses premiers appels, de la libération des journalistes emprisonnés à la proposition de médiation aux belligérants du monde entier.
Devant le corps diplomatique vendredi, il a insisté sur son engagement social et appelé à lutter contre les «inégalités mondiales» et les «conditions de travail indignes», dans la lignée de Léon XIII (1878-1903), artisan de la doctrine sociale de l’Église.
Sur une note plus légère, le pape, passionné de tennis, a également reçu au Vatican le N.1 mondial, l’Italien Jannik Sinner, qui lui a offert une raquette.
Avec AFP