De campagne en campagnes !

Le lancement par le ministère de l’Intérieur de la  »Campagne Nationale  Pour Notre Sécurité Respectons Tous la Loi et les Règles » destinée à lutter contre toutes les formes d’incivilités allant de l’occupation anarchique des emprises de la voie publique par des commerces en tout genre, des garages et marchés pirates à la corruption à ciel ouvert des agents qualifiés, ou encore la traversée par les piétons des grandes artères hors du marquage, les nuisances sonores générées par les débits de boissons et la multitude d’églises…Immense chantier auquel s’attaque Shabani Lukoo sur les traces de ses prédécesseurs qui dans leur ensemble se sont heurtés à une population qui a résolument tourné le dos à la « culture de la ville « . Une place de choix est réservée à l’incivisme routier, où les autorités bravent le code de la route  en roulant à contresens. On ne compte plus les incidents journaliers impliquant ministres, haut gradés de l’armée et de la police, conseillers à la présidence de la république qui se collètent avec des agents qualifiés déterminés à faire respecter la loi en dépit des menaces de ceux qui sont censés montrer l’exemple. Ville tentaculaire à l’expansion anarchique, Kinshasa dépourvue d’un système d’évacuation des ordures ménagères croule sous des montagnes d’immondices qu’à leur corps défendant ses habitants n’ont pas d’autre alternative que de créer des décharges sauvages à la base de maladies éradiquées depuis longtemps sous d’autres cieux. 

Hasard du calendrier ou pas, la campagne  du ministère de l’Intérieur coïncide avec le retour de la saison pluvieuse. Les quelques millimètres déjà tombés préfigurent d’ores et déjà des jours difficiles. L’Hôtel de ville sous la houlette du gouverneur Daniel Bumba avait aussi lancé  »sa campagne » d’assainissement à grand renfort d’une campagne médiatique depuis le pont Yolo sur le boulevard Lumumba (1ère Rue Limete). Cependant à peine amorcée, l’initiative semble essoufflée. 

Rien d’étonnant. Les Kinois désabusés ont l’habitude des chantiers inachevés. Ils attendent la peur au ventre les immanquables inondations, les caniveaux et collecteurs ensablés constituant un barrage à l’écoulement des eaux. Fatalistes, les plus des dix millions d’habitants de la ville de Kinshasa constatent avec amertume que les années se suivent et se ressemblent. Et les autorités urbaines et nationales ne font pas exception. Alors, ils prient avec force attendant le retour du Christ qui, lui, saura peut-être rendre à l’ex-Léopoldville sa belle robe d’antan.              

Mwin Murub Fel

 

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