Le procès d’Olivier Mpunga est à sa deuxième audience à la Cour militaire de la garnison de Kinshasa/Gombe. Mardi, les rapports de l’autopsie et de la Police scientifique, lus devant la Cour par le ministère public, font état d’un « meurtre », contrairement à la version des faits présentés par le chef du département des opérations de la Direction générales des renseignements et services spéciaux, le commissaire supérieur principal Samuel Mopepe. Olivier Mpunga, 32 ans, est décédé dans les conditions, non encore élucidées, dans les locaux des services spéciaux de la Police nationale congolaise.
Pas de doute, la mort d’Olivier Mpunga, retrouvé mort dans les locaux des services spéciaux de la Police nationale congolaise, est un «meurtre ». C’est la conclusion des rapports d’autopsie de la Police scientifique, présentés mardi, devant la Cour militaire de la garnison de Kinshasa, par le ministère public Ce qui remet en cause la version du chef de département des opérations de DGRS, le commissaire supérieur principal Samuel Mopepe.
Le procès en flagrance de quatre policiers accusés d’avoir torturé à mort dans la nuit de jeudi à vendredi Olivier Mpunga, un jeune détenu de 32 ans, s’est poursuivi mardi devant la Cour militaire de la garnison de Kinshasa/Gombe. La victime avait été arrêtée pour vol de voiture.
À la barre, certains des prévenus ont reconnu avoir infligé à la victime un traitement inhumain.
Nzita Mananga, l’un des policiers, est passé hier aux aveux, sans remords : « C’est moi qui ai reçu Olivier Mpunga à son arrivée à la direction des renseignements généraux et des services spéciaux, accompagné du plaignant Ikamba et d’un policier ».
L’officier de police judiciaire a ensuite expliqué avoir, avec l’aide de ses collègues, ligoté Mpunga avec la chemise que ce dernier portait et lui avoir ôté son pantalon. Les sévices ont alors débuté. Difficile pour lui de nier les faits alors que les images ont été largement diffusées sur les réseaux sociaux.
Selon Me Peter Kazadi, impossible d’avancer l’argument du suicide : « Nous venons d’assister à l’audience. Les prévenus sont pratiquement passés aux aveux. Ils ont avoué lui avoir administré des coups. Nous, nous pensons beaucoup plus à un meurtre, sinon un assassinat ».
«À travers la sanction que va prononcer la Cour militaire, cela pourrait avoir un impact positif sur les comportements d’autres officiers qui seraient tentés de se comporter de la même manière », a poursuivi Me Peter Kazadi, avant de se retirer mardi de la partie civile en raison de son statut de député provincial, élu de Kinshasa.
Pour les parties civiles, l’issue de ce procès en flagrance devra servir de leçon pour tous les autres hommes en uniforme qui croient pouvoir torturer en toute impunité.
HRW prend note
Human Rights Watch (HRW) a noté qu’Olivier Mpunga est mort entre les mains de la Police. L’organisation internationale exige que toutes les personnes impliquées dans ces actes de torture qui ont conduit à sa mort soient jugées à l’issue du procès débuté lundi.
Elle recommande au gouvernement congolais de prendre toutes les mesures appropriées pour mettre fin à la pratique de la torture par ses forces de sécurité. « Il doit y avoir des conséquences pour ceux qui pratiquent encore la torture », dit HRW.
Patrick Muyaya, ministre de la Communication et des Médias, porte-parole du gouvernement n’a pas caché sa peine. «Tous les auteurs présumés seront jugés en flagrance pour que cela serve d’exemple. Les règles d’engagement recommandent le respect strict des droits humains», a dit le porte-parole du gouvernement. Et d’ajouter: «Il n’y a rien de plus troublant que perdre un jeune de 32 ans. Toute la solidarité à sa famille. Justice doit être faite», a-t-il dit lundi sur les antennes de la RTNC.
La PNC a, pour sa part, annoncé, que les auteurs présumés ont été appréhendés et déférés devant l’OMP. Elle dit également condamner «le recours aux actes de tortures» qui sont, d’après elle, des «actes isolés n’engageant pas tout le corps».
Les vidéos montrant l’infortuné menotté et tabassé ont fait le tour du web congolais depuis samedi.
Premier officiel à se prononcer, le ministre des Droits humains a dit sa consternation et a condamné « fermement et énergiquement cet acte ignoble et odieux et rappelé le caractère sacré de la vie humaine ».
La DGRSP au banc des accusés
L’accusation est du député provincial Gérard Mulumba. L’élu de Limete qui se dit peiné précise que « les faits ne se sont pas déroulés à l’Inspection provinciale de la Police de Kinshasa (IPKIN), mais plutôt au sein de la Direction générale des renseignements et services spéciaux (DGRSP) de la Police, juste à côté ».
Il dénonce le fait que «l’on tente de maquiller les faits (en disant qu’il s’est suicidé). La vie humaine est sacrée. On a tous vu les images de ses tortures».
Il exige, lui aussi, «l’ouverture d’une enquête. Tous les coupables doivent être poursuivis et arrêtés».
Pour rappel, quatre policiers dont le commissaire supérieur principal Samuel Mopepe, chef de département des opérations à la Direction générale des renseignements et services spéciaux et le commissaire Nzita Mananga ont comparu lundi devant la cour militaire siégeant en procédure de flagrance.
Le parquet militaire poursuit ces quatre prévenus pour «torture ayant provoqué la mort » d’Olivier Mpunga dans la nuit de jeudi à vendredi alors qu’il était en détention dans les locaux de la Direction des renseignements généraux de la police, a déclaré l’officier du ministère public. L’audience se poursuit ce mercredi 22 décembre 2021.
Francis M.