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Démocratie en sursis

La nouvelle est tombée comme un couperet, lourde de sens et de conséquences : la condamnation à mort de Joseph Kabila, Président honoraire de la République Démocratique du Congo. Au-delà de l’onde de choc émotionnelle, cette décision judiciaire résonne comme un mauvais présage pour la démocratie africaine et assombrit l’horizon politique du continent.

Ce verdict représente un coup dur sans précédent porté à l’alternance démocratique de janvier 2019, cet espoir fragile qui avait vu Félix Tshisekedi accéder au pouvoir. Qu’un ancien Chef d’État, qui a cédé son fauteuil dans un contexte d’alternance – même controversée – se retrouve menacé de la peine capitale, envoie un signal glaçant. On ne peut s’empêcher de craindre que cette lourde décision ne consacre, de fait, la présidence à vie en Afrique. Pourquoi un dirigeant accepterait-il de quitter le pouvoir si son lendemain, son honneur et sa sécurité ne sont plus garantis ? Le risque est immense de voir les leaders s’accrocher coûte que coûte, par peur du sort réservé à leurs prédécesseurs.

En interne, la RDC entre, par cette condamnation, dans une zone d’incertitudes et de division malvenue. Alors que le pays a un besoin vital d’unité et de cohésion nationale pour panser ses plaies historiques et envisager l’avenir avec sérénité, cette sentence ravive des tensions et polarise le débat public. Elle fracture la fragile entente que beaucoup espéraient voir se construire pour le développement du pays.

Condamner Joseph Kabila à mort, c’est aussi jeter brutalement dix-huit ans de règne à la poubelle de l’histoire. C’est enterrer, de la plus vile des manières, toute une partie de l’histoire récente de la RDC. On ne peut effacer deux décennies par un trait de plume ou un coup de marteau judiciaire. Il est essentiel que la mémoire nationale, même celle des périodes les plus contestées, soit traitée avec la distance et la complexité nécessaires, sans tomber dans la damnation totale qui empêche de tirer des leçons objectives du passé.

Ce verdict, par sa lourdeur et son timing, est une alerte pour l’Afrique. Il pose une question fondamentale sur la maturité de nos démocraties et la garantie d’un État de droit, même pour ceux qui ont exercé le pouvoir. L’avenir s’assombrit, et la nécessité d’établir des garde-fous clairs pour protéger les institutions et les anciens présidents devient, plus que jamais, une urgence continentale.

Econewsrdc