Le prix Nobel de la paix 2018, le docteur Denis Mukwege, a indiqué avoir reçu, samedi 16 septembre, de ses partisans 100.000 dollars US pour une éventuelle candidature à la présidentielle du 20 décembre en RDC. S’il ne s’est pas encore clairement prononcé pour la présidentielle de décembre, le Nobel de la paix pense néanmoins que «quand le peuple décide de prendre le pouvoir, il n’y a aucun système qui peut s’opposer ».
Venus en nombre jusqu’à son hôpital à Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, des membres de la Société civile (associations des femmes, organisations locales, syndicats) ont remis à Denis Mukwege un chèque de 100.000 dollars US, montant de la caution nécessaire pour pouvoir se présenter à la présidentielle.
Sur des banderoles, on pouvait lire : «Dr Denis Mukwege, le peuple congolais vous réclame». Prix Nobel de la paix pour son action en faveur des femmes violées, Denis Mukwege, 68 ans, n’a cependant pas dit s’il se porterait candidat.
«Nous sommes balkanisés »
«Je connais toute la souffrance que notre population vit au quotidien, [que cette] population soit capable de cotiser 100.000 dollars pour moi, ça veut dire simplement que vous n’allez plus reculer. Vous êtes déterminés à être un peuple libre, vous voulez être indépendant », a-t-il lancé à ses partisans. « Quand le peuple décide de prendre le pouvoir, il n’y a aucun système qui peut s’opposer à lui », a-t-il ajouté.
Le Dr Mukwege, l’une des voix critiques du pouvoir du président Félix Tshisekedi, a de nouveau vilipendé la diplomatie du chef de l’État, lui reprochant notamment d’avoir fait appel à des armées d’Afrique de l’Est pour affronter la rébellion du M23 qui, avec le soutien du Rwanda selon de nombreuses sources – ce que Kigali dément -, s’est emparé de vastes zones du Nord-Kivu.
«Nous sommes déjà balkanisés (…) les Burundais contrôlent toute la plaine de la Ruzizi jusqu’au Haut plateau», les régions de «Rutshuru, Beni, Ituri sont sous le contrôle des Ougandais, les Kényans contrôlent aussi aujourd’hui toutes nos banques », a-t-il dit.
Des journalistes arrêtés
La présidentielle à un seul tour est prévue le 20 décembre. Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis janvier 2019, est candidat à un second mandat de cinq ans. Les candidats à la magistrature suprême ont jusqu’au 8 octobre pour s’inscrire.
Le climat politique est tendu à trois mois du scrutin. Des poursuites et arrestations des membres de l’opposition et des journalistes se multiplient dans le pays. Au moins trois journalistes, dont Stanis Bujakera Tshiamala, le correspondant de Jeune Afrique, ont été interpellés ou placés en détention ces derniers jours. Jeune Afrique dénonce une atteinte grave à la liberté de la presse en RDC et demande sa libération immédiate.
Avec Jeune Afrique