Déroute de Congo Airways : RD Congo, tant que…

« La compagnie aérienne nationale du Kenya, Kenya Airways, a repris ses deux avions donnés en leasing (en location) avec option d’achat à Congo Airways, pour insolvabilité de la part de la compagnie congolaise », a-t-on appris, avec grande tristesse.

Si le Congo peut « gaspiller » plus de 400 millions de dollars US pour le programme présidentiel, dit de 100 jours, dont on n’a pas vu de réalisations équivalent à ce montant déboursé – la grande partie de cet argent a été empochée par quelques individus qui se la coulent douce impunément au pays et à l’étranger – pourquoi ne peut-il pas acheter en cash deux ou trois avions, même d’occasion, pour le prestige du pays ?

Comment le Kenya et l’Éthiopie peuvent-ils disposer de flottes aériennes de loin plus importantes que celle du grand Congo ? Dans quel secteur trouve-t-on aujourd’hui la « grandeur » du pays ? Comment le Congo peut-il échouer, d’année en année, dans tous les domaines jusqu’à ce que « mboka ekufa » ?  Les Congolais seraient-ils devenus des éternels losers ?

Ces derniers doivent se ressaisir par un sursaut d’orgueil patriotique et donner un avenir radieux à leur pays.

Mais tant que l’objectif de vie de tout Congolais (fonctionnaire, politicien, militaire, journaliste, enseignant, pasteur, commerçant, etc.) sera de s’enrichir – vite et massivement – par tout moyen, licite ou illicite, pour ses plaisirs personnels et au détriment des intérêts de l’Etat, de ses concitoyens; tant que le Congolais n’apprendra pas à investir utilement; tant que la corruption et le détournement de fonds et autres biens publics ne seront pas considérés comme des actes immoraux et déshonorants; tant que l’intégrité morale ne sera pas érigée en valeur cardinale; tant que la religion, dont la vocation première est justement d’amener les gens à cette intégrité morale, sera un moyen d’enrichissement matériel et d’envoûtement, d’abrutissement des populations par des prédicateurs de douteuse… moralité; tant que la religion au Congo ne redeviendra pas un domaine des valeurs, de modestie, une activité d’élévation spirituelle, de recherche de Dieu, de quête de sagesse, de partage d’amour et de paix, et de confiante attente de la parousie; tant que le népotisme, le tribalisme et le régionalisme primeront sur la compétence comme critères de recrutement pour les charges publiques; tant que les réseaux routiers et ferroviaires, dans les villes comme dans l’arrière-pays, resteront à l’état où ils se trouvent aujourd’hui; tant que l’on s’amusera à susciter des guerres tribales ou ethniques sans objectifs rationnels qui endeuillent et détruisent le pays en désarticulant notamment son économie; tant que l’armée, la police et les services de renseignement se mettront plus au service des intérêts privés que de sécuriser les Congolais et de protéger le pays; tant que l’eau et l’électricité publiques demeureront des denrées rares, inaccessibles au plus grand nombre de personnes et d’entreprises; tant qu’on dépensera l’argent public pour des cérémonies inutiles et des activités improductives; tant que les bruits des bars et des églises empêcheront toute concentration intellectuelle productrice et priveront les Congolais de quiétude, de sommeil suffisant et de qualité médicalement recommandé; tant que le niveau de l’enseignement continuera à baisser; tant que nos universités ne produiront pas des meilleurs scientifiques, des ingénieurs de très haut niveau; tant que la capacité managériale – de gestion orthodoxe de l’Etat – sera déficitaire à tous les niveaux, dans toutes les institutions; tant que tout le monde arrivera toujours tard à son lieu de travail et n’y passera que très peu de temps; tant que la prévoyance et l’anticipation ne feront partie de la culture et du vocabulaire du gestionnaire congolais; tant que les flatteurs et les délateurs seront préférés aux collaborateurs travailleurs, compétents et sincères; tant que les députés et les sénateurs continueront à monnayer leurs votes; tant que tous les organes de contrôle de gestion des biens de l’Etat seront complaisants et corrompus; tant que la Justice sera politiquement instrumentalisée ou rendra ses arrêts à la tête (financière) des « clients », des parties au procès, le Congo ne progressera jamais. Jamais !

Wina Lokondo (CP)