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D’ici 2030, 14 % des pauvres du monde seront congolais : comment éviter une telle catastrophe ? (Par Dr. John M. Ulimwengu)

Selon les projections de la Banque mondiale, la République démocratique du Congo comptera, d’ici 2030, près de 110 millions de personnes vivant dans l’extrême pauvreté — soit environ 14 % des pauvres du monde. Ce constat tragique dépasse les chiffres : il interroge la conscience morale, politique et spirituelle d’une nation bénie par la nature, mais trahie par ses institutions. La pauvreté congolaise n’est pas seulement un manque de ressources, mais un effondrement du sens du bien commun, de la justice et de la responsabilité collective. Elle résulte d’une gouvernance fragmentée, d’une économie de prédation et d’une perte de repères éthiques. Pourtant, cette tragédie n’est pas un destin. Le Congo peut inverser la tendance par une refondation morale et institutionnelle, un leadership visionnaire, et une économie centrée sur le travail, l’éducation et la cohésion sociale. Le renouveau viendra de la base : des communautés locales, des jeunes, des femmes et de la diaspora, porteurs d’une espérance active. La pauvreté est un défi moral autant qu’économique, un appel à la renaissance du Congo et de son âme. Car relever le Congo, c’est contribuer à relever l’humanité tout entière. Son redressement n’est pas seulement une priorité nationale — c’est une urgence planétaire.

Selon les dernières projections de la Banque mondiale, la République démocratique du Congo (RDC) comptera, d’ici 2030, près de 110 millions de personnes vivant dans l’extrême pauvreté, soit environ 14 % des pauvres du monde (https://blogs.worldbank.org/en/dev4peace/when-poverty-meets-fragility–why-the-next-decade-of-global-pove). Ce chiffre, à lui seul, a la force d’un séisme moral et d’un avertissement historique. Il dit tout d’une humanité qui, au cœur de l’Afrique, laisse s’enraciner la misère là même où la nature a semé l’abondance.

Cette perspective vertigineuse ne peut laisser personne indifférent. Elle n’est pas une simple donnée statistique, mais un cri silencieux émanant des profondeurs d’un peuple qui survit plus qu’il ne vit. Elle questionne la conscience morale de la nation congolaise et, au-delà, celle du monde entier : comment avons-nous pu collectivement accepter que tant de richesses cohabitent avec tant de souffrances ?

  1. Une tragédie annoncée

La tragédie congolaise n’est pas seulement économique, elle est systémique. Elle se loge dans les replis de la politique, dans la corrosion des institutions, dans la fracture entre dirigeants et dirigés, dans la banalisation du mal et de la pauvreté. Elle traduit une rupture du lien éthique entre le pouvoir et la responsabilité, entre le citoyen et la communauté, entre la foi et la justice sociale.

Comment un pays si vaste, si richement doté en ressources naturelles, hydrauliques, forestières et humaines, en est-il arrivé à ce paradoxe où l’abondance côtoie la misère, où le fleuve le plus puissant du continent traverse des villes plongées dans l’obscurité, et où des sous-sols d’or, de cuivre et de cobalt ne parviennent pas à nourrir les enfants qui marchent au-dessus ?

La réponse dépasse la simple économie. Elle touche à la structure morale, institutionnelle et spirituelle d’une nation. La pauvreté congolaise n’est pas d’abord un manque d’argent, mais un manque d’ordre moral et de projet collectif. Elle est le produit d’un long effritement du sens du bien commun, d’un affaiblissement du contrat social, et d’une gouvernance qui a souvent préféré l’exploitation à la vision.

La RDC, pays d’immenses promesses, est devenue le théâtre d’un drame silencieux, où les contradictions s’accumulent :

  • Un pays aux terres arables infinies, mais dépendant des importations alimentaires ;
  • Un peuple jeune et dynamique, mais condamné au chômage et à l’informalité ;
  • Une nation riche en foi, mais minée par la corruption et le cynisme ;
  • Un État constitutionnel, mais encore incapable de protéger les plus faibles.

Cette tragédie n’est pas un destin. Elle est le résultat d’un enchaînement de choix — ou d’absences de choix. Pendant que les générations se succèdent, le temps politique s’use dans des calculs à court terme, et l’énergie sociale se dissipe dans la survie quotidienne. Pendant ce temps, la pauvreté se reproduit, s’hérite, s’étend — jusqu’à devenir une culture du manque, un horizon limité par la résignation.

Pourtant, dans cette ombre, subsiste une lumière : celle de la conscience collective, celle d’une jeunesse qui rêve encore, celle de femmes et d’hommes qui refusent d’abandonner l’espérance. Car si la tragédie congolaise est annoncée, elle n’est pas irréversible. Mais pour la conjurer, il faudra plus qu’un plan économique ; il faudra une renaissance morale, une refondation du rapport à la richesse, à la responsabilité, et à la communauté humaine.

La question n’est donc plus de savoir pourquoi la RDC est pauvre, mais pourquoi elle le reste, malgré tant de dons naturels et humains. Ce questionnement, à la fois moral et politique, sera le point de départ de toute réflexion sérieuse sur l’avenir du pays. Car une nation ne se libère pas seulement en extrayant ses minerais, mais en redécouvrant la valeur de l’homme, du travail, et du service.

  1. Une question d’abord morale

Avant d’être économique ou politique, la pauvreté congolaise est une question morale. Elle met à nu l’état de la conscience collective, l’épaisseur du sens de la justice, et la place réelle accordée à la dignité humaine dans la vie publique. Quand plus de cent millions de personnes vivent dans la misère au cœur d’un pays aux richesses colossales, ce n’est plus un problème de ressources, c’est un problème de valeurs.

La pauvreté est devenue, pour la RDC, un miroir de la conscience nationale. Elle révèle une société qui a perdu le sens du bien commun et qui a normalisé l’inacceptable. Car il ne suffit pas de pointer du doigt les dirigeants ou les institutions : la pauvreté endémique s’enracine aussi dans une culture de résignation et de tolérance à l’injustice, où la survie prend le pas sur la solidarité, et où la ruse remplace la vertu.

La question morale renvoie donc à une interrogation essentielle : Qu’avons-nous fait de l’homme congolais ? Celui que Dieu a créé à son image, capable de travailler, d’inventer, de bâtir, mais que les structures de domination et de négligence ont réduit à la mendicité, à la peur, ou à la dépendance.

Il n’y a pas de développement durable sans une éthique du respect de la vie et de la responsabilité. Or, la pauvreté actuelle montre que la dignité humaine a cessé d’être au centre des décisions. On bâtit des projets sans les peuples, on signe des contrats sans les communautés, on planifie sans écouter les plus pauvres. C’est ainsi que se construit une économie sans âme, un progrès sans justice, un État sans compassion.

Le défi moral qui se pose à la nation congolaise est donc celui du retour à la vérité : vérité sur les causes réelles de la pauvreté, vérité sur les complicités intérieures et extérieures qui l’entretiennent, vérité sur les responsabilités partagées. Car la corruption, la violence et la prédation ne prospèrent pas dans le vide ; elles prospèrent dans une société qui ne s’indigne plus, qui a appris à s’adapter à la souffrance au lieu de la combattre.

Mais la morale n’est pas qu’un discours ; elle est un mouvement intérieur, une conversion du cœur et des pratiques. Il s’agit d’abord de réhabiliter la valeur du travail honnête, de restaurer la confiance dans la parole donnée, et de réapprendre à servir avant de se servir. Une telle transformation ne peut venir que d’une rééducation spirituelle et civique, où les familles, les écoles, les églises, et les institutions réapprennent ensemble à former des consciences, non des opportunistes.

La pauvreté congolaise est une plaie ouverte sur le plan moral, mais aussi une chance de renaissance. Car là où le désordre moral atteint son apogée, naît souvent la soif de justice et de vérité. C’est peut-être dans cette faim spirituelle et éthique que la RDC trouvera la force de se relever — non pas seulement par des programmes de développement, mais par une révolution intérieure, où chaque citoyen se sentira comptable du destin collectif.

Car, au fond, la morale du développement n’est rien d’autre que la reconnaissance que la richesse d’un pays n’est pas dans ses mines, mais dans le caractère de son peuple. Et si demain le Congo veut briser le cycle de la pauvreté, il devra d’abord guérir de la pauvreté morale : celle qui ferme les yeux sur la misère, celle qui transforme la tricherie en intelligence, et celle qui préfère la gloire individuelle à la grandeur nationale.

  1. Une question politique et institutionnelle

Si la pauvreté congolaise est une question morale, elle est aussi — et inévitablement — une question politique et institutionnelle. Car aucun pays ne sombre dans une telle détresse sans que ses institutions aient failli à leur mission première : protéger, servir et promouvoir le bien commun.

Depuis des décennies, la République démocratique du Congo fonctionne comme un État fragmenté, où le pouvoir se vit davantage comme un privilège que comme une responsabilité. L’État, censé incarner la volonté collective, est devenu un champ de compétition pour l’accès aux rentes, plutôt qu’un instrument de justice sociale et de transformation. Ce détournement du sens politique a eu un effet dévastateur : il a vidé la citoyenneté de sa substance et transformé la gouvernance en spectacle de survie.

La pauvreté n’est donc pas une fatalité économique, mais le produit d’un désordre institutionnel prolongé. Quand l’école publique se délite, quand les hôpitaux meurent de négligence, quand la justice devient un commerce, quand la police protège les puissants et non les faibles, c’est toute la structure de l’État qui trahit son mandat. Et quand l’État trahit, le citoyen se replie : sur la famille, sur le clan, sur l’ethnie, sur la débrouille. Le lien national s’effrite, la solidarité civique s’éteint, et la nation cesse d’être un projet commun.

Il faut le dire avec lucidité : la pauvreté en RDC est administrée. Elle est entretenue par un système de dépendance mutuelle entre les élites et la misère populaire. Car la pauvreté, dans une société sans contre-pouvoirs solides, devient un outil politique : elle permet de contrôler, de manipuler, de diviser. Tant que les masses restent vulnérables, elles restent malléables. Et tant que la conscience civique demeure faible, le changement profond reste improbable.

Pourtant, aucun pays ne peut se reconstruire sur la ruse ou la peur. Il faut une refondation de la politique congolaise, non comme technique de conquête du pouvoir, mais comme vocation à servir. Cela suppose trois ruptures essentielles :

  • Rompre avec la culture du pouvoir patrimonial : L’État doit cesser d’être la propriété de quelques-uns pour redevenir la maison de tous. Les institutions doivent être dépersonnalisées, protégées des humeurs et des réseaux.
  • Rompre avec la logique de l’urgence et du clientélisme : La gouvernance doit redevenir prospective : planifier, non improviser ; construire, non distribuer ; gérer le long terme, non le court gain électoral.
  • Rompre avec l’impunité : Sans justice, il n’y a ni confiance, ni stabilité, ni paix. La corruption doit cesser d’être une stratégie de survie pour redevenir un délit moral et légalement sanctionné.

Mais la réforme institutionnelle ne viendra pas de la seule volonté du sommet. Elle exige une société mobilisée, un peuple qui réclame des comptes, une presse libre, une société civile forte, et des leaders capables de choisir la vérité plutôt que la popularité. Car les institutions ne se transforment pas par décret, mais par une mutation culturelle du rapport au pouvoir. Dans le contexte congolais, cette transformation politique doit s’enraciner dans une vision de la responsabilité partagée :

  • Le gouvernement doit garantir la sécurité, la justice et les services essentiels.
  • Le parlement doit redevenir un espace de débat et de contrôle, non un refuge d’intérêts.
  • Les églises, les universités, les syndicats, les associations doivent devenir des espaces de conscience publique, où s’élabore la vérité nationale.

La pauvreté congolaise ne reculera que si l’État congolais se reconstruit — non pas sur des slogans, mais sur des institutions solides, crédibles et équitables. C’est pourquoi la lutte contre la pauvreté est, au fond, une lutte pour la restauration du politique dans sa noblesse première : gouverner, non pour dominer, mais pour servir. Et servir, dans un pays meurtri comme la RDC, signifie relever l’homme, restaurer sa dignité, lui offrir les moyens de vivre debout. Car la grandeur d’un État ne se mesure pas à la puissance de ses élites, mais à la capacité de ses institutions à protéger le dernier de ses citoyens.

  1. Une question économique et sociale

La pauvreté congolaise est aussi, et peut-être surtout, une question économique et sociale. Car si les institutions défaillantes créent les conditions de la misère, c’est l’organisation de l’économie et des rapports sociaux qui la perpétue. Le paradoxe congolais est bien connu : un pays immensément riche dont le peuple reste désespérément pauvre. Ce paradoxe n’est pas seulement une contradiction statistique ; il est le signe d’un système économique déconnecté du réel, où la richesse produite ne bénéficie ni à ceux qui travaillent, ni à ceux qui en ont besoin.

Depuis l’indépendance, le Congo vit sous le poids d’une économie de prédation — centrée sur l’extraction, dépendante des exportations brutes, et dominée par des intérêts étrangers ou internes qui s’alimentent de l’opacité. Le cuivre, le cobalt, l’or, le diamant, le coltan : toutes ces ressources auraient pu bâtir un État moderne, une industrie nationale, une classe moyenne prospère. Mais elles ont souvent servi à enrichir une minorité et à entretenir une économie sans visage humain, où le citoyen n’est qu’un figurant dans le théâtre du développement.

La pauvreté ne réside donc pas dans l’absence de ressources, mais dans l’absence de redistribution juste et d’intégration sociale. Quand 80 % de la population active travaille dans le secteur informel, sans sécurité ni protection, quand les agriculteurs qui nourrissent le pays vivent eux-mêmes dans l’insécurité alimentaire, quand l’éducation et la santé deviennent des biens de luxe, cela ne traduit pas un échec du marché, mais un échec de société. Pour que l’économie congolaise devienne un instrument de libération et non d’asservissement, il faut la repenser autour de trois principes fondamentaux :

  • La valorisation du travail humain : Aucun développement durable ne peut reposer sur la spéculation et la rente. Le travail doit redevenir la source première de dignité et de richesse. Cela exige une véritable politique industrielle, un soutien à l’agriculture, et un encadrement des jeunes entrepreneurs.
  • L’investissement dans le capital humain : L’éducation, la santé, et la formation ne sont pas des dépenses sociales, mais des investissements économiques. Chaque enfant scolarisé, chaque femme formée, chaque jeune qualifié est une ressource plus précieuse que n’importe quelle mine. Or, en RDC, moins de la moitié des enfants terminent le cycle primaire, et des millions d’adultes n’ont jamais connu l’école. Cette fracture éducative est le plus grand frein à la prospérité nationale.
  • La cohésion sociale comme moteur de productivité : Une société divisée ne produit pas, elle survit. Les inégalités ethniques, provinciales et sociales minent la confiance et détruisent la coopération. Le développement économique doit donc aller de pair avec une politique de justice sociale avec un accès équitable aux opportunités, sécurité sociale minimale, et participation communautaire à la décision publique.

Mais ces réformes économiques ne réussiront que si elles s’accompagnent d’un changement de mentalité. Il faut rompre avec la culture de la dépendance — envers l’État, envers les bailleurs, envers la providence — pour redécouvrir la culture de la responsabilité. Le développement n’est pas une faveur que l’on reçoit, mais une œuvre que l’on construit ensemble.

La société congolaise doit se réapproprier sa propre économie, non pas par des slogans nationalistes, mais par la reconstruction de circuits économiques de proximité :

  • Valoriser la production locale,
  • Soutenir les coopératives et les PME,
  • Encourager la consommation de produits nationaux,
  • Relier la ville et la campagne par des infrastructures dignes du XXIᵉ siècle.

Car la vraie modernité ne se mesure pas au nombre d’investisseurs étrangers, mais à la capacité d’un peuple à créer, à transformer et à partager sa richesse.

Enfin, le développement économique doit être socialement enraciné. Une économie qui ne réduit pas les inégalités, qui laisse les jeunes sans avenir et les femmes sans voix, n’est pas une économie vivante — c’est une machine froide. La RDC ne peut espérer la paix tant que la misère demeure un horizon collectif. La stabilité ne se décrète pas, elle se construit sur la justice et la prospérité partagée.

Le défi est immense, mais l’espoir demeure : le Congo a tout pour réussir — les terres, l’eau, la jeunesse, la foi, la créativité. Il ne manque qu’une chose : une volonté commune de transformer ces potentialités en bien-être réel, de faire de la richesse un bien commun plutôt qu’un privilège. C’est cette volonté — à la fois politique, morale et sociale — qui déterminera si, d’ici 2030, la RDC restera symbole de pauvreté ou deviendra enfin le cœur battant de la renaissance africaine.

  1. Un appel à l’action collective

Le diagnostic est clair, la situation est alarmante, mais l’avenir n’est pas écrit d’avance. L’histoire n’est jamais figée : elle appartient à ceux qui ont le courage de la réinventer. La République démocratique du Congo, malgré la profondeur de ses blessures, garde en elle la promesse d’une renaissance. Rien n’est perdu tant que demeure la volonté de se relever, car un peuple n’est véritablement vaincu que lorsqu’il renonce à espérer et à agir.

Pour inverser la tendance, le Congo doit mobiliser toutes ses forces vives, visibles et invisibles — celles du pouvoir et celles du peuple, celles de l’esprit et celles du travail. Il ne s’agit plus d’attendre un sauveur providentiel, mais de bâtir une alliance nationale entre conscience, responsabilité et vision.

La première force à réveiller est la volonté politique du sommet, mais une volonté politique transfigurée, éclairée par la morale et animée par la vision. Le leadership dont le Congo a besoin n’est pas celui qui gouverne par la peur, mais celui qui inspire par l’exemple. Un leadership qui comprend que le pouvoir est un ministère, non une conquête ; un service rendu à la nation et non une rente à défendre. C’est à cette hauteur d’âme que se mesurent les grands dirigeants : non à la durée de leur mandat, mais à la trace qu’ils laissent dans le cœur de leur peuple.

La deuxième force, peut-être la plus décisive, réside dans la résilience des communautés locales. Car le Congo profond, celui des villages, des quartiers, des églises, des associations, porte en lui une vitalité extraordinaire. C’est là que naissent les vraies innovations sociales : l’entraide, la solidarité, l’agriculture communautaire, les initiatives citoyennes qui, sans bruit, réparent ce que l’État a abandonné. Ces communautés, bien que marginalisées, représentent la véritable énergie du pays. Elles rappellent que le développement ne descend pas toujours du sommet ; il peut jaillir de la base, de la conviction que chaque geste compte, que chaque vie peut servir de levier pour le bien commun.

Mais cette mobilisation doit s’élargir. Elle doit inclure la jeunesse, qui n’attend qu’une occasion pour transformer sa colère en créativité ; les femmes, gardiennes silencieuses de la dignité collective ; les intellectuels et les artistes, capables de redonner au pays un langage de vérité et de beauté ; et la diaspora congolaise, dépositaire d’une compétence et d’une expérience indispensables à la reconstruction nationale.

La lutte contre la pauvreté ne se gagnera donc pas dans les bureaux des institutions internationales, mais dans le cœur des Congolais, unis par une même conviction : celle que la dignité ne se mendie pas, elle se construit. Le Congo n’a pas besoin d’un miracle, il a besoin d’un sursaut. Un sursaut moral, spirituel et collectif, capable de rallumer la flamme de l’espérance et de transformer la douleur en énergie créatrice.

Car au fond, la vraie richesse d’un peuple ne réside ni dans son sol ni dans ses mines, mais dans la conscience de sa valeur. Et quand un peuple redécouvre sa valeur, aucune force ne peut l’empêcher de se relever.

Le cri de la pauvreté congolaise est un appel à la conscience du monde. Mais c’est d’abord un appel au peuple congolais lui-même : le destin d’un pays ne se change pas par le hasard des ressources, mais par la force des valeurs, la vision du bien commun, et la foi en une destinée meilleure.

Si 14 % des pauvres du monde sont aujourd’hui appelés à être congolais, cela signifie que la lutte contre la pauvreté mondiale passera inévitablement par la RDC.
Et si tel est le cas, alors le redressement congolais n’est plus une option nationale : c’est une urgence planétaire.

Dr John M. Ulimwengu (CP)

Chercheur principal au sein de l’Unité des stratégies de développement et gouvernance (IFPRI/USA). Il travaille actuellement sur la cartographie des systèmes alimentaires dans certains pays africains.

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