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Disparité de taux de change : le franc congolais à la merci de l’humeur des cambistes et commerçants

Le fossé entre les chiffres officiels et la réalité économique n’a jamais été aussi criant en République Démocratique du Congo. Alors que la Banque Centrale affiche des taux de change stabilisés, la population, La réalité du taux de change en République Démocratique du Congo semble de plus en plus déconnectée des chiffres officiels.

Alors que la Banque Centrale du Congo (BCC) affichait un taux de référence de 2.507,7213 CDF pour 1USD à la clôture de la journée du vendredi 3 octobre 2025, le citoyen lambda fait face à une anarchie des prix et des taux sur le terrain.

Sur le marché interbancaire, les institutions financières s’écartent déjà du taux de la BCC, chacune appliquant sa propre grille. Mais c’est sur le marché parallèle que la situation devient la plus préoccupante, où le cambiste est devenu le seul maître à bord.

L’expression est sans appel : «C’est à prendre ou à laisser», résumant une absence totale de régulation et une vulnérabilité accrue des consommateurs.

L’ANARCHIE DANS LES COMMERCES

Dans les superettes et autres points de vente, la disparité atteint des sommets alarmants.

Le taux de change appliqué lors des transactions, selon l’opérateur économique, oscille généralement entre 2.700 et 2.800 FC pour un dollar américain, soit une décote significative par rapport au taux officiel.

Toute tentative de comprendre cette majoration est reçue par une réponse sèche qui révèle une profonde méfiance et un manque de confiance dans la stabilité économique : «On sait que la situation peut se renverser du jour au lendemain ». Cette volatilité anticipée est directement répercutée sur le pouvoir d’achat des Congolais.

LA RÉSISTANCE DES PRIX : LE FACTEUR CARBURANTEN QUESTION

Malgré l’observation d’une stabilisation, voire d’une légère baisse, de certains taux de change officiels qui pourraient suggérer un raffermissement du franc congolais (CDF), les prix à la consommation, notamment sur les marchés de Kinshasa, continuent de faire de la résistance.

Un expert du secteur pétrolier interrogé par Econews a souligné le facteur clé qui maintient les prix intérieurs à un niveau élevé : le carburant.

«Nous observons le prix du carburant. Si le prix du carburant à la pompe baisse, ça va entraîner tout le reste. Tant que ça ne bouge pas, il ne faut pas s’attendre à un miracle sur les marchés. Les prix resteront fermes», a-t-il commenté.

Quelles solutions ?

Face à ce constat alarmant, des voix s’élèvent pour réclamer une intervention plus musclée des autorités. «Il ne suffit pas d’afficher des taux sur un site Internet », estime un chef d’entreprise.

« La BCC doit retrouver les moyens de ses ambitions et imposer sa politique monétaire ».

D’autres plaident pour une meilleure communication et une transparence accrue. «Les Congolais ont besoin de comprendre les mécanismes qui régissent leur monnaie », souligne un universitaire. «L’opacité actuelle nourrit la spéculation et l’anarchie », note-t-il.

En attendant, dans les rues de Kinshasa, la loi du plus fort continue de régner. Chaque jour, des milliers de Congolais doivent composer avec cette économie à deux vitesses, où la valeur de leur argent dépend moins des décisions de politique monétaire que de l’humeur du cambiste du quartier.

La stabilisation durable du franc congolais passera nécessairement par la reconquête de cette confiance perdue. Un défi de taille qui nécessitera plus que des chiffres précis sur un site Internet, mais une véritable réconciliation entre la théorie économique et la réalité du terrain.

Econews

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