Du rififi sur le marché des changes : le dollar américain repart à la hausse

L’embellie constatée dès la fin de la semaine dernière sur le marché des changes n’aura finalement pas produit un effet durable. L’appréciation du franc congolais face à la devise américaine montrait déjà des signes d’essoufflement, dès les premières heures de ce jeudi 3 août 2023. Alors qu’il s’échangeait à raison de 2.200 FC à la vente et près de 2.400 FC à l’achat pour un dollar américain, la monnaie nationale a accusé un surprenant recul, perdant d’heure en heure son avantage et terminant la journée autour de 2400 FC le dollar US. Ce vendredi, le sujet sera sûrement en ordre du jour de la réunion du Conseil des ministres, pour autant l’embellie de ces derniers jours n’aura été que de courte durée.
L’appréciation notable de la monnaie nationale avait été attribuée par une certaine opinion à un simple effet artificiel induit par les Jeux de la Francophonie. L’intervention massive de la Banque centrale du Congo sur le marché des changes à hauteur de 150 millions de dollars US pour calmer la surchauffe tend à montrer ses limites, étant entendu que l’autorité monétaire ne serait pas en mesure de soutenir le même effort hebdomadaire.
La mauvaise fortune de la devise nationale vient démentir la teneur du communiqué de l’Inspection générale de finances (IGF) selon lequel la paie imminente des rémunérations des fonctionnaires de l’Etat n’aurait aucune incidence sur le taux de change.

LE FAUX PAS DE L’IGF
«La paie des fonctionnaires de l’Etat du mois de juillet 2023 a connu un retard dû aux opérations de mise à jour du fichier des agents public. Lesdites opérations étant achevées, la paie imminente des fonctionnaires n’aura pas d’incidence sur le taux de change dès lors que les fonctionnaires de l’Etat ne sont pas demandeurs de devises sur le marché des changes. Ils ont, par contre, intérêt à garder leurs rémunérations en FC dont une appréciation progressive s’observe sur le marché des changes depuis la mise en œuvre des mesures d’encadrement prises lors de la réunion extraordinaire de conjoncture économique du 17 juillet 2023 à laquelle avaient été associées l’Inspection générale des finances, la Fédération des entreprises du Congo et l’Association congolaise des banques et présidée par le chef de l’Etat», indiquait Jules Alingete.
Force est de convenir, face aux derniers développements sur le terrain, que l’IGF n’a pas pris la juste mesure des réalités quotidiennes des agents et fonctionnaires du secteur public payés en monnaie nationale, contrairement aux hautes autorités rémunérées en dollar américain.
Comme ces dernières, les fonctionnaires de l’Etat s’acquittent du loyer, des frais de scolarité de leur progéniture, voire des soins médicaux exigés en dollar US. Il va de soi qu’ils recourent systématiquement au marché des changes parallèle, contribuant à la fluctuation baissière d’une monnaie nationale non portée par une production interne et des recettes à l’exportation portées par le seul secteur minier.

La BCC reste confiante, mais…
A la Banque Centrale du Congo, on ne veut pas céder à la panique. On reste donc confiant, rassuré de l’efficacité de la batterie de mesures mises en œuvre de commun accord avec le Gouvernement pour une accalmie sur le marché des changes
Mais, quelle que soit la bonne volonté de la Banque Centrale du Congo, les forces du marché semblent décider autrement.
Avec la paie des fonctionnaires de l’Etat, le dollar US est reparti à la hausse par rapport au franc congolais, poussé par une forte demande de la devise américaine. Avec le vent de la rentrée scolaire, il faut que la chute du franc congolais se poursuive inexorablement. Un phénomène saisonnier qui va compliquer la donne dans la mise en œuvre des mesures urgentes annoncées récemment par le ministre des Finances.
Généralement, à l’approche de la rentrée scolaire, la demande en devises explose pour faire face d’un côté, aux frais scolaires, généralement fixés en dollars américains dans différents établissements scolaires, et de l’autre, s’approvisionner en diverses fournitures scolaires, dont les prix sont tout aussi libellés en devise américaine.
Autant dire qu’on est parti pour une longue période d’incertitudes dans cette dure bataille qui oppose le franc congolais au «roi dollar».

Econews