Echec de l’accord de paix de Luanda ou le piège d’Arusha? (Tribune de Charly Kasongo Mbia)

Dans la région des Grands Lacs, un élan d’espoir avait vu le jour avec le lancement de plusieurs initiatives de paix. Cependant, la province du Nord-Kivu, meurtrie par des décennies de conflits armés, semble s’enfoncer davantage dans la violence, bien loin des espoirs suscités par les conciliabules de Luanda. Depuis lors, des rapports font état d’une recrudescence des affrontements entre les forces loyalistes et les terroristes de la coalition M23-AFC/RDF. Les promesses de stabilisation de la province semblent s’évanouir, mettant à mal les efforts de médiation et de réconciliation. Ce paradoxe soulève des questions profondes sur la dynamique des conflits dans la région. Expert en communication et questions sécuritaires, Charly Kasongo Mbia, tente de pénétrer ce mystère. Tribune.

La paix dans la partie Est de la République Démocratique du Congo est une denrée non seulement difficile à consommer mais introuvable. Malgré les coups des canons des belligérants, aucune partie dans les conflits n’arrive à donner aux paisibles innocents, particulièrement la population de la province du Nord-Kivu, la paix et la sécurité. Il y a lieu de dire que les canons ont montré ses limites et il faut tourner vers les négociations. Cependant, dans la diplomatie pour aller à une négociation, il faut prendre la totalité des données qui fâchent pour une solution durable et également savoir faire des concessions.

Mais comment négocier et avec qui quand on sait que l’architecte, le parrain et le magasinier  du mouvement rebelle M23 c’est le Rwanda où   Paul Kagame son Président, n’a jamais été de bonne foi lorsqu’il est question des négociations de paix.

Raison pour laquelle tous les observateurs avertis en matière des conflits pensent qu’il sera très naïf de la part du gouvernement congolais d’espérer la fin des hostilités à l’Est du pays et le retrait des troupes étrangères du territoire congolais, suite à la signature de l’accord de paix de Luanda.

Déjà, on voit bien que le cessez-le-feu sollicité par le Président Joao Lourenço, le Médiateur, et accepté par les deux Ministres Congolais et Rwandais des Affaires Étrangères, est systématiquement et volontairement violé par le M23 qui se dit ne pas être concerné par les accords de Luanda parce-que non partie prenante alors que tout le sait que le M23 répond aux ordres de Kagame. C’est dire combien le Rwanda ne joue pas franc-jeu. Il ne négocie d’une part la paix continue en même temps la guerre et gagne du terrain.

En effet, pour beaucoup d’analyses, le processus en cours à Luanda pour un accord de paix, rappelle l’accord de paix d’Arucha de 1993 et 1994 conclu entre le Gouvernement Rwandais de l’époque et le Rebelle Kagame, qui a abouti malheureusement à la mort du Président Habyarimana et le génocide des Rwandais.

Avec le recul historique, tous les spécialistes se rendent aujourd’hui bien compte que Paul Kagame est celui qui a foulé au pied ce fameux accord d’Arusha. A bien voir les choses, cet homme est dans la même disposition d’esprit pour rééditer son exploit de triste mémoire, en violant également le probable accord de Luanda.

NE PAS TOMBER DANS LE PIEGE DE KAGAME

Il suffit d’un peu de lucidité de la part des autorités congolaises pour constater que tous les signaux sont là et qui montrent que Kagame va botter en touche l’accord de paix de Luanda.

Tenez !

Primo, malgré plusieurs réunions, Luanda ne donne aucune solution à la guerre.

Secundo, entre la diplomatie et la guerre, le Rwanda opte pour les deux, tandis que la RDC se cramponne sur l’option diplomatique.

C’est pourquoi tous les analystes convergent en proposant à ce que la RDC puisse sauter le piège d’ARUSHA, en refusant de croire aux négociations sans la force des armes. Le gouvernement congolais doit également se rendre compte du fait qu’il est impossible d’avoir le respect du cessez-le-feu sur le terrain, sans l’implication des rebelles du M23. Aujourd’hui, il y a comme données dans ce conflit l’aventurier de guerre et un lobbying international qui pour des raisons économiques, ils déstabilisent une partie de la RDC, il y a aussi les opportunistes de guerre, ceux-là sont des sous-traité par l’aventurier de la guerre et il y a également des frustrés qui ont perdus la caviar et cherchent comment rentrer à la table. Et de l’autre côté, il y a le gouvernement congolais.

Comme la victoire de la guerre à travers les canons n’est pas possible pour le moment, il faut savoir négocier avec les éléments qui composent les données. Parler avec les rebelles ne sera nullement un signe de faiblesse, mais un tact dans la négociation de paix

Charly Kasongo Mbia

Expert en communication et questions sécuritaires