Si le Président de la République rassure, chaque fois qu’il en a l’occasion, la tenue irréversible, il sait que la communauté internationale qui a été d’un grand apport dans l’alternance démocratique de janvier 2019 ne lui fera pas de cadeaux. De Washington jusqu’à Bruxelles, en passant par Paris, tous lui rappellent de la tenue des élections générales à l’échéance.
A New-York, en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, le secrétaire d’Etat américain, Anthony Blinken, le lui a rappelé dans des termes clairs, avant que Mike Hammer, ambassadeur des Etats-Unis en RDC, amplifie le même discours à partir de Kinshasa. Une façon de se rassurer que le message est réellement bien passé.
Dans les rangs de la communauté internationale, le discours est à l’intransigeance face à Félix-Antoine Tshisekedi dans l’organisation des élections générales à l’échéance 2023.
Sortant des réserves diplomatiques, l’Occident ne laisse aucune possibilité au Chef de l’Etat de négocier l’échéance de 2023 pour l’organisation des scrutins.
A Bruxelles, capitale de l’Union européenne, le langage est sans équivoque : les élections en RDC doivent se tenir dans le délai prévu dans la Constitution de la République Démocratique du Congo.
Bruxelles, capitale de l’ancien pays colonisateur, le ton est le même, Tshisekedi doit organiser de bonnes élections différentes de celles de 2018, entend-on là aussi de manière sans équivoque.
Pour la Belgique, explicite, le glissement du calendrier électoral ne sera pas accepté. La déclaration la plus surprenante vient de l’ambassadeur américain Mike Hammer. Dans une déclaration, il a appelé à l’organisation des élections à l’échéance 2023.
« La position des Etats-Unis est claire, on veut des élections en 2023 », a déclaré à haute et intelligible voix le diplomate américain à Kinshasa.
Lorsque ce soutien au Président de la République et à son régime se font entendre en prenant l’allure d’un ultimatum, il y a de quoi conclure à un consensus de l’Occident et par voie de conséquence de communauté internationale sur l’obligationde tenir les élections à ce délai de décembre 2023.
A Kinshasa, le principe de l’organisation des élections dans le délai était à maintes reprises rappelé par le président Tshisekedi lorsqu’il en avait l’occasion. Même ses lieutenants de l’UDPS, Jean-Marc Kabund-a-Kabund et Augustin Kabuya, respectivement président a.i. et secrétaire général, n’ont cessé d’insister sur la tenue des élections générales en 2023, ajoutant qu’ils gagneront les élections à tous les niveaux.
Une pression précoce
Cette pression sur le Président Tshisekedi a débuté après sa déclaration sur son intention de rempiler en 2023 pour un second mandat. Dans un souci de taquiner les Kabilistes, les partisans du Chef de l’Etat ont répété à l’envie qu’en cas de non organisation des élections en 2023, le Président de la République en fonction reste en place jusqu’à l’élection de son successeur. Une jurisprudence de la Cour constitutionnelle qui a été profité à Joseph Kabila, après les scrutins ratés de 2016.
Rien qu’en s’appuyant sur cet arrêt de la haute Cour, Kabila s’est adjugé d’un glissement de deux ans, avant les élections de décembre 2018. Tshisekedi ne se gênerait donc pas de passer par la même voie.
En face, cela a réveillé l’attention des observateurs neutres. Tous voient le Président-candidat fomenter des coups tordus pour se maintenir.
Il a beau se tenir loin – en apparence, clame l’opposition – du processus de désignation du président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), tous voient qu’il contrôle le processus en voulant imposer un candidat de son obédience. Ayant réussi à se doter d’une Cour constitutionnelle à son image, il ne lui resterait plus que la CENI pour tenir les deux bouts du jeu électoral congolais.
Hugo Tamusa