Inspecteur général des finances – chef de service de l’Inspection générale des finances, service rattaché à la présidence de la République, Jules Alingete Key, est dans le viseur de l’ODEP (Observatoire pour la dépense publique) qui continue à le considérer comme un « propagandiste politique » qui ne cache pas ses liens étroits avec sa tutelle. Pour le professeur Florimond Muteba, coordonnateur de l’ODEP, Jules Alingete ne fait pas preuve d’impartialité. En prenant publiquement la défense de la Présidence de la République l’ODEP note que Jules Alingete plonge le pays dans « l’indiscipline budgétaire ».
Service public rattaché à la Présidence de la République, l’Inspection générale des finances se sent totalement liée à sa tutelle. Dans ses nombreuses prises de position, son patron, Jules Alingete Key, ne s’en cache pas. Ce qui irrite terriblement l’Observatoire de la dépense publique (ODEP) qui n’hésite pas à remettre en cause l’impartialité de l’IGF.
Le patron de l’IGF serait-il finalement un «propagandiste politique» au service de la Présidence de la République ? L’ODEP y croit fermement.
En effet, l’ODEP continue de fustiger les propos de Jules Alingete qui a rejeté les allégations selon lesquelles les dépassements budgétaires régulièrement enregistrés à la Présidence de la République serait un détournement ou un acte de mauvaise gestion.
Pour le coordonnateur de l’ODEP, Florimond Muteba, cité par le site d’infos en ligne actualite.cd, le chef de service de l’IGF est devenu le chantre et l’apôtre de l’indiscipline budgétaire. Il continue de rappeler que le dépassement budgétaire est une faute grave de gestion.
«J’ai le regret que l’Inspecteur général de l’IGF est devenu le chantre et l’apôtre de l’indiscipline budgétaire ou mauvaise gouvernance et non de l’orthodoxie dans la gestion des finances de l’Etat. En justifiant les dépassements budgétaires à la Présidence de la République, Jules Alingete plonge le pays dans l’indiscipline budgétaire. Il plonge les gouverneurs de province, les ministres, les PDG des entreprises, les recteurs des Universités, les gestionnaires des institutions publiques, tous, dans les dépassements et l’indiscipline budgétaire. Au lieu d’être l’apôtre de l’orthodoxie. Étant le plus haut fonctionnaire de cette deuxième institution supérieure des contrôles, comment pourra-t-il contrôler la Présidence qu’il est en train de défendre à grands cris. C’est dommage que l’inspecteur Jules Alingete tiennent de tels propos», a-t-il dit, répondant aux questions d’actualite.cd.
Florimond Muteba précise que le dépassement budgétaire est condamné par la loi de Finances Publiques (LOFIP). Il explique également de façon laconique, ce qu’il faut savoir sur le dépassement budgétaire.
«Les dépassements budgétaires, c’est lorsqu’on vous donne un crédit légalement par le budget ou la loi votée par le parlement mais vous préférez aller au-delà de ce crédit en violation de la LOFIP (Loi de finances publiques) qui parle de la limitation des crédit budgétaires et qui les considère comme des fautes de gestion. Et pour lesquels, il n’y a pas lieu de trouver des exceptions car il s’agit des fautes graves de gestion », a fait remarquer Muteba.
Le coordonnateur de l’ODEP a dressé une liste de 12 observations se rapportant aux dépassements budgétaires et qui en fait, selon lui, une faute de gestion dans les finances publiques.
Il s’agit de : «1. La non crédibilité du budget. Quand comme en 2020 on prévoit un budget de 11 milliards de dollars US et qu’on ne mobilise que 3,7 milliards, les plus puissants chercheront à consommer des crédits initiaux mal évalués et les secteurs pro-pauvres vont être sacrifiés; 2. L’indiscipline budgétaire ; 3. Le non-respect de la procédure de décaissement des fonds selon la chaîne de la dépense; 4. Le dépassement des allocations budgétaires des institutions et ministères de souveraineté au détriment des ministères à caractère social et économique; 5. Le manque de réalisme du budget oblige le gouvernement à réajuster ses ambitions pour les aligner sur ses capacités réelles de financement afin d’éviter d’affaiblir tout l’ensemble du processus budgétaire ; 6. Le déficit du suivi et de contrôle par le parlement, l’IGF, et la Cour des Comptes dans l’exécution du budget; 7. Le manque de poursuites pour sanctionner des personnes impliquées dans le non-respect des procédures ; 8. Plus des moyens pour les institutions et très peu pour les secteurs pro-pauvres; 9. La non prise en compte du principe sacré de la justice distributive ; 10. L’impossibilité de mettre en œuvre les belles orientations du plan national stratégique de développement ; 11. La non prise en compte des recommandations de la Société civile pour améliorer la gouvernance budgétaire ; 12. Le dépassement budgétaire est un indice de probable vol de fonds publics et de corruption.»
Les voyages du Chef de l’Etat rapportent plus au pays
Dans une prise de position publique, Jules Alingete a également pris la défense du Chef de l’Etat dont les voyages à l’étranger, selon lui, ont rapporté plus au pays.
Alors que certains dénoncent des dépenses de voyage qui dépasseraient déjà 100 millions USD, Jules Alingete a fait observer que ces dépenses se situeraient en déca de 50 millions USD.
«C’est nous qui connaissons les chiffres. On est à moins de 50 millions USD. Qu’on ne vous trompe pas. On est juste en train d’intoxiquer la population. Moi, j’ai le monitoring du compte général du Trésor. Impossible ! On ne peut pas aller au-delà de 50 millions USD. En plus, ces déplacements du Chef de l’Etat ont créé la notoriété et la crédibilité de notre pays auprès des institutions financières internationales », a indiqué le patron de l’IGF.
Dans l’opinion publique, on continue à croire, à l’instar de l’ODEP, que le patron de l’IGF se montre trop tolérant lorsqu’il s’agit de la Présidence de la République, sa tutelle.
Econews avec actualite.cd