Enième provocation du général Muhoozi, fils de Museveni : Kinshasa menace de «reconsidérer» ses relations avec Kampala

Les provocations répétées du général ougandais Muhoozi Kainerugaba, chef d’état-major de l’armée ougandaise et fils du président Yoweri Museveni, commencent à exaspérer Kinshasa. Lors d’un briefing tenu jeudi, le Gouvernement de la République Démocratique du Congo a adressé un avertissement ferme à Kampala, laissant entendre une possible reconsidération des relations bilatérales si les règles de coopération régionale ne sont pas clarifiées. Mme Thérèse Kayikwamba Wagner, ministre d’État en charge des Affaires étrangères, accompagnée du ministre de la Communication et des Médias Patrick Muyaya Katembwe et du général-Major Sylvain Ekenge Bomusa Efomi, porte-parole des FARDC, a exprimé l’agacement croissant de Kinshasa face aux agissements du général Muhoozi. Cet avertissement marque un durcissement du ton de Kinshasa envers Kampala, jusqu’ici partenaire stratégique dans certaines opérations militaires contre les groupes armés dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC).

La RDC a fermement dénoncé les récentes déclarations du général ougandais Muhoozi Kainerugaba, qualifiées d’« inconsidérées » et de «préjudiciables » aux efforts de paix dans la région. La cheffe de la diplomatie congolaise, Thérèse Kayikwamba Wagner, sans détour, a adressé un message clair à l’Ouganda : «Ces propos, s’ils ne sont pas clarifiés officiellement par Kampala, pourraient conduire Kinshasa à reconsidérer ses relations diplomatiques avec l’Ouganda.» Et d’ajouter, «Ces déclarations minent les efforts de paix dans la région. Si elles persistent et ne font pas l’objet d’une désapprobation publique, nous n’hésiterons pas à tirer les conséquences nécessaires sur notre partenariat », a lancé la ministre d’État, soulignant également le manque d’engagement ougandais dans le cadre du processus de Nairobi, censé promouvoir la paix et la stabilité.

Kinshasa, engagée dans la pacification de sa partie orientale, insiste sur une coopération régionale fondée sur la confiance mutuelle et le respect des engagements internationaux.

« Nous voulons la paix, mais cette paix ne sera possible que si nos voisins s’engagent sincèrement à respecter leurs obligations internationales et cessent de jouer un double jeu », a martelé Patrick Muyaya, porte-parole du Gouvernement.

DETERMINATION DANS LES RANGS DES FARDC

Sur le plan militaire, le général-Major Sylvain Ekengé Bomusa Efomi a annoncé des victoires significatives des Forces Armées de la RDC (FARDC). « Nos forces ont repris le con trôle deNgungu, Masisi et d’autres localités stratégiques. Nous restons déterminés à défendre chaque centimètre carré de notre territoire », a-t-il déclaré, réaffirmant la détermination des FARDC à restaurer la sécurité dans l’Est du pays.

«Trente ans d’agression, ça suffit ! Les FARDC s’engagent avec tous les moyens pour mettre un terme à cette agression qui dure depuis trois décennies. Le peuple congolais peut compter sur une armée plus déterminée que jamais », a assuré le général-major Sylvain Ekenge. Avant d’apaiser l’opinion publique sur la montée en puissance des FARDC : « L’ennemi a connu d’énormes pertes en matériels, en biens. Nous rassurons le peuple congolais de la détermination sans faille des FARDC. Nous allons chasser de notre territoire les terroristes. Nous allons gagner cette guerre parce que cette partie nous appartient ».

Dans les rangs des hommes des troupes, la détermination est bien réelle, a indiqué le porte-parole des FARDC : « Nous sommes déterminés à récupérer tous les territoires occupés par les éléments M23.Avec l’accompagnement de tout le peuple congolais, nous arriverons à cette fin… ».

Et de conclure d’un ton martial : « C’est notre commandant suprême (Ndlr : Président Félix Tshisekedi), qui va mettre fin à la carrière terroriste de Paul Kagame ».

AUCUNE CONCESSION FACE AU M23

Sur la question du Rwanda, Kinshasa reste intransigeant. Le briefing a réitéré le refus catégorique de la RDC de dialoguer avec les terroristes du M23, que le gouvernement considère comme une façade pour les ambitions déstabilisatrices de Kigali. « Le Rwanda utilise le M23 pour semer la terreur et la désolation dans l’Est de notre pays.

Nous ne tomberons pas dans le piège d’un dialogue qui légitimerait ces actions criminelles », a dit d’un ton tranchant le porte-parole du Gouvernement.

Cette position s’inscrit dans une stratégie plus large de Kinshasa visant à isoler diplomatiquement Kigali et à mobiliser la communauté internationale contre son soutien présumé au M23.

APPEL A UNE COOPERATION REGIONALE RESPONSABLE

Le briefing de jeudi a également souligné la nécessité pour les pays de la région des Grands Lacs de respecter leurs engagements pour une coopération pacifique.

Kinshasa a appelé les autorités ougandaises et rwandaises à jouer un rôle constructif dans la stabilisation de la région, tout en avertissant que toute action allant à l’encontre de cette dynamique entraînera des révisions stratégiques dans les relations bilatérales.

Pour la RDC, la priorité reste la défense de son intégrité territoriale et la protection de ses populations face à des menaces persistantes. LesFARDC, représentées par le général-Major Ekengé, ont réaffirmé leur détermination à poursuivre les opérations militaires contre les groupes armés, y compris le M23, jusqu’à la restauration complète de la paix.

Ce durcissement de Kinshasa envers Kampala et Kigali illustre une volonté claire de reprendre le contrôle de la situation dans l’Est du pays. Entre avertissements diplomatiques et fermeté militaire, la RDC entend se positionner comme un acteur incontournable dans la région des Grands Lacs, exigeant le respect de sa souveraineté et des engagements régionaux.

Reste à voir si ces avertissements inciteront les voisins de la RDC à adopter une posture plus coopérative, ou si les tensions continueront à s’aggraver, mettant en péril la stabilité de toute la région.

Econews

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