Dans les opérations militaires «ciblées et concertées», lancées par les Forces armées de la RDC et l’armée ougandaise, le Gouvernement congolais a pris le soin d’informer préalablement le Parlement. La main sur le cœur, le porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya, a juré mercredi n’avoir pas dérogé à ce principe.
«Les ADF sont agités», a affirmé mercredi Patrick Muyaya, porte-parole du Gouvernement congolais. Au général-major Richard Kasonga d’ajouter : «Nous sommes en train de vivre les derniers soubresauts d’un ennemi aux abois qui a perdu énormément de terrain depuis la proclamation de l’état de siège. La satisfaction, c’est le fait d’avoir commencé pour aboutir à la paix».
Depuis le mardi 30 novembre 2021, les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) se sont engagées avec les forces spéciales ougandaises face à un ennemi commun : les rebelles ougandais des ADF.
Pour Kinshasa, s’allier à l’armée ougandaise pour lutter contre un même ennemi qui charrie la mort de part et d’autre n’est pas un signe de faiblesse, moins encore une remise en cause de l’état de siège, décrété depuis six mois dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu.
Le ministre de la Communication et Médias inscrit cette stratégie dans un effort sous-régional de ramener le plus rapidement possible la paix dans la partie Est de la RDC. «La mutualisation des forces et des renseignements est le début de la fin de l’aventure des ADF», a dit Patrick Muyaya, mercredi devant la presse.
Après la dernière rencontre du lundi 29 novembre 2021, le porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya Katembwe, et ceux des Forces armées de la RDC et de la Police nationale congolaise, respectivement le général-major Richard Kasonga et le commissaire supérieur principal Pierrot Mwanamputu, sont revenus mercredi devant la presse pour un état des lieux des opérations « ciblées et concertées » menées dans la partie Est de la RDC, avec l’appui des forces spéciales ougandaises.
Non à la manipulation !
Si le Gouvernement congolais essuie des critiques de toutes parts, allant jusqu’à condamner la collaboration militaire qui lie désormais les FARDC à l’armée ougandaise, Patrick Muyaya reste positif. Il prévient : «Il faut faire attention à toute forme de manipulation».
C’est vrai que la RDC et l’Ouganda partagent un «passé douloureux» fait des hauts et des bas. Le porte-parole du Gouvernement reconnaît néanmoins que, face à un ennemi commun, Kinshasa et Kampala ont décidé de «mutualiser» leurs forces pour une paix durable dans la région.
«Notre choix, nous l’assumons pour ramener la paix», dit-il, justifiant la présence, depuis le mardi 30 novembre 2021, des militaires ougandais sur le sol congolais.
En s’alliant à l’Ouganda, Patrick Muyaya n’y voit aucune marque de trahison, moins encore de compromission. «Il y a de choix à faire et nous avons fait le choix d’avancer pour que ce pays soit en paix».
C’était aussi l’occasion pour le porte-parole du Gouvernement de lancer un appel à l’unité à tous ceux qui tiennent au retour rapide de la paix dans cette partie de la RDC. «A ceux qui tiennent à l’avenir de ce pays, ils ont le choix de nous soutenir », a-t-il indiqué.
Quant à la polémique à laquelle se livre l’opinion publique, Patrick Muyaya y voit, une fois de plus, un bel indice de mauvaise foi des ennemis de la paix.
Sur un ton ironique, il n’a pas épargné cette catégorie de sceptiques : «On ne peut pas compter sur la bonne foi des personnes de mauvaise foi. Quant à nous, comme Gouvernement, nous faisons notre devoir».
Les opérations «ciblées et concertées» menées conjointement avec l’Ouganda sont-elles limitées dans le temps ? Secret défense oblige, le porte-parole des FARDC a évité de s’étendre sur cette question. Il est cependant convaincu d’une chose : «Nous sommes en train de vivre les derniers soubresauts d’un ennemi aux abois. L’effet final reste la paix».
L’ennemi est affaibli
Se dit-il satisfait de la tournure des opérations sur le terrain ? Là aussi, le général Richard Kasonga a préféré botter en touche, évitant de révéler ce qui se passe réellement sur le champ opérationnel. «La satisfaction, c’est d’avoir commencé pour aboutir à la paix».
Même le général Kasonga s’est totalement refusé à dévoiler la stratégie mise en œuvre dans la zone opérationnelle du Nord-Kivu, il reste néanmoins confiant. « Une planification militaire est entourée de beaucoup de secret pour maximiser la réussite. Il y a tellement des données variables qu’on ne peut pas tout dire. Laissez les militaires gérer cette situation entre eux», a fait part le porte-parole des FARDC.
Une chose est sûre : le succès sera au rendez-vous au bout de ses opérations concertées, promet le général Kasonga. «L’ennemi ne nous affronte pas, il cherche plutôt des points faibles pour se signaler. Mais, au bout du compte, il sera vaincu».
Econews