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Espoirs déçus et leçons à retenir

Lorsque le Président de la République, Félix Tshisekedi, il mise sur la jeunesse comme fer de lance de son projet politique. Un choix louable, porteur d’espoirs pour une nation en quête de renouveau. Des jeunes ministres sont nommés, dont Constant Mutamba, transfuge de l’opposition républicaine, promu ministre d’Etat de la Justice. Son éloquence et son parcours semblaient incarner une nouvelle génération de dirigeants compétents et intègres.

Pourtant, aujourd’hui, l’affaire du contrat opaque de construction d’une prison à Kisangani éclabousse ce symbole de la jeunesse au pouvoir. Mutamba, qui devait incarner la rupture avec les vieilles pratiques, se retrouve piégé par les mêmes travers qu’il était censé combattre : opacité, contournement des procédures et soupçons de favoritisme.

La tentation est grande de croire que la jeunesse, par sa seule présence, suffira à régénérer la politique. Mais l’âge ne garantit ni la compétence ni l’intégrité. L’exemple de Mutamba est révélateur : une ascension rapide, un talent oratoire indéniable, mais aussi des erreurs qui rappellent que le pouvoir, sans contrôle, corrompt quelle que soit la génération.

Le Président Tshisekedi voulait rompre avec le système en donnant leur chance à de nouvelles figures. Mais a-t-il suffisamment veillé à ce que ces jeunes ministres soient encadrés, formés, et tenus à une exigence de transparence absolue ? Nommer des jeunes ne sert à rien s’ils reproduisent les mêmes schémas clientélistes et opaques que leurs aînés.

Cette affaire est un test pour l’exécutif. Va-t-on assister à une impunité déguisée, sous prétexte de protéger un « jeune espoir » ? Ou le Chef de l’Etat exigera-t-il des comptes, montrant ainsi que les principes valent plus que les loyalismes politiques ?

La crédibilité de la lutte contre la corruption est en jeu. Si un ministre de la Justice peut s’affranchir des règles, quel message envoie-t-on aux autres responsables publics ?

La vraie question n’est pas de savoir s’il faut compter sur la jeunesse, mais quelle jeunesse mérite cette confiance. Celle qui se contente de remplacer les visages sans changer les méthodes ? Ou celle qui, armée de compétences, d’éthique et d’une vision claire, saura transformer les institutions ?

Le cas Mutamba doit servir d’électrochoc. La RDC a besoin d’une jeunesse préparée, responsable, et surtout intègre.

En définitive, ce n’est pas l’âge qui compte, mais les valeurs et la rigueur. Sans cela, même la jeunesse la plus brillante ne sera qu’un leurre de plus dans l’éternel recommencement des déceptions congolaises.

F. Kuediasala