Alors que les négociations avec la République Démocratique du Congo (RDC) semblent dans l’impasse, les États-Unis et le Rwanda unissent leurs forces pour mettre en place une nouvelle chaîne d’approvisionnement en étain. Cette initiative stratégique vise à sécuriser les approvisionnements en minerais essentiels, tout en réduisant la dépendance à l’égard de la RDC, premier producteur mondial. Un partenariat qui pourrait redessiner la géopolitique des ressources minérales en Afrique centrale.
Trinity Metals exploite trois grandes mines d’étain et de tungstène au Rwanda. La société a déjà obtenu, l’an dernier, une subvention du gouvernement américain, qui cherche à contrer la domination chinoise dans le secteur minier africain et à sécuriser ses approvisionnements en minerais critiques.
Trinity Metals, une compagnie minière basée au Rwanda, a signé le mardi 13 mai 2025, une lettre d’intention avec Nathan Trotter, une société américaine spécialisée dans le raffinage et la distribution d’étain, pour l’établissement d’une nouvelle chaîne d’approvisionnement en étain directement du Rwanda vers les Etats-Unis.
« Ce type de projet lié à des minerais critiques soutient la relocalisation industrielle aux Etats-Unis, renforce la sécurité nationale américaine et favorise la prospérité économique », a souligné le Bureau des ressources énergétiques rattaché au département d’État américain dans un message publié sur le réseau social X (ex-Twitter).
Le secrétaire adjoint principal par intérim du Bureau des ressources énergétiques, Kim Harrington, a participé à la cérémonie de signature de la lettre d’intention entre Trinity Metals et Nathan Trotter.
Fondée en 2022, Trinity Metals exploite les deux plus grandes mines d’étain du Rwanda, Rutongo et Musha, ainsi que la mine Nyakabingo, présentée comme la plus grande mine de tungstène d’Afrique.
La compagnie détenue majoritairement par la société Techmet basée à Dublin avait déjà obtenu, en juin 2024, une subvention de 3,86 millions de dollars auprès de l’International Development Finance Corporation (DFC), l’agence gouvernementale américaine de financement du développement, pour financer des projets à impact social et environnemental dans ses mines d’étain et de tungstène.
La lettre d’intention signée entre Trinity Metals et Nathan Trotter fait suite à plusieurs visites effectuées récemment par des responsables américains de haut niveau au Rwanda, dans un contexte d’intérêt croissant pour les ressources naturelles de la région. Une délégation conduite par Ronny Jackson, membre du Congrès américain, a effectué fin mars dernier une visite dans une mine de Trinity Metals, présentée comme le quatrième plus grand gisement de tungstène au monde. Quelques jours plus tard, cette même compagnie a accueilli Massad Boulos, conseiller spécial pour l’Afrique du président américain Donald Trump, venu découvrir ses projets de développement.
Ce rapprochement entre Kigali et Washington intervient alors que le pays des mille collines cherche à diversifier et à augmenter ses exportations de minerais.
Au Rwanda, le secteur minier est un pilier de l’économie avec 1,7 milliard de dollars de revenus en 2024, soit près de 70% des exportations totales du pays qui s’affirme de plus en plus comme un hub pour la production et le traitement des métaux 3T (étain, tungstène, tantale).