Évolution de la conjoncture économique : calme relatif à Kinshasa, exigence des réformes au FMI

Vendredi en Conseil des ministres, la gouverneure de la Banque Centrale du Congo, Malangu Kabedi-Mbuyi, a brossé à l’attention du Gouvernement l’évolution de la situation récente sur le marché des changes et celui des biens et services. Si la BCC reste confiante sur la stabilité relative du cadre macro-économique, elle appelle à la prudence en raison des chocs exogènes qui peuvent inverser la tendance à tout moment. Au même moment, au Fonds monétaire international (FMI), dont les experts viennent de boucler la 2ème revue de l’accord triennal conclu en juillet 2021 avec la RDC, on recommande plutôt à «intensifier les réformes structurelles pour soutenir la reprise ».

Kinshasa peut se félici-ter de maintenir encore le cap. Sur le terrain économique, le calme est bien réel.

Invitée à prendre la parole, vendredi dernier en Conseil des ministres, la gouverneure de la Banque Centrale du Congo (BCC), Malangu Kabedi-Mbuyi, a brossé les faits saillants de la conjoncture économique qui demeure, selon elle, caractérisée par « le maintien de la stabilité du cadre macroéconomique ». A ce propos, elle a indiqué que le rythme de formation des prix demeure «sous contrôle» depuis le début de l’année. A la première semaine de mars 2022, l’évolution de l’indice des prix à la consommation a enregistré un léger accroissement portant le taux cumulé de l’année à 1,01%. A condition inchangée, la BCC s’attend à un taux d’inflation de 5,9% à fin décembre 2022 face à un objectif de 7% à moyen terme.

Une stabilité relative

Sur différents segments du marché des changes, Mme la gouverneure a rendu compte d’une situation «relativement stable» sur les deux segments, consécutivement, pense-t-elle, «à la poursuite de la bonne coordination des politiques macroéconomiques, conjuguée à une conjoncture globalement favorable». En une semaine, le taux de change a connu une appréciation de 0,04% sur le marché officiel et une dépréciation de 0,11% au cours vendeur sur le marché parallèle.

En dépit de la stabilité observée et face à certains risques d’origine interne et externe, la Gouverneure de la Banque Centrale du Congo a appelé, cependant, à la prudence, recommandant «le renforcement de la coordination des actions au niveau des politiques budgétaire et monétaire, la mise en place d’un mécanisme de suivi et de veille pour préparer et mettre en œuvre les mesures de riposte par rapport aux risques identifiés».

Le FMI exige plus de réformes

Si, à Kinshasa, on se félicite du bon comportement des principaux indicateurs conjoncturels, le Fonds monétaire international (FMI), qui n’exclut pas un retournement de la situation à tout moment, exige l’intensification des réformes pour consolider les bases de la reprise. C’est ce que les services du FMI ont noté comme «conclusions préliminaires» au terme de leur visite en RDC consacrée à la deuxième revue de l’accord triennal qui le lie à la RDC depuis le mois de juillet 2021.

Au terme de leur mission, ils ont fait mention d’ «un rebond économique en 2021, avec une croissance estimée à 5,7 %, qui a été soutenu par la reprise des secteurs minier et des services», soulignant que «les risques à la baisse pesant sur les perspectives ont considérablement augmenté sous l’effet des évolutions externes. Cela nécessite le maintien de politiques macroéconomiques prudentes». A cet effet, le FMI a estimé que «l’intensification de la mise en œuvre du programme de réformes des autorités soutiendra la reprise et renforcera la résilience de l’économie».

Les services du FMI achèvent leur visite en République Démocratique du Congo

Une équipe du Fonds monétaire internatio-nal (FMI), dirigée par Mme Mercedes Vera Martin, s’est rendue à Kinshasa du 1er au 7 mars pour discuter des récents développements économiques et financiers, des priorités des politiques économiques et des progrès des réformes structurelles.

À la fin de la visite, Mme Vera-Martin a fait la déclaration suivante : «Des données préliminaires confirment le rebond économique en 2021, avec une croissance du PIB estimée à 5,7 %, soutenue par une reprise des secteurs minier et des services. L’inflation s’élevait à 5,3 % à la fin de 2021. L’inflation devant rester modérée, la Banque centrale du Congo (BCC) a réduit le taux d’intérêt directeur de 100 points de base à la fin de 2021. Des estimations préliminaires suggèrent que le déficit du compte courant s’est réduit à 1 % du PIB en 2021, contre 2,2 % du PIB en 2020, grâce à des exportations minières en hausse. Ces évolutions extérieures favorables et l’allocation générale de DTS fin août ont permis d’augmenter significativement le niveau des réserves internationales brutes. Le solde budgétaire global s’est amélioré en 2021 en raison de la hausse des recettes et d’investissements publics inférieurs aux prévisions.

Les perspectives pour 2022 restent favorables, mais les risques à la baisse qui pèsent sur les perspectives ont fortement augmenté et appellent à accumuler des réserves et à maintenir des politiques macroéconomiques prudentes pour renforcer la résilience aux chocs externes. La hausse des prix mondiaux des denrées alimentaires et de l’énergie en lien avec la crise due au conflit en Ukraine et la volatilité des prix des minéraux présentent des risques pour l’inflation et la croissance. La hausse des prix du pétrole génère d’importantes pressions budgétaires en raison de subventions non ciblées sur les prix des carburants, ce qui réduit l’espace budgétaire pour les dépenses sociales et d’infrastructure nécessaires.

L’équipe du FMI a appelé à la transparence dans la fixation des prix du carburant et à surveiller de près l’impact de la subvention sur le budget. Alors que le budget 2022 prévoit une augmentation des dépenses d’investissement public, financées en partie par l’allocation de DTS, l’équipe continue d’appuyer les efforts des autorités pour renforcer la capacité et la gouvernance des institutions en charge de la mise en œuvre, du suivi et de l’exécution des projets, afin d’assurer une utilisation efficace et transparente de ces fonds.

L’équipe et les autorités ont discuté des possibilités d’intensifier les réformes structurelles pour soutenir la reprise. Une fois approuvées par le Parlement, la nouvelle loi sur les banques commerciales et la loi anti-blanchiment contribueront à renforcer la supervision bancaire. L’amélioration de la gouvernance, en particulier dans la gestion des ressources extractives et des finances publiques, et l’amélioration du climat des affaires soutiendront une croissance tirée par le secteur privé. L’avancement des réformes structurelles augmentera la résilience économique, contribuera à diversifier l’économie et à améliorer le niveau de vie des citoyens congolais.

L’équipe du FMI remercie les autorités pour des discussions ouvertes et constructives lors de cette visite. L’équipe a rencontré le ministre d’Etat et du Budget Aimé Boji, le ministre des Finances Nicolas Kazadi, le gouverneur de la BCC Malangu Kabedi-Mbuyi, d’autres hauts fonctionnaires et des partenaires au développement. L’équipe se réjouit de poursuivre ce dialogue lors de la visite pour la consultation au titre de l’article IV de 2022 et pour la deuxième revue dans le cadre de l’accord FEC, prévue fin avril ».

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