Sept mois après la mise en service des bus à disposition des étudiants des secteurs public et privé agréé de la ville de Kinshasa pour faciliter leur mobilité, quelle est la situation ? Des étudiants se plaignent du retard des bus dans les arrêts de bus, tandis que les gestionnaires jugent le bilan à mi-parcours positifs. Reportage.
Soucieuse de faciliter la mobilité des étudiants des universités et instituts supérieurs des secteurs public et privé agréé de la ville de Kinshasa, le président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, avait procédé le vendredi 24 février 2023, à l’Institut supérieur de commerce (ISC) de Kinshasa, au lancement officiel de la société de transport Trans-Academia. Cette société, qui relève du ministère des Transports, est chargée de gérer les bus affectés au transport des étudiants.
A l’occasion, le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, avait souligné à l’attention des étudiants, l’importance de ces bus qui allaient, désormais, leur facilité la mobilité, tant à l’allée dans leurs établissements respectifs qu’au retour à la maison.
Initiative louable qui avait été applaudie par les bénéficiaires, confrontés aux difficultés de transport. Tous, ou presque, avaient l’espoir que ces bus allaient, désormais, résoudre cet épineux problème, surtout que le transport était, pour eux, un parcours du combattant. Est-ce le cas, sept mois après la mise en service de ces bus ?
Ces bus souffrent, constate-t-on, d’une faible utilisation par un grand nombre d’étudiants. Preuve : ils sillonnent les grandes artères de la ville de Kinshasa presque vide, pendant que les étudiants ne sont pas en vacances. Gestionnaires et étudiants (abonnés) se sont expliqués.
Les étudiants donnent de la voix
Trouvé au quartier 1, dans la commune de N’Djli, attendant un bus, Josué Kasongo, étudiant en science commerciale et financière à l’Institut supérieur de commerce (ISC) de Kinshasa, se lamentait du fait qu’il était à l’arrêt de bus depuis une heure sans que le bus ne se pointe. «J’ai un abonnement mensuel, je n’ai pas suffisamment d’argent pour prendre un bus commis au transport en commun afin d’arriver à temps à l’Institut. D’où je suis obligé d’attendre le bus en question», a-t-il déclaré.
Comme Josué Kasongo, Deborah Mananga, étudiante à l’Institut supérieur pédagogique (ISP) de la Gombe, s’est lamentée sur l’absence de bus. «C’est en ce moment (l’avant-midi) que nous avons vraiment besoin de ce bus. C’est tous les jours que vivons un véritable calvaire. Aucune justification n’est donnée par les gestionnaires des bus à ce sujet. Je les prie de nous avertir à temps au cas où les bus n’était pas disponible pour que nous puissions prendre d’autres dispositions», a-t-elle déclaré.
Un étudiant finaliste du premier cycle à l’Institut facultaire des sciences de l’information et de la communication (IFASIC), habitant la commune de Masina, qui a requis l’anonymat, a, quant à lui, exprimé ses regrets du fait que malgré un abonnement de sept jours, qui lui donne le droit de faire deux courses par jour, il arrive souvent en retard à l’Institut.
Selon lui, cette situation est due au manque de ponctualité des chauffeurs de bus devant l’arrêt de bus. Souvent, a-t-il relevé, ces dernier arrivent à l’arrêt de bus une heure après l’heure convenue. « A l’allure où vont les choses, je risque de ne plus utiliser ce bus », promet-il.
Toujours à Masina, précisément au quartier 1, une étudiante qui avait l’air épuisé, a suggéré aux autorités du ministère des Transports de bien vouloir alléger les conditions d’accès et d’utilisation des bus Trans-Academia pour permettre à tous les étudiants, quelles que soient leurs conditions sociales, d’y accéder facilement.
Selon elle, cela va permettre de conscientiser d’autres étudiants qui traînent les pieds à utiliser ce mode de transport.
Le bilan à mi-parcours positif
Réagissant aux plaintes des étudiants, le chargé de communication et marketing de la société Trans-Academia, Stanis Mukendi, a évoqué plusieurs problèmes que la société a connus lors de son lancement, notamment celui de manque de bases de données dans toutes les universités et tous les instituts supérieurs, les embouteillages et le mauvais état des routes.
Selon lui, la base de données a pour rôle de répertorier tous étudiants afin de les enregistrer dans celle de la société Trans-Acdemia. «Hélas, aucune université et aucun institut supérieur ne possèdent cette base de données », a-t-il déploré.
Il a ajouté que cela a obligé la société à descendre sur terrain pour enregistrer tous les étudiants. Saisissant cette opportunité, elle a fait la sensibilisation auprès des étudiants à l’importance d’utilisation de ces bus.
Malgré diverses difficultés rencontrées au début, le chargé de communication a affirmé que le bilan à mi-parcours de cette société est positif car, a-t-il soutenu, il y a eu des avancées significatives, la société ayant réalisé des prouesses en mettant plus de 16 lignes, avec 82 bus actuellement en circulation pour 50.000 abonnés.
Parlant des perspectives d’avenir de la société, il a révélé que celle-ci compte implémenter ses services dans toutes les provinces. Elle envisage d’accroître le charroi automobile et des lignes pour faciliter la mobilité des étudiants.
Existe-t-il un protocole d’accord entre la société Trans-Academia et le ministère des Transports ? «Non», a rétorqué le chargé de communication, ajoutant que les prix de l’abonnement ont été fixés par la Direction des opérations de la société.
Econews avec Benny Lutaladio