Guerre en Ukraine : les Congolais divisés en trois camps antagoniques

La guerre en Ukraine est diversement interprétée dans l’opinion publique congolaise

Face à la guerre pour l’hégémonie géopolitique mondiale qui oppose, par l’Ukraine interposée, la puissance impérialiste et totalitaire russe aux puissances impérialistes et démocratiques occidentales, les RD-Congolais sont incroyablement divisés en trois camps distincts, séparés et antagoniques : Pro-Russie, pro-Occident et pro-RDC ! Et pourtant, dans cette guerre des monstres les plus froids des monstres et des bourreaux les plus cruels des faibles toujours égocentriques, la place des RD-Congolais n’est ni derrière la Russie, ni derrière l’Occident, mais plutôt aux côtés de leurs compatriotes qui se battent, ici même, pour la survie de leur propres pays.
Au regard de la guerre pour l’hégémonie géopolitique mondiale que se livrent, par le biais de l’Ukraine, la Russie de Vladimir Poutine et l’Occident conduit par les Etats-Unis d’Amérique de Joe Biden, les RD-Congolais sont incroyablement divisés en trois camps distincts, séparés et antagoniques. Certains se réclament être des partisans de la Russie de Vladimir Poutine contre l’Occident. Certains autres se disent défendre l’Occident contre la Russie. Certains autres, enfin, refusant toute sorte de balkanisation de leur pays, se rangent catégoriquement derrière la RD-Congo de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo contre la Russie de Vladimir Poutine et l’Occident de Joe Biden. A travers les lignes qui suivent, nous tentons d’exposer et de décortiquer les arguments que chacun de ces trois camps avance pour justifier sa position.

GUERRE DES BOURREAUX
Cependant, deux observations s’imposent avant d’y arriver. Primo, ce que nous rapportons ici est le fruit, non pas d’une grande enquête sociologique concernant la guerre en Ukraine, mais plutôt des entretiens libres, individuels et collectifs, réalisés avec un certain nombre d’universitaires de divers formations académiques et milieux socio-professionnels de Kinshasa. Et ce, par rapport à la guerre qui sévit dans l’Est de leur propre pays quasi-abandonné par la communauté internationale. Dans ce contexte, il nous est difficile de mesurer le degré exact des sentiments des participants à nos entretiens envers la Russie et l’Occident. Mais, nous dégageons avec aisance, à travers leurs propos, leurs penchants à l’égard de l’une ou de l’autre des deux entités géopolitiques.
Secundo, de l’avis général des experts des sociétés est-européennes post-soviétiques, tels que Hélène Carrère D’Encausse et Gilles Favarel-Garrigues, la guerre en Ukraine n’est pas foncièrement une guerre idéologique opposant la gauche marxiste-léniniste, socialiste, communiste et révolutionnaire à la droite libérale, capitaliste, conservatrice et réactionnaire. Comme ç’était le cas durant la très longue guerre froide de 1945 à 1991. En effet, si l’Occident demeure fondamentalement libéral, capitaliste et démocratique, la Russie de Vladimir Poutine paraît avoir essentiellement rompu avec le marxisme-léninisme, le socialisme et le communisme de l’ère soviétique. Pour preuve, le parti communiste russe d’aujourd’hui, resté essentiellement orthodoxe, est le leader incontesté des farouches oppositions à ce régime foncièrement nationaliste et totalitaire du parti Russie Unie au pouvoir depuis 23 ans. D’ailleurs, ils qualifient généralement ce régime politique de «super-présidentiel», de «démocratie dirigée», de «militocratie libérale» ou d’«autoritarisme bureaucratique.» Ils perçoivent la guerre en Ukraine comme l’expression violente des ambitions illimitées de son instigateur, Vladimir Poutine, l’irrésistible aspirant à l’hégémonie géopolitique mondiale, et de l’orgueil également démesuré des Occidentaux qui croient détenir, pour de bon, l’hégémonie géopolitique sur le monde entier. Il s’agit, en définitive, d’une guerre pour l’hégémonie géopolitique mondiale fondée sur les intérêts particuliers des Russes et des Occidentaux et non des RD-Congolais. Il s’agit donc de la guerre des bourreaux des faibles.
Ces deux importantes remarques soulignées et précisées, revenons maintenant aux trois différents camps hostiles dans lesquels s’inscrivent les RD-Congolais quant à la guerre en Ukraine par rapport à celle de l’Est de leur propre pays.

PARTISANS DE LA RUSSIE
Le premier groupe, le plus bruyant et le plus grouillant de tous, c’est celui des pro-Russie, mieux, des pro-Poutine. Car, il se constitue, en réalité, des fanatiques et autres inconditionnels de Vladimir Poutine qu’ils considèrent comme un héros intraitable. Et ce, pour deux raisons connexes. Primo, le président de la Fédération de Russie se pose en figure de proue de la farouche opposition à la domination unilatérale de l’Occident sur le monde entier et de la soumission à ce monde «pourri, satanique et cupide», selon ses propres mots. Il le démontre en défiant, par la guerre totale et impitoyable qu’il impose à l’Ukraine, les Etats-Unis d’Amérique et ses alliés de l’Union Européenne, les détenteurs exclusifs de l’hégémonie géopolitique mondiale et les soutiens indéfectibles de l’Ukraine contre sa Russie. Secundo, Vladimir Poutine fait rêver à ses partisans, même sans leur avoir dévoilé la procédure à suivre pour y parvenir, l’avènement de l’hégémonie géopolitique mondiale multipolaire, partagée et équilibrée qu’il revendique au nom de tous les opprimés de l’ordre mondial actuel.
Ce groupe est psychiquement conduit, ragaillardi et requinqué par le discours anti-hégémonie géopolitique américaine en particulier et occidentale en général de Vladimir Poutine qu’il prend pour parole d’Evangile. Il perçoit la Russie comme un pays à diplomatie accommodante, douce et coopérative par rapport à celle de l’Occident qu’elle juge offensive, hégémonique et écrasante. Il qualifie l’Occident d’hypocrite, d’injuste, d’ingrat et de méchant à l’égard de la RD-Congo. Il lui reproche particulièrement de laisser, depuis environ trois décennies, certaines de ses puissantes multinationales armer le Rwanda de Paul Kagame afin d’attaquer et d’envahir incessamment et impunément, pour des raisons mercantilistes, la RD-Congo qu’il exploite pourtant depuis 1885. Pire, pendant que l’Occident abandonne l’Est de la RD-Congo au Rwanda de Paul Kagame commandité par certaines de ses puissantes multinationales, il soutient massivement et puissamment, depuis le 24 février 2022, l’Ukraine de Volodymyr Zelensky contre la Russie de Vladimir Poutine.
Face à cette politique absurde de deux poids, deux mesures de l’Occident, ce groupe, viscéralement anti-américain en particulier et anti-occidental en général, prend clairement et nettement position en faveur de la Russie de Vladimir Poutine. Se fondant sur la supériorité supposée de la Russie dans le domaine du nucléaire militaire (elle aurait plus de têtes nucléaires que les Etats-Unis d’Amérique), il pousse l’Etat congolais à s’allier à cette dernière. Et ce, dans l’objectif de libérer l’Est du pays du joug rwandais et, par ricochet, occidental. Il croit foncièrement que la promotion et la défense des intérêts majeurs de la RD-Congo doivent nécessairement passer, aujourd’hui, par l’alliance avec la Russie de Vladimir Poutine. Car, contrairement à l’Occident, la Russie est, selon ce groupe, disposée à accompagner le pays de Félix-Antoine Tshisekedi dans ses efforts pour son développement intégral, intégré et durable.

PARTISANS DE L’OCCIDENT
Le deuxième camp de Congolais, qui intervient dans ce débat sur la guerre en Ukraine, condamne également, avec force, le comportement ambigu et hypocrite de l’Occident envers la RD-Congo quant à la guerre trentenaire dans sa partie Est. Cependant, il croit qu’il est fondamentalement logique, normal et juste que l’Occident assiste massivement et puissamment l’Ukraine dans la guerre injuste et injustifiée que la Russie de Vladimir Poutine, la deuxième puissance militaire mondiale, inflige à son voisin infiniment plus petit et plus faible. Il qualifie l’instigateur de cette guerre, Vladimir Poutine, de fou, de criminel, d’assassin, de dictateur, etc. Il juge la Russie, deuxième puissance mondiale uniquement militaire, mais économiquement et technologiquement arriérée par rapport à l’Occident, incapable d’assister intégralement, sérieusement et profondément la RD-Congo dans son combat pour le développement. Car, la RD-Congo est confrontée, non seulement à la guerre dans sa partie Est, mais aussi et surtout à d’innombrables autres problèmes embrouillés dans tous les secteurs d’activités.
Or, le seul et l’unique bénéfice que la RD-Congo peut tirer de la coopération avec la Russie de Poutine, ce sont des armes, des munitions, des véhicules et des avions de guerre. Et ce, bien sûr, en échange avec des cargaisons et des cargaisons des minerais stratégiques de la RD-Congo. En dehors de ces instruments de guerre russes, la RD-Congo ne peut s’attendre à rien d’autre de plus. Pire, il n’y a aucune garantie que ces instruments de guerre russes feront gagner la RD-Congo contre le Rwanda et l’Occident.
Pour se convaincre de l’infime importance et de l’insignifiante qualité de la coopération avec la Russie, ce deuxième camp, dit pro-Occident, propose que l’on se mette à compter et à comparer, objectivement, ce que les Occidentaux et les Russes ont déjà réalisé en RD-Congo. Il jure qu’on ne trouverait, à travers le pays, aucune petite école, aucun petit hôpital, aucune petite route, aucune petite entreprise, etc., comme résultats de la coopération avec la Russie! Or, malgré sa politique coloniale et néocoloniaste, l’Occident, longtemps représenté par le royaume de Belgique, a montré le chemin du développement à la RD-Congo. Des exemples sont légion. En effet, dès son établissement ici en 1885, il s’est employé à créer ce grand Etat africain, appelé aujourd’hui République Démocratique du Congo, qui n’avait jamais existé avant lui et qui fait la fierté des autochtones.
A part la ville de Gbadolité fondée sous le régime Mobutu, l’Occident a progressivement créé, en 75 ans, toutes les villes et tous les autres centres urbains du pays. Par l’intermédiaire des Eglises Catholique et Protestante qu’il a autorisées à s’implanter ici, il a doté la RD-Congo de l’écrasante majorité de ses institutions d’enseignement et de santé de tous les niveaux. Malgré certains désinvestissements opérés au cours des années 1990, il est demeuré, pendant très longtemps, le premier investisseur étranger de la RD-Congo. En effet, l’écrasante majorité des entreprises de toutes les tailles et de tous les secteurs d’activités qui faisaient travailler les Congolais étaient occidentales. L’écrasante majorité des diverses infrastructures publiques (bâtiments, ponts et chaussées, rails, barrages hydro- électriques, etc.), éparpillées à travers le pays, sont des apports indéniables de l’Occident. Enfin, si l’Occident n’était réellement que « pourri, satanique et cupide et la Russie paradisiaque », comme le prétendent Vladimir Poutine et ses fanatiques d’ici, comment expliquer que des RD-Congolais de toutes les tendances idéologiques, qui s’expatrient particulièrement pour des raisons socio-économiques, ne vont jamais en Russie, mais toujours dans les pays occidentaux : Belgique, Etats-Unis d’Amérique, Canada, Royaume-Uni, France, Allemagne, Suisse, Pays-Bas, Suède, Norvège, Danemark, etc., par exemple? Les RD-Congolais honnêtes, sérieux et responsables ne peuvent pas nier, argue ce groupe, ces nombreuses et différentes évidences à travers le pays. Par conséquent, ils ne peuvent renier l’Occident à cause de l’outrecuidance de certaines de ses multinationales liées à la guerre de l’Est et de son impérialisme qu’ils connaissent…
pourtant mieux que l’impérialisme russe. Au contraire, soutient-il, la présente conjoncture est la mieux indiquée pour le gouvernement de rendre, par une diplomatie pro-active, plus dynamique et plus agissante, l’Occident plus conscient que jamais auparavant de ses responsabilités historiques sur le sort de la RD-Congo et de l’amener à changer positivement de comportement, d’attitudes et de pratiques à son égard.
Visiblement anti-russe, ce camp croit donc en la capacité du très riche Occident, généralement attaché à la démocratie, de se ressaisir, de s’amender et d’apporter encore à la RD-Congo l’assistance dont elle a grandement besoin pour son développement intégral, intégré et durable.

PARTISANS DE LA RDC
Le troisième et dernier camp de Congolais, qui prend part à ce débat, condamne et regrette amèrement, comme les deux premiers, le comportement hypocrite et ambigü de l’Occident vis-à-vis de la RD-Congo durant les trois dernières décennies. Comme le deuxième groupe, il reconnaît et apprécie à leur juste valeur les réalisations de l’Occident en RD-Congo. Cependant, contrairement aux deux premiers camps, il tient à la promotion, à la défense et à la progression ininterrompue d’un développement essentiellement endogène en RD-Congo. Dans cet objectif, il est très sévère à l’égard et de la Russie et de l’Occident et même de la Chine. Considérant l’ensemble de leurs œuvres passées et présentes à travers le monde, il ne fait confiance ni à l’Occident, ni à la Russie, ni même à la Chine quant à la consistance de leur contribution au développement de la RD-Congo. Car, l’Occident et la Russie sont, tous deux, de nature impériale et expansionniste. Ils sont, tous deux, de cyniques monstres froids toujours accrochés à la promotion, à la défense et à l’accroissement ininterrompu de leurs seuls intérêts au détriment de ceux des autres pays, surtout les plus faibles, qu’ils manipulent et exploitent inconsidérément.
Des preuves palpables ? L’Occident a colonisé tous les pays d’Afrique, y compris l’Ethiopie et le Libéria. Il a colonisé tous les pays d’Océanie, d’Amérique latine, des Antilles et des Caraïbes et la majorité des pays d’Asie. Et ce, durant plusieurs siècles ou décennies. Partout, il s’est comporté et se comporte toujours en maître, même après l’accession de ses ex colonies à la souveraineté nationale et internationale. Il domine, exploite et ruine politiquement, économiquement, socialement et culturellement tous ces pays. Actuellement, l’écrasante majorité de ces pays, demeurés généralement pauvres et sous-développés, le boudent. Et ce, en partie, sous l’instigation des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et République Sud-Africaine) qui prônent un nouvel ordre international fondé sur le partenariat et la multipolarité. Mais, l’écrasante majorité de ces pays n’abandonnent généralement pas, pour autant, cet Occident qui les assujettit ! Mais, depuis quelques mois, quelques pays d’Afrique occidentale francophone, en l’occurrence le Mali, le Burkina Faso et le Niger, tentent de s’éloigner et de se séparer de la République de France, leur ancienne puissance coloniale et néocoloniale.
La Russie, qu’elle soit tsariste ou soviétique, a aussi politiquement, économiquement, socialement et culturellement colonisé, dominé, exploité et ruiné tous les pays de l’Europe de l’Est, la quasi-totalité des pays de l’Europe centrale, tous les pays d’Asie centrale (Turkménistan, Kazakhstan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Kirghizistan, Afghanistan, etc.) et un pays d’Asie orientale (Mongolie extérieure). Et ce, pendant des siècles ou des décennies. A ce propos, Mme Salomé Zourabitchvilli, présidente de la République de Géorgie voisine, témoigne sans ambages : « La nature de la Russie est impériale. Il fait plus de deux siècles que les Russes attaquent et occupent tous les pays autour d’eux. » Mais, au bout du compte, aucun de ces pays longtemps soumis à la Russie ou à l’URSS n’a pris de l’envol en matière de développement. Ils croupissent généralement dans la pauvreté, la misère et le sous-développement. Leur seule et unique véritable puissance coloniale et néoloniale, la Russie tsariste d’abord et l’URSS ensuite, désillusionnée par ses propres contradictions internes, s’est finalement désintégrée et a cessé d’exister en décembre 1991. Certains pays voisins, autrefois souverains, indépendants et libres, que la Russie soviétique avait intégrés par la force au sein de l’URSS et transformés en ses républiques fédérées, sont redevenus, depuis décembre 1991 également, des Etats indépendants, souverains et libres. Les ex démocraties populaires, jadis pays satellites de l’URSS enfermés dans un camp retranché du monde, sont aussi redevenues des Etats indépendants, souverains et libres que jamais auparavant.
Dès l’écroulement et la disparition de l’URSS en 1991, et ces anciennes républiques fédérées soviétiques et ces ex. démocraties populaires se sont, dans leur écrasante majorité, désolidarisée de l’impériale, expansionniste et totalitaire Russie de Vladimir Poutine. D’où, la mort subite inévitable du Pacte de Varsovie et du Comecon qui les reliaient entre elles, sous l’égide de Moscou, sur les plans respectivement politico-militaire et économique. D’où, la plupart d’entre elles se sont rapprochées, ont déjà rejoint ou tendent à rejoindre l’Otan et l’Union Européenne. D’où, les guerres que la Russie de Poutine a suscitées et imposées à la Géorgie en 2008 et à l’Ukraine en 2014 et en 2022. D’où, enfin, les menaces qu’elle fait peser sur la plupart de ses anciens vassaux affranchis qu’elle tiendrait à ramener sous son giron.
Sous le couvert de l’URSS, la Russie, la seule et l’unique puissance de ce conglomérat de pays qui se sont finalement avérés tout simplement juxtaposés, avait la main mise sur certains pays d’Afrique, tel que la Guinée Conakry de Sékou Touré ; sur quelques pays d’Amérique latine, des Antilles et des Caraïbes, comme Cuba de Fidel Castro ; et sur d’autres pays d’Asie, aux côtés de la Chine de Mao, à l’instar du Vietnam de Hô Chi Minh et du Cambodge des Kmers Rouges. Mais, aucun de ces divers pays n’est sorti du sous-développement. Au contraire, ils se sont davantage enfoncés dans la pauvreté et la misère.
Selon ce troisième et dernier camp, les grandes puissances mondiales, qu’elles soient de l’Occident ou de l’Orient, sont globalement des oiseaux du même plumage. Rejeter, dans ce contexte, l’Occident en vue d’embrasser précipitamment et aveuglément la Russie de Vladimir Poutine équivaudrait à déshabiller Saint Pierre pour habiller Saint Paul. Car, Saint Paul et Saint Pierre sont, tous deux, de la même nature chrétienne. Ils sont, tous deux, des ecclésiastiques adonnés à la propagation et à l’inculturation du christianisme à travers le monde. La Russie et l’Occident sont également, tous deux, de la même nature impériale et expansionniste. Ils sont, tous deux, de cyniques monstres froids toujours enclins à dominer et à exploiter littéralement les autres pays du monde, surtout les plus faibles. Ils ne promeuvent, ne défendent et ne développent sérieusement que leurs seuls intérêts au détriment de ceux des autres avec lesquels ils font semblant de traiter d’égal à égal.
A ce sujet, ce camp pro-congolais exhibe le cas du contrat du siècle que la RD-Congo avait signé, en avril 2008, avec un groupe d’entreprises chinois dans le cadre de la joint-venture Sicomines qu’ils ont montée ensemble. Contrat par lequel les Chinois ont, selon l’Inspection Générale des Finances (IGP), roulé le gouvernement congolais sur tous les plans. En effet, pour réaliser le programme d’infrastructures dont le pays a grandement besoin pour son développement, ce gouvernement avait mis à la disposition de la Sicomines des gisements riches en minerais de cuivre, de cobalt et de lithium évalués à près de 93 milliards USD. Il a ajouté, à ces riches gisements miniers, les exonérations de tous droits de l’Etat estimés à près de 10 milliards USD. Les deux entreprises chinoises n’ont apporté aucun capital frais leur appartenant en propre. Elles ont seulement amené un endettement de 4,4 milliards USD emprunté d’Exim Bank China pour le fonctionnement de la Sicomines.
Incroyable, mais vrai ! Les deux entreprises chinoises ont gagné, à elles seules, 17 milliards, soit les 1,2 milliards USD pour les banques chinoises et à peine 0,8 milliards USD en infrastructures depuis 2008 pour la RD-Congo !
Considérant toutes ces réalités concrètes, ce troisième et dernier groupe de Congolais conclut qu’ il n’y a point, entre l’Occident et la Russie, le moindre mal. Car, ils sont tous habités par le même esprit dominant de mercantilisme. Ils sont tous des capitalistes sauvages, des exploiteurs insoucieux de leurs prétendus partenaires, des expansionnistes autoritaires et des impérialistes sans scrupules. La preuve la plus tangible de leur iniquité incomparable? Aucun pays d’Afrique, aucun pays d’Asie, aucun pays d’Océanie, aucun pays d’Amérique latine, aucun pays des Antilles et des Caraïbes, etc., n’a émergé ou ne s’est développé selon le modèle occidental, grâce à l’Occident. Aucun pays d’Europe centrale, aucun pays d’Europe orientale, aucun pays d’Asie centrale, aucun pays d’Afrique, aucun pays des Amériques, etc., n’a émergé ou ne s’est développé, selon le modèle russe, grâce à la Russie. En effet, les quelques pays qui émergent empruntent leur propre voie.
Par rapport à cette guerre pour l’hégémonie géopolitique mondiale qui oppose, par l’Ukraine interposée, les bourreaux les plus cruels des faibles entre eux, ce troisième et dernier camp, dit pro-RDC, est profondément convaincu que cette guerre n’est pas, dans le fond, la guerre des Congolais. Elle est plutôt la guerre de ces cyniques monstres froids toujours égocentriques, habitués à manipuler, à tromper, à diviser, à exploiter et à écraser les faibles. Ainsi, dans cette guerre-là, la place des RD-Congolais n’est ni derrière l’Occident mené par les Etats-Unis d’Amérique, la superpuissance mondiale, ni dernière la Russie, la deuxième puissance militaire mondiale, ni derrière la Chine, la deuxième puissance économique mondiale, mais bien plutôt aux côtés de leurs concitoyens qui se battent, ici même, pour la survie, l’émergence et le développement intégral, intégré et durable de leur propre pays.

TRILOGIE GAGNANTE
On l’aurait certainement réalisé : Face à la guerre en Ukraine sérieusement prise en mains par les puissances impérialistes et démocratiques occidentales contre la puissance impérialiste et totalitaire russe, un seul et unique point unit les Rd-Congolais : Ils désapprouvent et condamnent, à l’unanimité, l’implication de certaines multinationales occidentales, aux côtés du Rwanda, dans la guerre mercantiliste sévissant dans l’Est de leur pays depuis vingt-cinq ans. Cependant, quant à l’idée de privilégier la coopération soit avec la Russie, soit avec l’Occident dans toutes les questions touchant à la guerre de l’Est et au développement intégral, intégré et durable de leur pays, ils sont fondamentalement divisés en trois camps distincts, séparés et antagoniques difficilement réconciliables!
D’où, si les Rd-Congolais tiennent réellement à mettre fin à la guerre leur imposée par le Rwanda de Paul Kagame armé et soutenu par certaines multinationales occidentales, ils doivent, tout en combattant sans relâche cet ennemi impénitent jusqu’à son dernier retranchement, cesser de perdre du temps dans des querelles improductives. Ils doivent préalablement, dans un premier temps, identifier systématiquement toutes les fameuses multinationales occidentales impliquées dans la guerre de l’Est. Ils doivent impérativement chercher et obtenir, dans un deuxième temps, de négocier d’égal à égal, non pas avec le Rwanda du commissionnaire Paul Kagame et les chefs de ses divers groupes terroristes, mais bien plutôt directement avec leurs commanditaires et sponsors occidentaux, les fameuses multinationales friandes des minerais stratégiques rd-congolais et leurs gouvernements respectifs. Ils doivent trouver avec ceux-ci, dans un troisième et dernier temps, un modus vivendi rationnel, réaliste, opérationnel, juste et profitable à tous.
Si les Congolais veulent vraiment construire en profondeur leur pays, ils ne doivent compter ni sur les Occidentaux seuls, ni sur les Chinois seuls, ni sur les Russes seuls, mais bien plutôt et avant tout sur eux-mêmes. En cherchant et en trouvant, eux-mêmes, les voies et moyens les meilleurs de sortir de leur mauvaise situation devenue chronique. En empruntant leur propre voie, à l’instar de la Corée du Sud, du Brésil, de l’Inde et de la Chine, pour émerger. Ils ont, en effet, tous les atouts, sauf deux : le patriotisme et la volonté de développer, eux-mêmes d’abord et avant tout, leur pays.
En définitive, la solution aux multiples problèmes embrouillés de la RD-Congo ne se trouve ni dans la guerre contre le Rwanda et l’Occident, ni dans l’alliance soit avec la Russie de Vladimir Poutine seule, soit avec la Chine de XI Jinping seule, soit avec l’Occident de Joe Biden seul, ni dans le repli sur soi-même, mais bien plutôt et avant tout dans cette trilogie gagnante : le patriotisme sincère, sérieux, engagé et appliqué de ses propres filles et fils, la volonté réelle et optimale de sa prise en charge effective, profonde et totale par ses propres citoyens et, enfin, la diplomatie et la coopération au développement stratégiquement responsables et rentables avec le reste du monde, dont les incontournables puissances impérialistes mondiales de tous bords. Et ce, dans le cadre du partenariat, au sens plein de ce terme, conduit par des leaders et hauts cadres politiques congolais véritablement imbus de la vertu politique.
MUSENE SANTINI BE-LASAYON (CP)