La pérennisation de l’obligation pour tout voyageur de présenter un test Covid négatif dans tous les aéroports de la RD Congo a fini, à la longue, à prendre des airs d’un racket institutionnalisé. Alors que l’Organisation mondiale de la santé avait déjà rétrogradé la pandémie au rang d’une infection similaire à une grippe saisonnière, amenant les gouvernements du monde à supprimer les mesures contraignantes mises en place dès l’apparition de la pandémie en 2020, les autorités sanitaires congolaises continuaient encore à ponctionner entre 30 et 50 dollars US pour des tests qui n’avaient plus aucune raison d’être.
Aux cris indignés d’une opinion lassée par une pratique qui lui rappelait la grande escroquerie du RAM, cette redevance aux contours flous sur les appareils téléphoniques mobiles qui en deux ans, dit-on, aura rapporté plus de 30 millions de dollars US à une mystérieuse clique protégée en haut lieu, le comité de lutte contre le Covid assurait attendre un décret officiel d’annulation. Parallélisme des formes oblige.
C’est finalement la Régie des voies aériennes qui, dans un simple communiqué du 26 juillet 2023 annonçait la fin de l’obligation de présenter un test Covid négatif, disant se conformer à la décision arrêtée en conseil des ministres le 14 juillet 2023. Reconnaissant enfin «la baisse significative des cas de coronavirus».
Il ne pouvait en être autrement. La levée de l’obligation est curieusement intervenue à deux jours de l’ouverture officielle des 9èmes Jeux de la Francophonie à Kinshasa. De là à associer les deux circonstances, il n’y a qu’un pas franchi d’autant plus allègrement que les organisateurs des Jeux auraient eu du mal à expliquer aux délégations dont les pays avaient tourné depuis belle lurette la page Covid la nécessité d’un test devenu obsolète à travers le monde.
Exit donc le test Covid parti rejoindre dans la corbeille occulte des recettes indues le trésor amassé par l’opération RAM et celles, quotidiennes, des péages routiers à la limite de la légalité.
La disparition des tests Covid ne rend pas les aéroports aussi sains financièrement qu’on pourrait le croire. Les voyageurs sur les vols nationaux et internationaux doivent encore franchir le parcours du combattant matérialisé par une multitude de services avec l’obligation de s’acquitter du fameux Go Pass à double volet : celui de la RVA et … de la ville de Kinshasa.
Et dans ce dernier cas comme pour les premiers, l’interrogation reste la même : à qui profite le crime ?
Econews
