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Forum économique USA-RDC sans réel impact de l’ANAPI : un succès en demi-teinte qui interroge

La récente mission gouvernementale aux États-Unis, menée par la Première ministre Judith Suminwa, a affiché un bilan séduisant : 220 entreprises intéressées et près de 230 millions de dollars US d’investissements potentiels. Cette opération de séduction économique, cependant, cache une anomalie de taille : l’absence remarquée de l’ANAPI, l’agence pourtant censée être le fer de lance de la promotion des investissements. Un absentéisme qui soulève des questions sur l’efficacité et la coordination de la stratégie gouvernementale, et qui révèle la perte d’influence criante d’une institution jadis incontournable sous Anthony Nkinzo, actuel Directeur de cabinet du Chef de l’Etat.

Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC) vient d’achever une vaste et ambitieuse mission économique aux États-Unis, culminant avec la tenue du Forum économique et d’investissements USA – RDC. Sous la houlette de la Première Ministre, Mme Judith Suminwa Tuluka, la délégation congolaise – composée de ministres, de gouverneurs de provinces et de mandataires publics – avait pour objectif de plaider la cause du marché congolais auprès des capitaux américains. Si l’intention et les résultats initiaux sont louables, l’opération est malheureusement ternie par une faille organisationnelle majeure : la marginalisation de l’Agence nationale pour la promotion des investissements (ANAPI).

Un quart de milliard de dollars en vue : les résultats prometteurs

Sur le plan des intentions, le forum a visiblement porté ses fruits. Selon des indiscrétions, pas moins de 220 entreprises et entrepreneurs américains auraient manifesté un intérêt concret pour investir en RDC. L’enveloppe globale de ces intentions d’investissement avoisinerait les 230 millions de dollars USD.

Cette mobilisation témoigne d’une volonté politique forte de la part du Gouvernement de la Première Ministre Suminwa de diversifier les partenariats économiques et de se tourner résolument vers les États-Unis. Il s’agit d’un signal positif envoyé au marché international, illustrant la nouvelle dynamique de l’économie congolaise. Cependant, le succès d’une telle mission ne se mesure pas uniquement aux déclarations d’intention, mais à leur concrétisation future. Et c’est là que l’absence d’un acteur clé interpelle.

L’ANAPI, « porte d’entrée » laissée sur le palier

L’ANAPI est, par décret, l’organisme public chargé de l’accueil, de l’accompagnement et de la formalisation de tout investissement étranger en RDC. Elle est officiellement désignée comme la porte d’entrée institutionnelle des investisseurs dans le pays.

Or, l’ANAPI, et en particulier sa Directrice générale, Mme Rachel Pungu Luamba, était curieusement absente de premières lignes de la délégation aux États-Unis. Cette marginalisation soulève de vives inquiétudes quant à l’efficacité future du suivi de ces intentions d’investissement. Sans l’ANAPI, qui dispose de l’expertise légale et technique pour structurer les projets et faire le lien avec les incitations du Code des Investissements, la concrétisation des 250 millions de dollars pourrait s’avérer complexe.

La question se pose : Comment le Gouvernement peut-il mobiliser des investisseurs sans l’organisme censé les recevoir et les sécuriser sur place ?

Le poids du leadership : l’ombre d’Anthony Nkinzo

Cette situation de retrait contraste fortement avec l’ère précédente. Sous la direction d’Anthony Nkinzo Kamole – actuel Directeur de cabinet du Chef de l’État –, l’ANAPI était parvenue à s’imposer comme un acteur central et indispensable de la diplomatie économique congolaise. Son rôle proéminent dans la promotion et l’attractivité des investissements était tel que M. Nkinzo a réussi à instaurer un véritable leadership qui lui a sans doute valu son ascension à la Présidence.

Le contraste est frappant, et la question du leadership actuel de l’Agence est inévitablement posée. Le manque de visibilité de l’ANAPI suggère une possible perte d’aura et d’influence de l’institution dans la sphère décisionnelle au sommet de l’État.

Pour que les 220 entreprises américaines ne restent pas qu’une statistique et que les 250 millions de dollars ne s’envolent pas, l’ANAPI doit retrouver sa place légitime. Il est impératif que Mme la DG Rachel Pungu Luamba se ressaisisse et s’emploie à redonner à l’Agence son rôle pivot d’accueil et d’accompagnement. Car en matière d’attraction d’investissements, l’efficacité repose sur la continuité et la légitimité des acteurs en charge de leur concrétisation. L’ANAPI est l’âme du processus d’investissement congolais ; il est temps de la réveiller.

Econews

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