Désormais nommé à Matignon, Michel Barnier doit former un gouvernement en tenant compte des différentes forces politiques à l’Assemblée. Un casse-tête.
Tout juste nommé à Matignon, Michel Barnier sait que le plus dur l’attend : composer un gouvernement qui démontre sa capacité à rassembler et lui permette ainsi d’échapper à une motion de censure. Mais comment trouver les bons équilibres alors que le Nouveau front populaire – l’alliance de gauche – est vent debout contre sa nomination ? Comment convaincre alors que le climat politique a rarement été aussi instable ?
BARNIER, FIN NEGOCIATEUR
A peine nommé, Michel Barnier a multiplié les appels téléphoniques et les consultations. Son prédécesseur et président du groupe macroniste Ensemble, Gabriel Attal, a été reçu à 9 heures ce vendredi. S’en sont suivis les dirigeants de son propre parti, Les Républicains. L’absence de majorité absolue au parlement rend la tâche particulièrement délicate : jamais le risque d’une motion de censure n’a été aussi palpable.
«Il faut être pragmatique et s’assurer que les forces qui le soutiennent – des LR aux macronistes voire quelques personnalités de gauche – soient représentées », insiste le politologue Stéphane Rozès, président de Cap (Conseils, analyses et perspectives). Mais les uns et les autres imposent leurs conditions : LR conditionne sa participation au programme, Attal indique qu’il n’y aurait pas de «soutien inconditionnel ».
C’est justement parce que l’homme est considéré comme un fin négociateur – c’est lui qui a mené les discussions sur le Brexit pour l’UE – capable de rassembler au-delà de son camp qu’il a été nommé par Emmanuel Macron. «C’est une personnalité politique qui a une image gaulliste et européenne dans laquelle peuvent se retrouver un certain nombre de personnalités, au-delà de son parti», insiste le politologue.
ET LA GAUCHE DANS TOUT ÇA ?
Dans la matinée, l’entourage du nouveau chef du gouvernement a indiqué que des «personnalités de gauche» avaient été contactées. «On peut tout à fait envisager que des figures de gauche n’appartenant pas au NFP puissent entrer dans un gouvernement Barnier, cela n’a rien de fantaisiste », insiste Stéphane Rozès. Effectivement, derrière les réactions unanimes des membres du Nouveau front populaire, des voix dissonantes s’élèvent, notamment au parti socialiste.
Le cas Bernard Cazeneuve – pressenti pour Matignon mais rejeté par NFP – a laissé des traces. Karim Bouamrane, maire PS de Saint-Ouen, qui fut également évoqué pour le poste, a fustigé sur BFM, «l’intransigeance d’une partie des responsables du NFP». Même «profonde colère» du côté d’Anne Hidalgo qui estime que son parti n’a «pas été au rendez-vous». «Je connais bien Michel Barnier, il a été de très bon conseil depuis la candidature de Paris aux Jeux olympiques et paralympiques de 2024 », a-t-elle assuré.
Autant de déclarations qui affaiblissent les propos d’Olivier Faure : ce vendredi matin, il a assuré sur France Inter «qu’aucune personnalité du PS» ne rentrerait dans le gouvernement de Michel Barnier… éludant toutefois la question de savoir si une participation pourrait engendrer une éviction du parti.
QUID DES MEMBRES DU GOUVERNEMENT ?
On prend les mêmes et on recommence ? Avant même la nomination de Michel Barnier, certains ministres ont fait part de leur souhait de rester à leur poste. «Je considère que si on peut être utile à la France, je ne vais quand même pas dire non », a déclaré le 28 août sur France Inter, la ministre de la Culture, Rachida Dati. «Je ne ressens pas un statut démissionnaire vu que nous avons vocation à garder le pouvoir», a affirmé le même jour, sur LCI, Amélie Oudéa-Castéra. Nicole Belloubet (Education) et Frédéric Valletoux (Santé) ont également manifesté leur envie de garder leur portefeuille. Lors de son investiture, Michel Barnier a toutefois promis «des changements et des ruptures».
Quid, également de Gabriel Attal ? «Jean-Marc Ayrault a été ministre des Affaires étrangères après avoir été Premier ministre», rappelle Stéphane Rozès.
Avec 20minutes.fr