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Géopolitique mondiale : analyse stratégique sur la guerre Iran – Israël (Tribune de Didier Bokungu N.)

Malgré son alignement sur la Chine et la Russie, l’Iran est tout seul. Ses sites nucléaires viennent d’être bombardés par les USA (21/06/2025), qui soutiennent alors Israël ouvertement. De ce qui précède, le choix de la RD CONGO de s’aligner derrière les USA, pourtant soutiens historiques du Rwanda, pour trouver une issue à la guerre qui frappe l’Est du pays depuis presque trois décennies a été une option de plus réaliste que possible.

Cette analyse stratégique est d’actualité et valide les thèses selon lesquelles les États n’ont pas d’amis mais seulement des intérêts. Ou comme disait le Président George WASHINGTON «Pas d’amis permanents, pas d’ennemis permanents mais toujours des intérêts permanents».

Israël et l’Iran s’affrontent depuis plusieurs jours par des frappes aériennes intensives. Aujourd’hui, il y a un paramètre de taille qui vient de changer avec l’entrée en lice des USA pour soutenir ouvertement Israël. Et pourtant, l’Iran est allié stratégique de la Chine et de la Russie, mais silence radio de leur part. Qu’est ce qui expliquerait ce comportement?

POURQUOI LA CHINE ET LA RUSSIE NE SOUTIENNENT-ILS PAS MILITAIREMENT L’IRAN FACE A ISRAËL ET AUX USA ?

Realpolitik stratégique: éviter une confrontation directe avec les États-Unis. La Chine et la Russie évitent toute escalade militaire avec les USA dans une région aussi sensible que le Moyen-Orient. Un appui militaire direct à l’Iran impliquerait une confrontation frontale avec Washington et ses alliés de l’OTAN. Ce qui va à l’encontre de leurs intérêts stratégiques globaux notamment en matière économique (pour la Chine) et en matière de soutien diplomatique (pour la Russie).

Maintien des intérêts économiques d’abord. Pour la Chine, ce qui compte pour le moment c’est le développement des corridors commerciaux globaux (Route de la soie), nécessitant stabilité et accès diplomatique. Tout embrasement serait contre ses intérêts de consolider sa position de première puissance économique mondiale.

Les priorités stratégiques sont ailleurs. La Russie est présentement en guerre en Ukraine, avec des ressources militaires et diplomatiques limitées. Ouvrir un second front serait suicidaire sur le plan logistique. La Chine est concentrée sur la compétition stratégique dans le Pacifique (Cfr Situation Taïwan). Elle ne veut pas compromettre sa montée en puissance à cause des régions périphériques.

Soutien indirect par procuration. Malgré toutes ces réserves, les deux pays soutiennent quand même l’Iran indirectement par les livraisons d’armes et l’appui technologique. Ils misent sur l’usure du système occidental via une guerre hybride prolongée, plutôt qu’un affrontement global.

CHOIX STRATEGIQUE DE LA RDC D’OPTER POUR LES USA DANS LA RESOLUTION DE LA CRISE DE L’EST EST REALISTE

Les USA restent les seuls à pouvoir faire pression sur le Rwanda. Les USA sont historiquement les grands soutiens militaires, politiques et économiques du Rwanda. Il fallait donc défaire le Rwanda à la source pour une solution durable. S’aligner sur d’autres puissances (Chine ou Russie) n’aurait qu’un effet symbolique et peu d’effet sur le terrain.

Alignement avec la puissance militaire dominante du monde. Malgré un monde multipolaire, les USA restent de loin la puissance militaire et diplomatique dominante avec un budget militaire annuel de plus de 800 milliards USD. La RDC maximise ses chances d’obtenir des garanties concrètes (sanctions, pressions diplomatiques, appui militaire ou sécuritaire) en s’alignant sur une puissance capable d’agir directement, même sans appui des autres (y compris le Conseil de sécurité des Nations-Unies).

Réalisme Géopolitique. Comme l’Iran, la RDC aurait pu s’aligner idéologiquement sur des puissances opposées aux USA, mais le résultat pratique aurait été la continuité du soutien au Rwanda et à ses praxies, l’isolement diplomatique de la RDC, des sanctions indirectes et une marginalisation des intérêts congolais à l’ONU.

En optant pour Washington, Kinshasa a neutralisé le soutien de cette dernière à Kigali. La proposition du Deal minier USA/RDC a aussi lourdement pesé sur la balance. Les USA reconnaissent aujourd’hui que le Rwanda a été une puissance régionale inutilement survalorisée par rapport à ses capacités opérationnelles et intrinsèques réelles.

Les USA étant fortement impliqués dans les rapports de force internationaux, la RDC obtient par le soutien de ces derniers une reconnaissance, un accès aux finances mondiales et une possibilité de reprendre son poids politique d’antan dans les rapports régionaux vis-à-vis de ses voisins et des pays comme l’Afrique du Sud ou le Kenya.

CONCLUSION

La situation de l’Iran montre à suffisance que l’idéologie ne suffit pas en Géopolitique et en géoéconomie. La survie et l’influence passent par des alliances stratégiques pragmatiques, souvent avec les puissances plus dominantes.

Avec une pareille puissance, il y a une diplomatie de résultats, capable d’infléchir les dynamiques régionales pour des changements réels de narratif.

Grande leçon à retenir : il faudrait toujours opter pour le tambour dont le son porte loin.

Fait à Norfolk (Virginia, USA), le 22 juin 2025.

Didier BOKUNGU NDJOLI

Consultant stratégique indépendant. Économiste, pilote privé, expert en transports aériens, en intelligence et en guerre économique.