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Gouvernement d’union nationale : Kolongele consulte 

En pleine controverse, le conseiller spécial du Chef de l’État, Kolongele Eberande, lance ce lundi 24 mars 2025 des consultations pour un «Gouvernement d’union nationale» en s’appuyant sur la Constitution de 2006 — un texte qu’il défend désormais comme «suprême», malgré les attaques récentes de son propre camp, l’Union sacrée de la nation, qui l’avait qualifiée de «Constitution des étrangers». Ce « sécurocrate en chef», habituellement discret, a choisi de déléguer à son directeur de cabinet l’annonce de ce virage stratégique, alimentant les interrogations sur ses motivations et les tensions au sein de la majorité présidentielle. 

Alors que s’ouvrent ce lundi 24 mars 2025 les consultations en vue de former un «Gouvernement d’union nationale», le conseiller spécial du Chef de l’État en charge de la sécurité, Kolongele Eberande, place la Constitution de 2006, révisée en 2015, au cœur du processus. Un choix symbolique pour cet homme perçu comme un «sécurocrate en chef», alors que ce même texte a récemment été vilipendé au sein de la majorité présidentielle.

Surnommée il y a peu la «Constitution des étrangers » par certains détracteurs au sein de l’Union sacrée de la nation (USN), la Loi fondamentale de 2006 est aujourd’hui présentée par Kolongele comme la «base intangible » des négociations.

Dans un communiqué relayé par son directeur de cabinet lors d’un bref échange, samedi avec la presse, le conseiller spécial a insisté sur la ligne directrice de ces consultations : «Celles-ci seront fondées sur le respect d’un certain nombre de principes, notamment : la suprématie de la Constitution; l’unité nationale; l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation e l’intégrité du territoire national; la souveraineté nationale; le respect des institutions dûment établies; la gouvernance inclusive et participative ».

Pourtant, cette position contraste avec la campagne menée ces derniers mois par des figures de l’USN, qui réclamaient son abandon pur et simple, l’accusant de favoriser «l’ingérence étrangère» et de fragiliser la souveraineté nationale. Un revirement qui interroge, d’autant que Kolongele lui-même avait évité de s’exprimer publiquement sur le sujet jusqu’ici.

Pense-t-il tendre la main autant au président de la République honoraire Joseph Kabila qu’à la coalition rebelle AFC/M23 ? Le Spécial du Chef de l’Etat n’exclut pas cette hypothèse, pourvu que, précise-t-il, les uns et les autres se soumettent aux principes ci-haut énoncés.

SILENCE MEDIATIQUE ET METHODE OPAQUE

Le «Spécial Kolongele», comme le surnomment certains médias, a choisi de ne pas s’adresser directement à la presse pour le lancement de ces consultations. Son cabinet s’est contenté d’affirmer que le processus serait «inclusif, transparent et conforme à l’esprit de la République», sans préciser les raisons de cette absence.

Selon des sources proches du dossier, cette discrétion pourrait s’expliquer par les tensions persistantes au sein de l’USN, où une frange influente continue de rejeter la Constitution de 2006. «Kolongele joue un équilibriste : il doit rassurer les partenaires internationaux attachés à ce texte tout en apaisant les radicaux de son camp », analyse un diplomate sous couvert d’anonymat.

Les consultations visent officiellement à «réconcilier les factions politiques et sécuriser le pays » face aux défis multiples (conflits armés dans l’Est, crise économique, tensions pré-électorales). Mais le recours à une Constitution aussi clivante pourrait compliquer la tâche.

«Comment bâtir l’unité sur un texte que la majorité présidentielle a tenté de jeter aux gémonies ? », s’interroge un constitutionnaliste contacté par Econews. D’autres observateurs y voient une manœuvre tactique : en invoquant la Constitution, Kolongele obligerait ses détracteurs à se positionner publiquement, soit en l’acceptant, soit en assumant leur contradiction.

ENTRE ESPOIRS ET MEFIANCES

Si les partis politiques d’opposition saluent «l’ouverture» d’un dialogue en vue d’un gouvernement élargi à d’autres forces politiques que celles de l’USN, ils restent sceptiques sur la sincérité du processus. «La Constitution de 2006 garantit des libertés et un équilibre des pouvoirs. Si Kinshasa la respecte enfin, nous serons partenaires. Mais nous surveillerons les actes, pas les mots », prévient un leader de la société civile.

Du côté de l’USN, les réactions sont mitigées. Certains cadres appellent à « faire bloc derrière le Chef de l’État », tandis que d’autres dénoncent en off « une capitulation face aux pressions extérieures ».

C’est dire que les prochains jours diront si le Spécial Kolongele est parvenu à transformer cette consultation en véritable ciment national ou si les vieux démons divisionnaires ont repris le dessus. Une chose est sûre : en réhabilitant une Constitution honnie par son propre camp, le conseiller spécial a déjà marqué un point – ou provoqué une étincelle.

LES ENTITES VISEES PAR LES CONSULTATIONS

Pour rappel, ces consultations politiques vont viser essentiellement quatre catégories d’entités et de personnalités :

1. La majorité parlementaire réunie au sein de l’Union sacrée de la nation.

Celle-ci comprend les regroupements et partis politiques de la majorité ayant adhéré à la vision du Chef de l’Etat à l’issue des élections de décembre 2023.

2. Les partis et regroupements politiques de l’opposition tant parlementaire qu’extraparlementaire.

3. La société civile dans toute sa diversité. Il s’agit principalement, sans que la liste ne soit exhaustive, de toutes les confessions religieuses et autres organisations de la société civile.

4. Les personnalités. Il s’agit des femmes et des hommes qui, en raison de leur expérience et connaissance, de leurs initiatives et actes ont eu à apporter et/ou apportent une contribution significative au rayonnement positif de notre pays. Sont concernés dans cette catégorie notamment : les anciens Présidents des institutions et chefs de corps, les anciens candidats Présidents de la République, les animateurs des entités publiques et privées ou des individus, et plus généralement des femmes et hommes qui se sont distingués positivement dans tel ou tel autre secteur de leurs activités.

Econews

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