Le président russe Vladimir Poutine a estimé jeudi que ses forces avaient avec «succès» pris le contrôle de la ville ukrainienne de Marioupol et a ordonné d’assiéger les derniers combattants ukrainiens plutôt que de leur donner l’assaut.
«La fin du travail de libération de Marioupol, c’est un succès», a lancé Vladimir Poutine à son ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, lors d’une rencontre diffusée jeudi à la télévision. Une annonce qui intervient alors que les derniers combattants ukrainiens de Marioupol refusent de se rendre. La ville stratégique du sud-est de l’Ukraine est assiégée depuis presque deux mois. Ces derniers jours, Moscou a lancé plusieurs ultimatums et s’est montré déterminé à prendre ce port qui lui permettrait de faire la jonction entre la Crimée, qu’elle a annexée en 2014, et les républiques séparatistes prorusses du Donbass.
Le site métallurgique d’Azovstal assiégé
Plusieurs centaines de civils, manquant de vivre et d’eau, sont retranchés dans l’usine sidérurgique et métallurgique d’Azovstal avec le 36e bataillon de l’armée ukrainienne et le bataillon Azov, les deux dernières unités combattantes à Marioupol. Le président russe a signifié vouloir assiéger ces derniers combattants, un assaut étant trop coûteux en vies pour ses troupes, selon lui.
«Je considère que l’assaut proposé de la zone industrielle n’est pas approprié. J’ordonne de l’annuler », a ainsi assuré Vladimir Poutine. «Il faut penser (…) à la vie et à la santé de nos soldats et de nos officiers, il ne faut pas pénétrer dans ces catacombes, et ramper sous terre, a-t-il poursuivi. Bloquez toute cette zone de manière à ce que pas une mouche ne passe ».
Selon le ministre russe de la Défense, le site industriel abriterait 2.000 militaires ukrainiens. Par ailleurs, Vladimir Poutine a une nouvelle fois demandé aux derniers combattants de déposer les armes. En échange, «la partie russe leur garantie la vie sauve et d’être traité avec dignité», a-t-il affirmé.
Plus tôt dans la journée jeudi, Sviatoslav Palamar, commandant adjoint du bataillon ukrainien Azov avait déclaré sur Telegram, être prêt à quitter la ville «avec l’aide d’un tiers», munis d’armes, «afin de sauver les personnes qui nous ont été confiées ».
Il a aussi appelé «le monde civilisé » à assurer des «garanties de sécurité». Il a précisé que les deux bataillons n’acceptaient pas «les conditions de la Fédération de Russie concernant la remise des armes et la capture de nos défenseurs». Un conseiller de la présidence ukrainienne a proposé mercredi soir de tenir «une session spéciale de négociations» pour «sauver» les combattants et les civils.
Quatre bus d’évacuation de civils ont réussi à quitter le port de Marioupol, selon les informations de la vice-première ministre ukranienne Iryna Verechtchouk. Les évacuations, doivent se sont poursuivis jeudi.
Mercredi, le couloir humanitaire, qui avait en principe été négocié n’avait pas fonctionné. Iryna Verechtchouk avait alors reproché aux Russes d’avoir violé le cessez-feu et bloqué les cars. De son côté, Moscou avait accusé « les autorités de Kiev d’avoir cyniquement sabordé cette opération humanitaire ».
Econews avec AFP