A la Cour constitutionnelle, c’est déjà la rentrée judiciaire, organisée samedi au Palais du peuple en présence du Premier ministre, Jean-Michel Lukonde Kyenge. Avec cette rentrée judiciaire, on se prépare aussi au procès en pénal à la Cour constitutionnelle, une première depuis sa création, sur l’affaire Bukanga-Lonzo. Dans le box des accusés, il y a l’ancien Premier ministre, Matata Ponyo Mapon, présenté comme le responsable intellectuel de la débâcle du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo lancé sous son mandat à la Primature. Dans ce procès, Matata ne comparait pas seul. Il sera aux côtés de celui qui fut son ministre délégué aux Finances, Patrice Kitebi Kibol. Dans le camp des accusés, il y aura cependant deux grands absents : la sénatrice Ida Naserwa, ancienne directrice générale du Parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, et Henri Yav Muland, ministre des Finances dans le Gouvernement Matata II. Pourquoi cette omission ? Suspense !
C’est le 25 octobre prochain que le procès Matata, en rapport avec la déroute du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, est fixé devant la Cour constitutionnelle. Pour la Cour constitutionnelle, c’est une première depuis sa création. Un procès en pénal, loin du recours en inconstitutionnalité comme c’est souvent le cas pour toutes les requêtes soumises à son appréciation, ça n’arrive pas tous les jours à la haute Cour.
A la Cour constitutionnelle, on s’y prépare déjà, après la rentrée judiciaire du samedi 16 octobre 2021.
Les deux grands absents
Si l’ancien Premier ministre Matata Ponyo Mapon est le principal accusé dans l’affaire Bukanga-Lonzo, dans le box des accusés, on apprend que Matata ne sera pas seul. A ses côtés, il y a aura Patrice Kitebi Kibol Mvul, ministre délégué aux Finances dans le Gouvernement Matata I, avant qu’il ne soit remplacé par Henri Yav Muland, ministre des Finances dans Matata II.
A Police judiciaire des parquets, qui a instruit cette affaire, on ne s’explique pas cette politique de deux poids, deux mesures. En tout cas, le plus important est que le Procureur général près la Cour constitutionnelle en a décidé ainsi. Contre Patrice Kitebi, qui n’a exécuté que 30% des financements au projet de Bukanga-Lonzo, et Henri Yav qui s’occupait de plus de 70% des fonds décaissés, la Cour constitutionnelle a fait son choix.
Mais, il y a encore une autre énigme. C’est celle de l’absence de la sénatrice Ida Naserwa, directrice générale du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, à l’époque du projet.
Selon des indiscrétions glanées par Econews, suivant des faisceaux d’informations recueillis auprès des inspecteurs en charge de l’enquête sur Bukanga-Lonzo, un montant d’un (1) millions de dollars US, clairement retracés, avait été alloué à la direction générale du parc pour l’achat d’un groupe électrogène et d’équipements électriques pour une fourniture de qualité sur le site. Les mêmes sources renseignent que ces fonds ont été bien réceptionnés par la directrice générale du parc. Mais, aucune trace de ces fonds n’a été retrouvée dans les dépenses liées au parc, indiquent ces sources.
Qu’est-ce qui s’est passé ? En phase de l’instruction, pourquoi le parquet près la Cour constitutionnelle ne s’est jamais intéressé à auditionner la sénatrice, ancienne directrice générale du parc ? Autant de zones d’ombre que le procès du 25 octobre prochain tentera d’élucider.
Pour l’instant, ni la sénatrice Ida, moins encore l’ancien ministre Yav ne seront dans le box des accusés lorsque démarrera le procès Matata. La Cour ne s’est donc limitée qu’à Patrice Kitebi, pour les 30% des fonds affectés à Bukanga-Lonzo avec sa signature.
Quoi qu’il en soit, le procès Matata aura lieu. Ça sera une belle occasion d’établir les responsabilités pour tout ce qui s’est passé autour du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo pour que le projet chavire juste après le départ de Matata de la Primature en novembre 2016. On se rappelle que, selon une enquête indépendante réalisée par quatre journalistes congolais, ces derniers sont arrivés à la conclusion que le projet de Bukanga-Lonzo a été saboté. Par qui ? Pourquoi ? Et comment ? Autant d’interrogations que la Cour constitutionnelle devra éclaircir pour le premier procès en pénal portée devant elle.
Econews